Né le 16 février 1901 à Courbevoie (Seine, Hauts-de-Seine), fusillé le 10 avril 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; ajusteur ; militant et résistant communiste.

Fils de Frédéric et de Jeanne, née Morin, marié, sans enfant, Daniel Becker demeurait 12 rue de la Forteresse à Nanterre (Seine, Hauts-de-Seine). Il était partie prenante d’un important centre clandestin de propagande communiste qui rayonnait plus particulièrement dans la banlieue Ouest de Paris et dans certaines localités de Seine-et-Oise. Ce centre constituait le quatrième secteur de l’appareil illégal et était dirigé par Félix Pozzi, responsable à la propagande.
Daniel Becker distribuait les tracts dans son quartier. Les écrits étaient signés du Comité de chômeurs, du Comité populaire ou encore portaient l’en-tête du journal local L’Éveil de Nanterre édité par la section communiste jusqu’à la fin août 1939. Un habitant de Nanterre se présenta, à la mi-août 1941, au poste de police de la ville, puis le 30 août au commissariat de Puteaux : il se plaignait de la présence de tracts dans sa boîte aux lettres. L’attitude de cet informateur parut suspecte, il fut arrêté et livra le nom de Célestin Hébert.
Le commissaire chargea immédiatement la Brigade spéciale d’intervention du commissariat, de mener l’enquête. La presque totalité des militants fut repérée, quinze arrestations s’échelonnèrent entre le 2 et le 16 septembre 1941. Le 16 septembre, la Brigade spéciale d’intervention du commissariat de Puteaux interpella Daniel Becker pour « activité communiste » (infraction au décret du 26 septembre 1939). Il fut détenu plusieurs jours dans les locaux du commissariat, fut livré aux autorités allemandes et incarcéré à la prison de la Santé le 19 septembre 1941.
Le 24 mars 1942, le tribunal militaire allemand du Gross Paris siégea, 11 bis rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.). Le commissaire de Puteaux témoigna à charge. Le 25 mars, quinze condamnations à mort furent prononcées, dont celle de Daniel Becker, et de deux femmes Lucienne Hébert et Florentine Berson pour « intelligence avec l’ennemi ». Le 10 avril 1942, dans l’après-midi, il fut passé par les armes avec onze de ses camarades. L’abbé allemand Stock dit dans son Journal de guerre, « La plupart des communistes moururent en criant : "Vive le Parti communiste ! etc." » Voir Félix Pozzi.
Après la Libération, le 12 mars 1945 un juge d’instruction inculpa le délateur de Célestin Hébert « d’atteinte à la sûreté extérieure de l’État ». L’homme, Clément, était marié à Stéphanie, Allemande des Sudètes (Tchécoslovaquie). Le couple habitait le pavillon voisin du frère de Célestin Hébert. Clément, membre du Mouvement social révolutionnaire (MSR), parti collaborationniste d’Eugène Deloncle, assistait aussi aux réunions du Parti populaire français (PPF) de Doriot. Il était farouchement anticommuniste. Après l’exécution de Célestin Hébert et de ses compagnons, il vendit précipitamment son pavillon et déménagea. Il fut retrouvé par la police dans la Sarthe. Arrêté, jugé, il fut condamné le 19 octobre 1945 à vingt ans de travaux forcés et vingt ans d’interdiction de séjour.
Le conseil municipal de Nanterre décida, en octobre 1944, d’honorer la mémoire de Daniel Becker en lui donnant le nom d’une rue. Il fut inhumé dans le caveau familial au cimetière de Nanterre en novembre 1944. Le ministère des Anciens Combattants lui accorda la mention « Mort pour la France » le 23 juin 1947.
Sources

SOURCES : Arch. PPo. BA 1928, BA 1934, BA 2117, BA 2355, KB 10, KB 42, KB 44, KB 85, PCF carton 18 activité communiste pendant l’Occupation, 77W 1046. – DAVCC, Caen, Boîte 5 (Notes Delphine Leneveu, Thomas Pouty). – Site Internet Mémoire des Hommes. – Le dictionnaire historique des rues de Nanterre, Claude Léonard, Société d’histoire de Nanterre, 2005. — Franz Stock, Journal de guerre. Écrits inédits de l’aumônier du Mont Valérien, Cerf, 2017, p. 78.

Daniel Grason

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