Né le 14 mai 1882 à Nîmes (Gard), mort par suicide le 28 avril 1943 en cours de transfert vers Marseille (Bouches-du-Rhône) ; négociant ; FTPF, chef départemental de l’Armée secrète (AS) du Var, puis chef régional pour la R2.

Engagé en 1902, passé dans le cadre de réserve après avoir quitté l’armée (lieutenant de réserve en 1911), Léon Duboin fut mobilisé le 2 août 1914. Sa connaissance des langues slaves lui avait valu d’être détaché comme chef d’état-major très vite auprès d’unités russes (3e brigade, puis 1re division d’infanterie) et rattaché à la base de Laval jusqu’en 1916. Capitaine de réserve en 1915, il fut trois fois cité (au JO le 7 décembre 1914, à l’ordre du XVIIe CA en mars 1917 et à l’ordre de la 37e DI en avril 1917). Décoré de la Légion d’honneur le 6 juillet 1919, il fut promu officier le 16 décembre 1937. Il était alors lieutenant-colonel de réserve depuis 1931. Frère du député Jacques Duboin, fondateur du Mouvement français de l’Abondance qui entendait ouvrir une troisième voie entre le capitalisme et le socialisme, marié, il résidait à Toulon où il s’occupait, semble-t-il, de courtage de produits pétroliers. Mobilisé le 2 septembre 1939, il fut nommé colonel de réserve en 1940. Démobilisé le 19 octobre 1940, il revint à Toulon et participa à la création des Francs-tireurs (FTP) dans cette ville en 1942, s’occupant particulièrement de la mise sur pied d’un service de renseignements. Il devint chef départemental de l’AS à la fin de la même année, en remplacement du colonel de réserve Robert Blum (membre de Combat). Peu après la mise en place des Mouvements unis de Résistance (MUR) dans la région, il fut désigné comme chef régional de l’AS pour la R2 en mars 1943, en remplacement du général Schmitt, parti à Londres. Ce dernier attesta que Duboin lui avait fait savoir que Joseph Darnand avait l’intention de rejoindre la France libre. En tant que chef régional AS, Léon Duboin supervisa les premières actions des Groupes francs (notamment la préparation du sabotage de la centrale électrique de l’Arsenal de Toulon). Sur dénonciation de Jean Multon Lunel, secrétaire du chef régional R2 des MUR (Chevance Bertin) devenu agent double, il fut arrêté à son domicile par l’équipe Dunker Delage de la Sipo-SD de Marseille, dans le cadre de l’affaire Flora, le 28 avril 1943. Son épouse et Léon Brown Brunet, inspecteur des MUR, originaire de Nice, furent arrêtés en même temps que lui. Léon Duboin s’empoisonna au cours de son transfert à Marseille. D’après Brown, qui allait devenir un agent de la Sipo-SD, il décéda en arrivant au 425 de la rue Paradis, où était installé ce service. D’après les informations données par Flavian, il décéda alors que son interrogatoire – violent – avait commencé. Son épouse fut déportée à Ravensbruck. Le nom de Léon Duboin a été donné à une avenue de Toulon peu après la Libération et une plaque commémorative a été apposée à l’entrée de son domicile, au 13 boulevard de Strasbourg, le 22 août 1954.
Sources

SOURCES : Arch. Dép. Var, fonds Victor Masson et CDL. – Arch. Dép. Bouches-du-Rhône 58 W 20 (dossier Dunker). – Le Var libre, 11 septembre 1944. – République 23 août 1954. – Conrad Flavian, Ils furent des hommes, Paris, Nouvelles Éd. latines, 1947. – Madeleine Baudoin, Témoins de la Résistance en R2, t. 1 (rapport Flora), thèse de doctorat d’État, Université de Provence (Aix-Marseille I), 1977. – Jean-Marie Guillon, La Résistance dans le Var, thèse de doctorat d’État, Université de Provence (Aix-Marseille I), 1989 et Résistance Var no 52, mars 2004.

Jean-Marie Guillon

Version imprimable