Né le 18 novembre 1891 à Châtellerault (Vienne), fusillé après condamnation à mort le 19 juin 1943 au champ de tir de Biard près de Poitiers (Vienne) ; tourneur et mécanicien à la Manufacture nationale d’armes de Châtellerault ; communiste ; résistant, Organisation spéciale (OS) puis FTPF.

Roger Aubugeau était le fils de Paul, Émile Aubugeau forgeron et d’Émilienne Fuseau. Il se maria à Puteaux (Seine aujourd’hui Hauts-de-Seine) le 18 mai 1912 avec Yvonne, Marie Georgette Gaultier (née à Châtellerault le 23 avril 1895) et demeurant à Puteaux avec ses parents où son père était tourneur.Une fille Madeleine, Georgette, Marcelle naquit le 23 octobre 1912. Roger Aubugeau qui déclara alors la profession de tourneur – mécanicien fut incorporé pour son service militaire dans le 32ème régiment d’Infanterie le 10 octobre 1912 quelques jours avant la naissance de sa fille. Il fit dans la continuité la première guerre mondiale mais fut détaché en août 1915 à la Manufacture nationale d’armes de Châtellerault avant d’être renvoyé au front en mai 1918 toujours dans l’infanterie. Entre temps il avait divorcé de sa première épouse Yvonne Gaultier par jugement du tribunal civil de Châtellerault en date de 11 décembre 1916. Blessé le 27 août 1918 à Chaulnes (Somme), il fut démobilisé en août 1919 et revint vivre chez ses parents à Châtellerault, 13 place Gambetta. Exerçant toujours la profession de tourneur sur métaux, il se remaria à Châtellerault le 3 novembre 1919 avec Marguerite, Eugénie, Augustine Reveillault (née le 3 septembre 1901 à Châtellerault) fille de Vincent Reveillault armurier à la Manufacture d’Armes. Une fille Mireille, Paulette, Émilienne naquit à Châtellerault le 6 novembre 1920. Roger Aubugeau repartit alors vivre en région parisienne domicilié à Asnières (Seine) en 1923 puis à La Garenne-Colombes en 1936. il fut en octobre 1939 affecté spécial à la Manufacture d’Armes de Levallois-Perret comme tourneur.
Roger Aubugeau, militant communiste, revint sans doute à Châtellerault après la défaite et appartint à l’OS puis aux Francs-tireurs et partisans français (FTPF) de Châtellerault, dès avril 1941. Ouvrier à la Manufacture nationale d’armes placée sous contrôle de l’occupant pour produire pour la machine de guerre nazie, il entra en contact avec d’autres employés communistes ou sympathisants qui, dès l’automne 1940, constituèrent un embryon de résistance châtelleraudaise. Si l’information clandestine constitua leur activité première, ils effectuèrent aussi des sabotages, des collectes de fonds pour les familles d’internés, sans oublier des actes de résistance passive à portée d’un nombre plus conséquent d’ouvriers.
Roger Aubugeau participa à la diffusion de tracts et au recrutement de jeunes pour grossir les rangs des FTP de Châtellerault. Consécutivement à une mission de transport d’armes, il fut arrêté par la Gestapo – en même temps que Robert Gaillard – alors qu’il occupait son poste de travail à la « Manu » le 17 février 1943. Il fut arrêté « pour activités communistes et détention d’armes ».
Condamné à mort par le tribunal militaire allemand de Poitiers (FK 677) le 16 juin 1943, il a été fusillé sur le champ de tir de Biard le 19 juin 1943 avec quatre autres camarades (Jean Chiquet, Eugène Roux, Robert Gaillard et Pierre Tavernier). Fait exceptionnel, les autorités d’occupation diffusèrent dans la presse locale l’avis d’exécution de ces hommes. Il fut d’abord inhumé dans le cimetière de Buxerolles (Vienne). Son corps, avec celui de ses sept camarades de la Manu fusillés sur le champ de tir de Biard, fut rapatrié dans le carré des fusillés dans le cimetière de Châteauneuf à Châtellerault par la section locale du Parti communiste le 10 novembre 1944. Le 30 novembre 1944 furent célébrées des funérailles officielles.
Il obtint la mention mort pour la France et fut homologué sergent des Forces françaises de l’intérieur. Il obtint le statut déporté et interné de la Résistance (DIR) et reçut à titre posthume la Médaille de la Résistance par décret du 17 décembre 1968. Son nom est inscrit sur le monument érigé à la mémoire des cent vingt-huit fusillés sur le champ de tir de Biard, inauguré le 8 mai 1949, et sur le monument des martyrs de la Résistance à Châtellerault. Une rue porte son nom à Châtellerault.
Sources

SOURCES : SHD AVCC, Caen Cote AC 21 P 419568 et SHD Vincennes GR 16 P 21585 (nc) — Arch. Dép. Vienne 1921W4, et état civil en ligne, registre matricule — Marie-Claude Albert, Châtellerault sous l’Occupation, Geste Éd., 2005. — Au nom de la Résistance, hommage aux 128 fusillés, coll. Centre régional « Résistance & Liberté » et MIMC Office national des anciens combattants Vienne, Poitiers, 2013. — Mémoire des Hommes — Mémorial genweb.

Virginie Daudin, Michel Thébault

Version imprimable