Né le 1er mars 1917 à Brest (Finistère), fusillé le 10 avril 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; employé au gaz ; militant communiste de Nanterre ; résistant.

Fils d’un quartier-maître électricien, Paul Lescop fut adopté par la Nation en 1923. Célibataire, il était domicilié chez ses parents, 21 avenue Henri-Martin à Nanterre (Seine, Hauts-de-Seine). Mobilisé, Paul Lescop prit part aux combats de l’armée française en 1940, et fut décoré de la Croix de guerre. Il s’engagea dans la clandestinité à l’insu de ses parents.
La diffusion des tracts sur Nanterre était bien organisée. Paul Lescop en était le répartiteur. Il faisait partie d’un important centre clandestin de propagande communiste qui rayonnait plus particulièrement dans la banlieue Ouest de Paris et dans certaines localités de Seine-et-Oise. Ce centre clandestin constituait le quatrième secteur de l’appareil illégal et était dirigé par Félix Pozzi, responsable à la propagande. Les écrits étaient signés du Comité de chômeurs, du Comité populaire ou encore portaient l’en-tête du journal local L’Éveil de Nanterre, édité par la section communiste jusqu’à la fin août 1939.
Un habitant de Nanterre se présenta, à la mi-août 1941, au poste de police de Nanterre, puis le 30 août au commissariat de Puteaux : il se plaignait de la présence de tracts dans sa boîte aux lettres et rapporta la conversation d’une voisine concernant Hébert. L’attitude de cet informateur parut suspecte. Il fut alors arrêté et livra plusieurs noms dont celui de Paul Lescop.
Le commissaire chargea immédiatement la Brigade spéciale d’intervention du commissariat de mener l’enquête. Paul Lescop, qui se rendait très souvent en fin de journée au pavillon du couple Hébert, il y fut arrêté le 8 septembre, quand il s’y présenta pour s’approvisionner. Quinze arrestations furent réalisées dont celles de huit responsables de sections. Paul Lescop fut interrogé au commissariat de Puteaux, envoyé au Dépôt, livré aux autorités allemandes, puis incarcéré à la Santé.
Les parents de Paul Lescop envoyèrent le 20 septembre 1941 une lettre à l’amiral Darlan, chef du Gouvernement de Vichy. Marcel Lescop écrivait notamment : « C’est avec un profond chagrin que je viens solliciter tout d’abord comme père de famille et comme ancien marin, mutilé de guerre ayant été sous vos ordres comme quartier-maître, [...] de bien vouloir intervenir auprès de [...] Juge d’instruction ». Il rappelait les faits pour lesquels son fils était emprisonné, et poursuivait : « Je me suis trouvé ainsi que sa mère complètement démoralisé [...] je ne sais comment vous exprimer mon chagrin, surtout pour un cas pareil, alors que j’ai toujours pensé que mon fils avait les mêmes opinions que moi, qui suis avec vous, Amiral, pour une collaboration sincère et forte. Certainement, il a dû se laisser influencer et dominer par certains individus et il s’est trouvé pris au piège, lui qui ne faisait pas de politique et jamais il ne s’est absenté après 21 heures de la maison. Aussi je ne saurais comment vous remercier et lui-même comprendra maintenant son erreur si vous voulez intervenir auprès de M. le juge d’Instruction pour atténuer son cas et qu’il me soit rendu dès que possible. »
Du 9 au 25 mars 1942, le tribunal du Gross Paris siégea 11 bis, rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.). Le commissaire de Puteaux y témoigna à charge. Quinze condamnations à mort furent prononcées, dont celle de Paul Lescop, et de deux femmes Lucienne Hébert et Florentine Berson pour « intelligence avec l’ennemi ». Le 10 avril 1942, dans l’après-midi, Lescop et ses camarades furent passés par les armes au Mont-Valérien. L’abbé allemand Stock dit dans son Journal de guerre, « La plupart des communistes moururent en criant : "Vive le Parti communiste ! etc." » Voir Félix Pozzi.
Après la Libération, le 12 mars 1945, un juge d’instruction inculpa le délateur de Célestin Hébert « d’atteinte à la sûreté extérieure de l’État ». L’homme, Clément, était marié à Stéphanie, Allemande des Sudètes (Tchécoslovaquie). Le couple habitait le pavillon voisin du frère de Célestin Hébert. Clément, membre du Mouvement social révolutionnaire (MSR), parti collaborationniste d’Eugène Deloncle, assistait aussi aux réunions du Parti populaire français de Doriot. Il était farouchement anticommuniste. Après l’exécution de Clément Hébert et de ses compagnons, il vendit précipitamment son pavillon et déménagea. Il fut retrouvé par la police dans la Sarthe, arrêté, jugé, puis condamné le 19 octobre 1945 à vingt ans de travaux forcés et vingt ans d’interdiction de séjour.
Le conseil municipal de Nanterre décida en décembre 1944 d’honorer la mémoire de Paul Lescop, en lui donnant le nom d’une rue. Son nom figure sur le monument aux morts de Nanterre, dans le parc des Anciennes Mairies.
Il obtint le titre d’Interné résistant.
Sources

SOURCES : Arch. PPo. BA 1928, BA 1934, BA 2117, BA 2355, KB 7, KB 10, KB 42, KB 85, PCF carton 18, 77W 33, 77W 1046. – DAVCC, Caen, Boîte 5 (Notes Thomas Pouty). – Site Internet Mémoire des Hommes. – Claude Léonard, Le dictionnaire historique des rues de Nanterre, Société d’histoire de Nanterre, 2005. – État civil. Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 367091 (nc) et Caen SHD/ AC 21 P 562771.

Jean-Pierre Besse, Daniel Grason

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