Né le 15 janvier 1925 à Ézy-sur-Eure (Eure), fusillé le 4 avril 1944 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; dessinateur ; résistant FTPF, membre des Groupes spéciaux.

Henri Duverdin
Henri Duverdin
Fils de Cyprien et de Julie, née Fertey, Henri Duverdin obtint à l’issue de sa scolarité le CEP avec la mention « Très bien », à l’âge de douze ans. La famille demeurait à Soindres (Seine-et-Oise, Yvelines). Il entra en cours supérieur et complémentaire à l’école de Mantes, quitta l’école en 1938, entra chez un architecte jusqu’en septembre 1939. Il travailla comme coupeur dans la fabrique de selles pour bicyclettes et motos Reydel. En juillet 1941 il entra à la Compagnie lyonnaise des eaux et d’éclairage, 3 rue de Messine à Paris (VIIIe arr.), il y resta jusqu’en avril 1942.
Il quitta ses parents, alla vivre à Tarbes (Basses-Pyrénées, Pyrénées-Atlantiques), tomba malade, fut hospitalisé. Il regagna le domicile familial en juin 1943, travailla comme ouvrier agricole dans une entreprise de battage, allant d’une ferme à l’autre jusqu’en août.
Contacté par Camille Thibault, dit André Dubois, il accepta d’entrer dans les FTP, eut comme pseudonyme Élie Lelong en raison de sa haute taille, matricule 7018. Début septembre 1943, il participa à un attentat contre un train qui parcourait le trajet Rosny-sur-Seine – Mantes. Posté près d’un pont il attendit son passage et lança une grenade sur la plateforme de la Défense contre avion (DCA). En octobre il devint permanent appointé : 2 400 francs par mois plus les frais de déplacement et une paire de brodequins.
« Petit Jules », satisfait des résultats de ce premier attentat, lui remit de nouvelles grenades. Objectif : un train qui effectuait le trajet Paris-Cherbourg. Posté à cinq kilomètres de Mantes, il lança une grenade, mais rata sa cible. Il devint l’un des membres de l’équipe de dérailleurs ; ils étaient cinq FTP à saboter la voie ferrée de la ligne Paris-Cherbourg aux environs de Bucholay. Un train de marchandises dérailla. En octobre, une voie ferrée était sabotée par trois FTP près de la commune de La Verrière. Armé d’un revolver à barillet, il était de protection. Un rail fut déboulonné, un train de marchandises dérailla... quelques minutes plus tard le train Paris-Brest s’encastra dans les wagons.
Début novembre, nouvelle opération contre un wagon transportant une DCA aux environs de Fontenay-le-Fleury près de Saint-Cyr-l’École (Seine-et-Oise, Yvelines). Henri Duverdin visa juste. Le 17 novembre vers deux heures du matin deux FTP et lui se rendirent dans l’usine d’optique Faliez à Auffreville-Brasseuil qui travaillait pour les occupants. Ils tambourinèrent à la porte du propriétaire, lui demandant d’évacuer les lieux. Ils firent de même avec le voisinage. Ils arrosèrent le sol et les machines de bidons de liquide qu’ils pensaient inflammable... mais ce n’était pas le cas.
Le samedi 28 novembre 1943, vers 14 heures, à Versailles (Seine-et-Oise, Yvelines), en compagnie de Camille Thibault ils s’apprêtaient à dérober deux bicyclettes dans le couloir d’une maison. Manque de chance, elles appartenaient à des gardiens de la paix. Fouillé au corps, il était porteur d’une grenade et d’un couteau. Ils furent interpellés et livrés à la police de sûreté.
Interrogé, Henri Duverdin, malgré ses dix-neuf ans, biaisa avec assurance. Certainement tabassé à plusieurs reprises, il reconnut qu’il avait des sympathies pour le Parti communiste. En août 1942 les Allemands avaient exécuté Robert Buquet, âgé d’une vingtaine d’années, au stand de tir du ministère de l’Air ; cela le marqua, il l’avait connu quand il travaillait à la Compagnie lyonnaise des eaux et d’éclairage. « Je devais être affecté à un Groupe spécial d’exécution chargé de commettre des attentats. » Il cita les noms de collaborateurs notoires qui étaient visés : Marcel Déat, Marcel Bucard, Jacques Doriot et Jean-Hérold Paquis. Il déclara que ce choix le concernant s’était fait « en raison de mon cran et de mon allant ».
Il avait rencontré Paul Quillet, dit Arnoux, eut un contact avec Franz Rœckel, dit Rageac, et Henri Haudelaine, dit Jarlac. Il était membre des Groupes spéciaux depuis le 1er novembre, sa première action réalisée le 7 novembre consista à voler des bicyclettes à la consigne de la gare de Puteaux (Seine, Hauts-de-Seine). Pendant toute sa période clandestine avec les FTP et les Groupes spéciaux, il logeait dans une chambre d’un hôtel meublé au 63 ter avenue Édouard-Vaillant à Boulogne-Billancourt. Son interrogatoire dura du 30 novembre au 2 décembre.
Incarcéré à la prison de Mantes jusqu’au 1er janvier 1944, transféré à la prison de Fresnes, Henri Duverdin comparut le 28 mars 1944 devant le tribunal de la Feldkommandantur de Saint-Cloud (Seine-et-Oise, Hauts-de-Seine) qui le condamna à mort pour « activité de franc-tireur ». Le 4 avril 1944 il fut passé par les armes au Mont-Valérien.
Inhumé dans le carré des fusillés au cimetière d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne), il fut ré-inhumé dans la tombe familiale au cimetière de Soindres le 28 décembre 1944 aux côtés de son camarade de Soindres Jean Quintin fusillé avec lui.
Le secrétariat général aux Anciens Combattants accorda le 6 décembre 1945 la mention « Mort pour la France » à Henri Duverdin. Il fut homologué comme FTPF-FFI avec le grade d’aspirant, décoré de la Croix de guerre avec étoile d’argent, reconnu comme Interné Résistant. Son nom figure sur le monument aux morts du cimetière de Soindres où une rue porte son nom, une place des 7-Résistants honore la mémoire des résistants de la ville, dont celle d’Henri Duverdin.
Sources

SOURCES : Arch. PPo., 77W 2215. – DAVCC, Caen, Boîte 5/B VIII 5, Liste S 1744-222/44 (Notes Thomas Pouty). – Site Internet Mémoire des Hommes. – État civil.

Iconographie
PHOTOGRAPHIE : Arch. PPo. GB 177

Daniel Grason

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