Né le 15 avril 1906 à Barcelone (Catalogne, Espagne), mort sous la torture le 27 février 1942 à la prison de la Santé, Paris (XIVe arr.) ; militant de l’USC (Union socialiste de Catalogne) puis du PSUC (Parti socialiste unifié de Catalogne) ; chef des groupes armés de la MOI (Main-d’œuvre immigrée).

Conrado Miret i Musté
Conrado Miret i Musté
Conrad Miret i Musté (1906-1942)
Paris, Plaque commémorative
Conrad Miret i Musté naquit rue d’Urgell à Barcelone, dans une famille pauvre. Tout comme son frère Josep (1907-1944), il fut un sportif accompli. Il joua dans l’équipe de rugby du Football club de Barcelone (le Barça). Il était aussi un grand amateur de danses. Il fut marqué par son engagement initial dans l’USC qui conforta des convictions catalanistes proches de celles de l’ERC, le parti catalaniste et républicain de gauche du colonel Francesc Macià et de Lluís Companys
En effet, dès la dictature de Primo de Rivera, Conrad Miret i Musté fut d’abord membre de l’Union socialiste de Catalogne (USC, socialiste et catalaniste), issu d’une scission catalaniste du PSOE en 1923, puis du Parti socialiste unifié de Catalogne (PSUC, communiste), dès sa fondation le 21 juillet 1936 à partir de la fusion de quatre partis dont l’USC.
Il intégra ensuite l’Armée populaire de la République. Il combattit dans ses rangs et obtint, en 1938, le grade de commandant. Il était commissaire politique (certains disent commandant) du 2ème Bataillon de la 140e Brigade mixte (PSUC) engagée d’abord à Belchite (Aragon) pendant l’été 1937. Rattachée à la 32e division de l’Armée populaire, puis à la 24e division, elle participa à la défense de Lérida en mars 1938, puis au repos dans la région de Tarragone, maintenue en position de réserve, elle ne fut engagée dans la bataille de l’Èbre que à partir de septembre 1938. Elle participa aux durs combats de la Terra Alta, à la Pobla de Massaluca et à la Venta de Camposines. Après le repli sur l’Èbre, elle mena des combats d’arrière-garde jusqu’en février 1939 où elle franchit la frontière franco-espagnole (Retirada).
Réfugié en France après la défaite des républicains, Conrad Miret fut d’abord interné au camp d’Argelès-sur-Mer (Pyrénées-Orientales) puis à celui de Saint-Cyprien (Pyrénées-Orientales). Nous ignorons comment il put en sortir et gagner Paris. Peut-être, son frère Josep, principal dirigeant du PSUC clandestin en France, put-il lui faciliter la sortie du camp. Il fut arrêté en 1940, détenu à la prison de la Santé, à Paris, mais profita de la débâcle pour s’évader. Il reprit donc ses activités clandestines.
À la demande de son frère Josep, il fonda l’organisation spéciale de la MOI (Main d’œuvre immigrée). Il en organisa les groupes armés en mars 1941 et œuvra avec Yves Kermen et Louis Marchandise à l’organisation d’opérations contre les capacités militaires des occupants allemands : attaque d’un garage rue de Paris à Vincennes, le 5 septembre 1941 puis « Lucien » organisa la grande opération du 19 septembre 1941 contre le garage SOGA du 21 boulevard Pershing (XVIIe arr.) où étaient réparées les voitures de l’état-major allemand. Le 28 novembre 1941, lors d’une attaque contre un hôtel, rue Championnet, Paris (XVIIe arr.), trois soldats allemands furent tués. Il a collaboré aussi avec Joseph Boczor, Roumain, ancien des Brigades internationales et membre de l’OS qui devint son adjoint. Dans le cadre de l’OS, il participa à l’édition clandestine de tracts et d’organes de presse en catalan, espagnol et français (Voir Marassé Lluís).
Arrêté le 10, 11 ou 12 février 1942 par la Brigade spéciale de la police française, livré aux Allemands le 27 février, il mourut le jour même sous la torture, avant l’ouverture de son procès, sans avoir révélé son identité. C’est la version la plus répandue. Certains auteurs disent qu’il s’est peut-être suicidé en se pendant dans sa cellule.On a supposé que son corps fut lancé dans une fosse commune du cimetière de Bagneux qui fut détruite après la Libération.
À la demande de l’Amicale des anciens guérilleros espagnols en France (AAGEF-FFI), il a été reconnu « Mort pour la France » le 6 mai 2013.
Une plaque commémorative à son nom a été dévoilée le 13 juin 2014 à l’angle du boulevard Arago et de la rue Messier, sur un mur de la maison d’arrêt de la Santé : « Premier chef des groupes armés de la MOI. »
Son frère Josep fut déporté Nuit et brouillard et mourut en novembre 1944 à Mauthausen (Autriche).
Voir Paris (XIVe arr.), prison de la Santé, 1941-1944
Sources

SOURCES : Narcisse Falguera (dir.), Guérilleros en terre de France. Les Républicains espagnols dans la Résistance française, préface de Léo Figuères, Pantin, Le Temps des cerises, 2004, 316 p. [pp. 27-29]. — Phryné Pigenet, Catalans malgré tout. L’exil catalan en France au XXe siècle. Histoire et mémoire, Perpignan, Trabucaire, 2017, 287 p. [pp.10-103, 122-123, 128 note 65]. — Josep Maria Solé i Sabaté, Jordi Finestres, El Barça en guerra (1936-1939), Barcelona, Angle Editorial, 2006, p. 115 . — Robert Surroca i Tallaferro, Premsa catalana de l’exili i de l’emigració 1861-1976, Barcelone, Generalitat de Catalunya, 2002. — Robert Surroca i Tallaferro, Premsa catalana clandestina a París sota l’ocupació alemanya, site llibertat.cat, consulté le 10 janvier 2018 (André Balent). — David Wingeate Pike, Jours de gloire, jours de honte. Le Parti communiste d’Espagne en France depuis son arrivée en 1939 jusqu’à son départ en 1950, SEDES, 1984,311 p. [p.40]. — Rosa Toran Bellver, Josep Miret Musté (1907-1944), Barcelone, Edicions 62, 2017.. — Site Internet espana36.voila.net (consulté par Claude Pennetier). — Musée de la résistance en ligne. — Communiqué de la Ville de Paris. — Sites Internet.

André Balent, Claude Pennetier

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