Né le 23 novembre 1908 à La Chaume (Les Sables-d’Olonne, Vendée), mort après avoir été torturé, le 29 juin 1943 à La Roche-sur-Yon (Vendée) ; instituteur ; militant syndicaliste du SNI ; militant communiste ; résistant.

Alfred Roux
Alfred Roux
Hommage à Alfred Roux le 29 juin 2013
Hommage à Alfred Roux le 29 juin 2013
Fils d’Eugène Roux, marin, gardien de sémaphore puis responsable de la poste à La Chaume, aux Sables d’Olonne, et de Berthe Brandy, Alfred Roux, dit « Fredo », fut élève- maître à l’École normale d’instituteurs de La Roche-sur-Yon. Il fit sa carrière dans ce département, nommé à Coëx en premier poste puis instituteur-adjoint à Grosbreuil et enfin directeur à Vairé.
Il adhéra au Parti communiste en 1934. Considéré comme secrétaire du rayon communiste sablais de 1936 à 1938, il intervenait également au nom des Jeunesses communistes. À ce titre, il éditait un journal commun aux Jeunesses socialistes de Vendée (dirigées par Jean Poiraudeau) et aux JC, intitulé La Voix des Jeunes. Comme Poiraudeau, instituteur lui aussi, il était espérantiste. Très actif de 1934 à 1936 dans les réunions de chômeurs qu’il chercha à organiser durant la crise, dans les comités antifascistes à Challans, aux Sables d’Olonne et dans les comités de Front populaire.
Actif également au sein de la section départementale du SNI (Syndicat national des instituteurs), il écrivait dans le Bulletin départemental, par exemple en juillet 1936, sur le thème de la limitation des naissances en Russie. Présenté par Georges Brachet et Georges Defay, il adhéra en mars 1936 au groupe sablais de la Libre Pensée, vraisemblablement à l’époque où le PCF recommandait l’entrée dans ces mouvements comme Les Travailleurs sans Dieu. Il fit auprès du groupe plusieurs conférences sur les religions.
Il épousa le 17 mars 1938 à La Chaume Odette Loisit, institutrice. Le couple fut nommé à Montournais. Ils eurent une fille en 1942.
Alfred Roux, mobilisé en septembre 1939, fut affecté sur le front de l’Est, sur un poste d’agent de liaison près d’Épernay. Il fut libéré pour la rentrée d’octobre 1940 à Montournais. Déplacé d’office dans le sud de la Vendée à Aziré-de-Benet en décembre 1940 avec son épouse, rétrospectivement pour avoir fait grève le 30 novembre 1938, Alfred Roux entra dans la Résistance en janvier 1941, contacté par un responsable du PCF clandestin des Deux-Sèvres.
Avec son épouse, également résistante et entrée au PCF clandestin, il diffusait des tracts, imprimait L’Instituteur patriote et abritait des résistants. Il fut arrêté ainsi que sa femme, le 12 mars 1943, sur dénonciation, par des policiers français du Service de police anticommuniste (SPAC) de Poitiers. Selon un rapport du procureur général de la cour d’appel de Poitiers, « la perquisition effectuée chez lui amena la découverte d’une machine à écrire, d’un duplicateur, de stencils et d’une grande quantité de tracts. Il fut établi que Roux avait hébergé une militante communiste recherchée par la Gestapo ». Interrogé au commissariat de Niort, Alfred Roux fut incarcéré à Fontenay-Le-Comte jusqu’au 16 avril où il fut transféré à la prison militaire allemande de La Roche-sur-Yon. C’est auprès de la Gestapo que son épouse apprit son décès le 29 juin 1943. Mais les circonstances de sa mort restèrent obscures : Alfred Roux avait été présenté trois fois devant le peloton d’exécution d’après le témoignage qu’il avait fait à sa femme. Après plusieurs jours d’interrogatoires menés par un commissaire (jugé et exécuté à la Libération), il se serait suicidé en se jetant du balcon intérieur de la prison le 28 juin 1943, selon la version des autorités allemandes. Cette version est contestée par le témoignage du secrétaire du Parquet des Sables-d’Olonne, témoin de la mise en bière du corps le 30 juin, au vu de la trace de sang coagulé sur la gorge « qui pouvait être la trace de sortie d’un projectile ».
Alfred Roux est enterré au vieux cimetière de La Chaume. Le titre d’interné résistant refusé à sa veuve par le ministère des Anciens Combattants, c’est celui d’interné politique qui lui fut accordé en 1955.
Un hommage lui a été rendu le 29 juin 2013 aux Sables-d’Olonne. Depuis 2020, une rue de la Roche-sur-Yon est dénommée « Odette et Alfred Roux ».
Sources

SOURCES : Arch. Dép. Vendée, 4 M 404, 405, 408. – L’Émancipation de Vendée, no 47, octobre 1934. – Témoignage d’Odette Roux. – Auguste Brunet, Si c’était à refaire, la Résistance en Vendée, Le Temps des Cerises, 2004. – Fanny Proust, Le jardin d’Odette, Chronique d’une vendéenne engagée, t. 1 (1917-1947), Éd. Art et Grains de Mémoire, 2005. – Michel Gautier, Occupation et résistance en Vendée, Geste Éd., 2012. – Florence Regourd, Ludovic Clergeaud, métayer. cinquante ans d’engagement en Vendée, Geste Éd., 2013. – Notes Line Roux-Calviera (2013).

Iconographie
ICONOGRAPHIE : Alfred Roux en 1931 aux Sables d’Olonne dans Fanny Proust, Le jardin d’Odette , Chronique d’une vendéenne engagée, premier tome (1917-1947), Grains de Mémoire, 2005. Alferd Roux instituteur en poste à Grosbreuil, Olona septembre 2013.

Florence Regourd

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