Né le 30 juin 1919 à Mont-Louis (Pyrénées-Orientales), mort fusillé le 27 juin 1944 à Castelmaurou (Haute-Garonne) par des soldats de la division Das Reich ; militaire de carrière, résistant (ORA) ; responsable de l’ORA pour les Pyrénées-Orientales.

Le lieutenant Noël Pruneta
Le lieutenant Noël Pruneta
Le père de Noël Pruneta, Antoine, était un militaire de carrière. En 1919, âgé de quarante ans, il avait le grade de commandant et était officier d’état major à Nevers (Nièvre). Sa mère, Anne, Philomène Mirc, âgée de trente ans en 1919, était originaire de Mont-Louis (Pyrénées-Orientales), ville de garnison. Le grand-père de Noël Pruneta, Noël Mirc, âgé de soixante-deux ans en 1919 était négociant à Mont-Louis. Noël Pruneta naquit au domicile de ses grands-parents maternels.
Noël Pruneta fut élève de l’école d’officiers de Saint-Cyr. Il sortit de cette école en 1939 avec le grade de lieutenant. Il participa à la bataille de France, en mai-juin 1940. L’offensive allemande le surprit dans l’Aisne. Fait prisonnier, il réussit à s’évader et s’installa à Mont-Louis, son village natal. Noël Pruneta se maria à Tressere (Pyrénées-Orientales) le 20 décembre 1940 avec Antoinette, Carmen, Mercédès Escudié. Le couple eut un fils prénommé aussi Noël, élu conseiller municipal de Mont-Louis en 2008 et en 2014.
Cadre de l’armée d’armistice, il fut affecté comme lieutenant au 8e régiment d’infanterie (RI) de Montpellier (Hérault). Après la dissolution de l’armée d’armistice, en novembre 1942, il s’installa définitivement à Mont-Louis. Dans un premier temps, il établit un lien avec l’AS des Pyrénées-Orientales, peu implantée en Cerdagne et en Capcir.
Contacté par le colonel Joseph Guillaut qui essayait de regrouper des officiers du 8e RI dans l’Organisation métropolitaine de l’Armée (OMA) entre Perpignan, Montpellier et Toulouse, il fut chargé d’organiser en Cerdagne et en Capcir des groupes de résistants skieurs éclaireurs. En effet, un autre officier du 8e RI, de Montpellier, André Pavelet, dirigeant régional de l’AS et responsable "maquis" de la R 3 avait participé depuis Mont-louis et au Puymorens (commune de Porté, Pyrénées-Orientales) à la mise en place d’éclaireurs-skieurs à laquelle avait été associé Noël Pruneta, bon connaisseur de la région. Pavelet, avant sa mutation à Clermont-Ferrand à la fin de 1943, envisageait — dans le cadre d’une stratégie globale de formation de maquis dans la R3, dans la partie orientale des Pyrénées (Aude et Pyrénées-Orientales) et le sud du Massif Central (Aveyron, Aude, Hérault, Gard, Lozère), destinés à contrôler les voies de communication utilisées par les Allemands entre le Gard rhodanien et Toulouse — la constitution d’un maquis de l’AS en Capcir (Pyrénées-Orientales). Mais Pruneta fut bientôt sollicité par Guillaut afin de constituer l’ORA dans les Pyrénées-Orientales et plus particulièrement en Cerdagne et en Capcir. Il devait développer l’idée initiale de groupes de skieurs, mais il fut rapidement accaparé par d’autres tâches.
Devenu l’adjoint de Joseph Guillaut à la tête de l’ORA pour la R3 (ou XVIe région militaire), Pruneta fut chargé de l’organiser dans les Pyrénées-Orientales, avec son chef départemental, le commandant François Puig. Pruneta fut amené à effectuer de nombreux déplacements dans les départements du Midi, entre Montpellier et Toulouse.
S’étant rendu à Toulouse (Haute-Garonne) le 10 avril 1944 afin de rencontrer le colonel Guillaut, il fut arrêté avec ce dernier et Pierre Cartelet, le 11 mai, sur le lieu même de leur rendez-vous. Tous deux furent d’abord incarcérés dans la prison toulousaine de Saint-Michel puis interrogés et torturés par la Siecherheitspolizei à la rue Maignac. Le 27 juin, tous trois ainsi que treize autres prisonniers de la police allemande furent extraits de leurs geôles et furent amenés à la forêt de la Reulle, à Castelmaurou, commune située au nord-est de Toulouse et faisant partie de son agglomération. L’un d’entre eux, Jaume Soldevila, passeur originaire du Pallars Sobirà (province de Lérida, Espagne), réussit à s’enfuir et à échapper à l’exécution. Les autres furent fusillés par des soldats de la division SS Das Reich. Avant d’être exécutés, les prisonniers furent contraints de creuser leur tombe. Aujourd’hui encore (2014), deux corps des quinze victimes de la fusillade ne sont toujours pas identifiés. Celui de l’aviateur et résistant belge (filière de passages transpyrénéens clandestins en Espagne), Charley de Hepcée (1911-1944) a été identifié en mars 2012. Ceux de Marcel Joyeux, de Pierre Cartelet et de Jean-Baptiste Giorgetti le furent en 2013, 2014 et 2017, respectivement. Voir aussi Claude Charvet et Toubiana Robert
Le nom de Noël Pruneta figure sur le monument aux morts de Mont-Louis, au titre des « martyrs de la Résistance ». Il existe deux rues lieutenant Pruneta : à Perpignan et à Mont-Louis.
Voir : Lieu d’exécution : Castelmaurou (Haute-Garonne), fusillés sommaires du Bois de La Reulle (ou Reule)
Sources

SOURCES : Arch . com. Mont-Louis, état civil, acte de naissance de Noël Pruneta et mention marginale. — André Balent, "Le ski militaire en Cerdagne et en vallée de Carol (1930-1943). Les sections d’éclaireurs-skieurs à Porté. André Pavelet (1909-1967), Noël Pruneta (1919-1944) officiers et résistants", Records de l’Aravó, Latour-de-Carol, 14, 2018, pp. 39-42. — Gérard Bouladou, L’Hérault dans la Résistance : 1940-1944, présentation de Jean-Claude Richard, Nîmes, Lacour, 1992 , 212 + 38 pp. [p. 94]. — Ramon Gual & Jean Larrieu, Vichy, l’occupation nazie et la Résistance catalane, II b, De la Résistance à la Libération, Prades, Terra Nostra, 1998, 687 p. [pp. 953, 954 ; photo, p. 954]. — Georges Sentis, Dictionnaire biographique des résistants et des civils des Pyrénées-Orientales tués par les Allemands et les collaborateurs, Perpignan, 2012, 28 p. [p. 17]. — Le Républicain (Perpignan), 30 novembre 1944. — La Dépêche (Toulouse) , 1er juin 2012.

André Balent

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