Né le 11 octobre 1921 au Relecq-Kerhuon (Finistère), fusillé le 17 septembre 1943 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; ouvrier à l’Arsenal de Brest ; militant communiste et résistant FTPF.

Communiqué par Gildas Priol, resistance-brest.net
Fils de Maria Piolot, sans profession, et d’Étienne Argouach, Lucien Argouach, célibataire, ouvrier à l’Arsenal de Brest adhéra au Parti communiste en 1939.
La clandestinité contrainte du parti ne le découragea pas, et il participa au maintien de son activité, d’abord par la diffusion de ses journaux. Sous l’Occupation, il augmenta ses activités, transportant des armes et effectuant des sabotages dans un Arsenal réquisitionné par les Allemands. Quand s’organisèrent les FTP au printemps 1942, il s’y engagea et participa à des attentats contre l’occupant. Les activités FTP finirent par attirer l’attention des autorités et la capture d’un agent le 26 septembre 1942. Cela entraîna une vague d’arrestations chez les FTP, dont celle de Lucien Argouach arrêté par des policiers français dans la nuit du 1er et 2 octobre 1942 (le dossier du DAVCC donne la date du 7 octobre 1942) par la police française (SPAC), avec plusieurs de ses collègues. Accusé d’actes de sabotages, de dépôt d’armes et de tracts, il fut torturé par la police, mais parvint à rester silencieux. Il fut ensuite livré aux Allemands, condamné à mort par le tribunal allemand du Gross Paris rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.) le 28 août 1943, puis fusillé au Mont-Valérien le 17 septembre 1943 avec dix-huit autres communistes brestois.
Ses parents habitaient Relecq-Kerluon à la Libération, 21 rue de la Paix.
Lucien Argouarch obtint à titre posthume la Médaille militaire (soldat de 2e classe), la Croix de guerre, la Médaille de la Résistance et la carte de Combattant volontaire de la Résistance le 16 novembre 1954.
(Voir Albert Abalain) Paul Monot
Fresnes, le 17.9.43
Mon cher papa. Ma chère maman
Je regrette d’avoir à vous causer une grosse peine. Comme vous le savez, je suis condamné à mort depuis le mois d’Août.
Mon avocat avait fait pour moi une demande de recours en grâce, malheureusement elle a été rejetée.
Il est maintenant onze heures du matin, je vais être fusillé à 4 heures.
Ne croyez pas que celà me fasse peur, votre fils saura mourir en Français et en Communiste conscient d’avoir fait son devoir jusqu’au bout.
Il est toujours triste de quitter la vie à 20 ans, mais cela n’est pas pour moi que cela est dur, c’est pour vous pauvres parents, heureusement que vous avez encore Jean et Nénette et surtout le petit Dédé, aimez-le bien celà sera une consolation pour vous.
je vous demanderai comme suprême consolation de ne pas oublier la racaille de policiers français qui nous tous arrêtés et traités comme des bêtes, le sang appelle le sang soyez sans pitié pour eux, ce sont des traites à leur pays et des brutes indignes de vivre. Les Allemands, eux, nous ont toujours bien traités, nous avons lutté contre eux, nous sommes vaincus, nous devons payer, c’est régulier.
J’espère chers parents que votre peine sera diminuée en pensant que votre fils n’est pas mort en vain, la victoire est proche et c’est pour moi une grande consolation de savoir que vous au moins vivrez libres et je pense verrez la grande famille communiste unie dans la joie de voir enfin réalisée l’unité prolétarienne.
Je vous quitte chers parents ainsi que tous ceux que j’aime, mais je ne ressens aucune tristesse car je sais que mon sacrifice n’est pas vain.
Sachez cependant que ma dernière pensée sera pour vous.
Embrassez une dernière fois toute la famille pour moi.
Votre fils qui vous embrasse bien fort.
Vive la France. Vive le Parti Communiste.
Lucien
Un adieu du grand Paul qui m’accompagne dans mon dernier voyage.
Courage chers
P. Monot
Sources

SOURCES : DAVCC, Caen (Notes Thomas Pouty). – Arch. Dép. Finistère, 200 W 84 (exécutions). – Georges-Michel Thomas, Alain Le Grand, Le Finistère dans la Guerre (1939-1945), tome I : l’Occupation, p. 293 et 308. – https://www.resistance-brest.net/ar... . — Dernière lettre communiquée par Laurent Guélard. — État civil.

Biger Brewalan, René-Pierre Sudre, Gilles Pichavant

Version imprimable