Né le 3 mars 1904 à Saint-Félix (Haute-Savoie), fusillé par les Allemands à Villeurbanne (Rhône) le 7 avril 1944 ; guide de montagne et hôtelier en Savoie ; compagnon de France ; résistant des Pyrénées-Orientales.

Charles Blanc (1904-1944)
Charles Blanc (1904-1944)
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Guide de haute montagne à Saint-Gervais-les-Bains (Haute-Savoie), dans le massif du Mont-Blanc, Charles Blanc tenait un chalet hôtel au col des Aravis où il recevait des clients pour des courses en montagne ou des leçons de ski. En effet, il était un excellent alpiniste et skieur. Il était marié et père de trois filles, Josèphe, Isabelle, et Michèle, âgées respectivement de 17, 14 et 8 ans en 1944. C’était un catholique convaincu.
Mobilisé en 1939, Charles Blanc fut rendu à la vie civile en 1940. Charles Blanc fut membre de l’ORA (Organisation de Résistance de l’Armée) des Pyrénées-Orientales (Voir Puig Joseph). Mais ce fut sa participation aux activités des Compagnons de France des Pyrénées-Orientales – dont le siège départemental était rue Zamenhoff à Perpignan – organisation « maréchaliste » qui fut à la base de son entrée en Résistance sous la direction de Pierre Cartelet. « Chef » des Compagnons, il fut d’abord en poste à Frangy (Haute-Savoie) à moins de trente kilomètres de la frontière suisse où, dans une ferme, il rassemblait les aviateurs alliés candidats au passage en Espagne. En effet, il s’investit dès 1942 dans l’organisation d’une filière de passage d’aviateurs alliés et d’évadés de France, depuis la France et la Suisse vers l’Espagne. Il faisait ainsi le va-et-vient entre la Haute-Savoie et les Pyrénées-Orientales.
Membre des réseaux Alliance (agent P2) et Marksman SOE, il assura le passage en Espagne d’aviateurs des puissances alliées – britanniques ou américains en premier lieu – vers l’Espagne. Il les « recevait » et leur trouvait un hébergement à Perpignan avant de les « confier » à Pierre Cartelet ou à un Espagnol, agent du réseau, Josep Marsal i Moncasi qui évoque son action dans les souvenirs (en catalan) publiés après sa mort. Il était en contact avec Jean Olibo. Arrêté le 25 février 1944, alors qu’il convoyait quinze Américains, il fut incarcéré et torturé à la citadelle de Perpignan (Voir Citadelle de Perpignan) avant d’être transféré au fort de Montluc, à Lyon (Rhône), où il fut jugé pour ces faits par un tribunal militaire allemand et condamné à mort. Il a été fusillé à la Doua (Villeurbanne). À l’annonce de sa mort, une messe fut dite en sa mémoire en l’église de Saint-Gervais-les-Bains (Haute-Savoie) en présence de nombreux guides de cette commune et de Chamonix. La Croix de guerre avec palme lui fut attribuée à titre posthume. (Voir Puig Joseph).
Charles Blanc s’était marié à Saint-Gervais-les-Bains le 9 décembre 1926 avec Laurence, Marcelle, Amélie Viallet, née à Saint-Gervais-les-Bains le 18 janvier 1907. Sa femme le seconda dans ses activités résistantes. Elle fut arrêtée avec son mari à Perpignan le 25 février 1944. Détenue à la citadelle de Perpignan, elle fut d’abord transférée à Lyon, à Montluc (elle voyagea de Perpignan à Lyon en compagnie de son mari tuméfié par les tortures subies), puis à Fresnes avant d’être déportée le 20 mai 1944 en Allemagne dans un convoi « Nuit et brouillard ». Elle fut incarcérée d’abord dans les prisons d’Aix-la-Chapelle – premier lieu de détention en Allemagne des femmes françaises en attente de jugement – et de Laubau – aujourd’hui Luban, en Pologne – en attente de son jugement, puis à Breslau, en Silésie – aujourd’hui Wroclav en Pologne – où elle fut jugée. Internée ensuite à Ravensbrück, elle fut transférée en mars 1945 au camp de Mauthausen d’où elle fut délivrée le 21 avril 1945 par la Croix rouge suisse. Elle mourut à Chaumont le 16 décembre 1963.
Le Centre d’apprentissage installé à la Roseraie, vaste demeure du Bas-Vernet à Perpignan avait été un des locaux des Compagnons de France. Il fut inauguré en décembre 1944. Le nom de Charles-Blanc lui fut attribué en décembre 1944 pour perpétuer sa mémoire. Ce Centre, devenu Collège d’enseignement technique puis Lycée d’enseignement professionnel fut transféré ensuite dans le quartier des Coves, près du Clos-Banet. Le Lycée professionnel portait toujours en 2010 le nom de Charles-Blanc. Il est devenu, depuis, une annexe du lycée polyvalent Pablo-Picasso.
Dans son village natal, Saint-Gervais-les-Bains, son nom a été gravé sur : le monument aux morts et les plaques commémoratives des morts des deux guerres mondiales apposées dans le hall de la mairie et dans l’église paroissiale.
Oeuvres

ICONOGRAPHIE : Gual & Larrieu, op. cit., 1998, p. 448, p. 961.

Sources

SOURCES : DAVCC, Caen, 21 P 426 276 et 21 P 247 036. – Arch. com. Saint-Gervais-les-Bains, état civil. – André Balent, notice « Blanc Charles, Clément », dans le Nouveau Dictionnaire de biographies roussillonnaises, Perpignan, Publications de l’Olivier, 2011, p. 151-152. – Ramon Gual & Jean Larrieu, Vichy, l’occupation nazie et la Résistance catalane, Tome II a, Els Alemanys fa (pas massa) temps, Prades, Terra Nostra, 1996, p. 124 ; Tome II b, De la Résistance à la Libération, Prades, Terra Nostra, 1998, p. 944-948, 690, 919-920, 960-964. – Josep Marsal i Moncasi, Records d’un antifeixista català, Saint-Génis-des-Fontaines, Cercle Alfons Mias, 2000, 36 p. – George Millar, Horned pigeon, Londres, Pan books Ltd, 1970, 351 p. [p. 250-332] (1re édition, Londres, Wm Heinemann Ltd, 1947). – L’Indépendant, 13 avril 1944. – L’Action française, 14 avril 1944. – Le Républicain (Perpignan), 24 septembre 1944 ; 10-11 décembre 1944. – Le Réveil d’Annecy, 7 décembre 1945, article de Louis Guidet. – Site http://www. vieillestiges.com/Aujour. – Mémorial GenWeb.

André Balent

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