Né le 14 février 1910 à Marseille (Bouches-du-Rhône), exécuté le 1er août 1944 à Sarrians (Vaucluse) ; ouvrier agricole ; communiste ; résistant.

Métis d’origine, Antoine Diouf est né à Marseille dans le quartier de la Corderie. N’ayant jamais connu son père, il fut tôt orphelin de mère. Celle-ci, Catherine Diouf dite Bamby, née à Dakar, lingère, puis sans profession, mourut sans doute en 1913. Dès lors, Antoine Diouf fut confié tantôt à l’Assistance publique, tantôt aux œuvres de l’abbé Fouque. C’est ce dernier qui l’envoya à Lanas (Ardèche) en 1924 auprès de la Protection catholique de l’enfance. Il fut placé par cette institution comme ouvrier agricole d’abord en Isère à la Côte-Saint-André, puis à Sarrians, ensuite à Monteux (Vaucluse). Il fit son service militaire dans le 173e régiment d’Infanterie de Corte (Corse) entre avril 1931 et avril 1932, puis passa quelque temps à Marseille, avant de s’embaucher comme ouvrier agricole à La Bastide d’Engras dans le Gard, en octobre 1932. Il fut ensuite aide-infirmier à l’hôpital d’Uzès, fit une période militaire au 27e régiment de tirailleurs algériens à Avignon (Vaucluse) en juillet-août 1934, travailla à nouveau dans l’agriculture à Vinezac (Ardèche) et arriva à Sarrians en novembre 1937 où il fut embauché dans une ferme avant de rejoindre celle d’Albin Durand* en 1938. Ayant trouvé là une famille. Antoine Diouf s’intégra dans le village, y jouant au football, en particulier dans l’équipe que Durand avait créée au sein des Sports populaires sarriannais. Surnommé affectueusement Blanchette, apprécié pour son talent de chanteur fantaisiste, il chantait à l’occasion des spectacles donnés dans le département. Mobilisé le 26 août 1939, il fut réformé temporaire, puis affecté au dépôt d’infanterie de Marseille. Démobilisé, il revint à Sarrians à la mi-juillet 1940.
Albin Durand était un militant communiste extrêmement actif depuis la création du parti en 1920. Bien que surveillé et dénoncé par ses adversaires, il participa à la réorganisation clandestine du parti. Antoine Diouf le suivit dans cet engagement. Adhérent de la Jeunesse communiste dès avant la guerre, il adhéra au parti durant la Résistance. Les témoins se souviennent qu’il chantait dans les bals clandestins que la Résistance organisait. Il fut arrêté avec Durand le 1er août 1944 et torturé comme lui par un groupe du Parti populaire français (PPF) – le Groupe d’action pour la justice sociale. Appuyé par des éléments de la Wehrmacht, qui avaient abattu un résistant et un homme qui venait au secours d’un blessé sur la place du village avant d’arrêter Durand et Diouf, ce groupe, bien renseigné, avait sévi auparavant à Malaucène (10 arrestations) et à Violès (un assassinat et une arrestation).
Les obsèques d’Albin Durand* et Antoine Diouf eurent lieu le 29 août 1944 en présence d’une foule considérable. Depuis plusieurs années, l’association des Amis d’Antoine Diouf et d’Albin Durand entretient leur mémoire. Elle a publié au début 2016 un ouvrage très informé sur le parcours des deux hommes, sur la Résistance dans le Vaucluse, sur les circonstances de leur mort et sur ceux qui en ont été les responsables.
Sources

SOURCES : Presse locale (Le Comtadin 1er septembre 1949).— Claude Arnoux, Maquis Ventoux, quelques pages de la Résistance en Vaucluse, Avignon, Les Presses Universelles, 1974.— Serge Issautier, La Résistance en Vaucluse, documents et témoignages, Avignon, CDDP, recueil n°8, 1980. — Vaucluse 44, l’année de la liberté retrouvée. Aspects de la Résistance et de la Libération, Avignon, ONAC-Mission du 60e anniversaire des Débarquements et de la Libération de la France-Département du Vaucluse, 2004.— Notes Jean-Marie Guillon.

Henri Tramoy

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