Le 29 janvier 1944, trois maquisards FTP furent tués dans une embuscade par des Allemands. Le 12 juin 1944, un détachement composé de différentes unités allemandes et d’une trentaine de Français de la 8e compagnie de la division Brandebourg massacra 50 résistants et otages civils dont quatre survécurent à leurs blessures.

Le 29 janvier 1944, des maquisards FTP du camp de la Lance (Drôme) sont envoyés en mission pour récupérer de tickets d’alimentation à la mairie de Valréas. Cette mission est vaine puisque les tickets ne sont pas arrivés, mais, au retour, le groupe est pris dans une embuscade, trois des siens sont tués, le chauffeur est fait prisonnier, et il y a plusieurs blessés. Les obsèques des tués ont lieu le 31 et prennent un tour patriotique (usines arrêtées, présence d’une foule énorme, couronnes, chant de La Marseillaise). Une plaque au n° 12 de la rue Pasteur rappelle le drame.
GENEVÈS Henri Péru
STIVALET Maurice Luc
POINAS Auguste Mick
SOURCES  : DUFOUR Lucien-Édouard, Drôme terre de liberté. « Tu t’appelleras Paris », Valence, Editions Peuple libre/Editions Notre Temps, 1994.

12 juin 1944
Valréas, comme d’autres communes voisines de la Drôme ou de l’Enclave (qui est rattachée au Vaucluse), fit partie des localités occupées par les résistants dans le cadre du mouvement insurrectionnel qui suivit le débarquement du 6 juin 1944 en Normandie. Initié par l’Armée secrète (AS) et l’Organisation de résistance de l’armée (ORA), suivies par les Francs-tireurs et partisans (FTP), il fut particulièrement marqué en Drôme-Sud, en périphérie du Vercors. Valréas passa sous le contrôle de la Résistance à partir du 8 juin. Sur ordre de l’état-major de la XIXe Armée allemande qui se trouvait à Avignon (Vaucluse), la réaction allemande se déploya le 12 juin. Le « nettoyage » de Valréas fut confié à un groupe de combat, fort de plus de 1 200 hommes, commandé par le major Unger. Il était composé d’éléments de la 9e Panzerdivision (trois compagnies du 2e bataillon du 10e régiment de Panzergrenadiers qui dépendaient directement de lui, deux détachements de chars de la 9e section de reconnaissance et une compagnie de 32 véhicules blindés), accompagnés par une trentaine d’hommes de la 8e compagnie de la division Brandebourg, par des Feldgendarmes et 250 jeunes gens du service des travailleurs du Reich venant de Montélimar (Drôme) et par une centaine d’hommes d’un groupe de chasse de la Luftwaffe, stationné à Livron (Drôme). Outre ces quelques 1 200 hommes, la Geheim Feldpolizei d’Avignon participait aussi à l’opération.
Celle-ci fut particulièrement brutale. À Taulignan (Drôme), localité voisine de Valréas, treize personnes dont cinq civils furent exécutés et plusieurs prisonniers furent conduits à la prison de Montluc à Lyon (Rhône) où six d’entre eux se retrouvèrent parmi les hommes que les Allemands fusillèrent par la suite dans les environs de la ville.
Valréas fut encerclée à partir de midi. Une grande partie des résistants avait eu le temps de se disperser conformément aux ordres reçus, mais sept hommes furent tués à des barrages qui n’avaient pas été levés ou non loin de ceux-ci. Plus d’une vingtaine de résistants furent faits prisonniers et conduits, encordés, en ville. Après avoir menacé de la raser, les Allemands choisirent des otages parmi les hommes raflés. La population, rassemblée sur l’une des places de la commune, fut haranguée sans doute par l’un des policiers. En dépit de l’intervention du maire, cinquante quatre hommes (dont vingt-sept résistants) furent alignés contre le mur qui est devenu celui « des fusillés », le long de la route d’Orange. Le maire put en faire libérer deux, deux autres purent s’esquiver. Les autres furent abattus dans la soirée. Quarante-six furent tués, quatre survécurent à leurs blessures. Des maisons du village furent pillées.
Les corps furent déposés le 13 juin dans la chapelle des Pénitents blancs (où une plaque a été apposée) et une messe fut dite à leur mémoire. Les obsèques des victimes eurent lieu le 14 juin à 6 heures 30 sur ordre de la préfecture qui interdit au conseil municipal d’y assister et invita la population à rester chez elle. Seuls le maire et ses deux adjoints suivirent le cortège, mais, durant la journée, les tombes furent ensevelies sous les fleurs.
La délégation municipale mise en place par la Résistance décida le 31 août 1944 d’offrir aux victimes une concession perpétuelle au cimetière, d’apporter une aide financière aux familles et de baptiser l’avenue Maréchal-Foch avenue du 12-juin-1944. La stèle érigée le long du mur et portant le nom des victimes a été inscrite à l’inventaire des Monuments historiques le 22 décembre 1981. Le mausolée des 53 fusillés se trouve rue Marie Vierge, dans l’ancien cimetière communal. Le souvenir du drame est activement entretenu par l’Association des familles de fusillés, de Déportés, d’Internés, Résistants, Patriotes et Amis, de Valréas, créée le 20 novembre 1971. Elle faisait suite au Comité du Monument aux Morts, créé le 19 décembre 1946 et dissout le 24 janvier 1969.


Tués hors de la ville :
CARRIÈRE Raymond : Âgé de 21 ans, FTP
DISCOURS-BOURDET René, 40 ans, FTP
FABRE René ou Léopold, 40 ans, FFI
JARDIN Gabriel, 31 ans, FFI
JARDIN Louis, Ferdinand, Ulysse, 75 ans, civil.
LAGET Cyrille ou Éloi, 51 ans, FFI
SALLARD Julien, 41 ans, FFI


Exécutés au « mur des fusillés », route d’Orange
ANGELIN Henri : 41 ans, FFI
ARNAUD Marcel : 30 ans, otage civil
ALLOUARD René : 44 ans, FFI
BARJOL Augustin : 20 ans, FFI
BARTHÉLÉMY Raoul : 20 ans, FTP
BIANCHI Umberto : 44 ans, otage civil
BONNAVENT Jacques : 28 ans, otage civil
BORELLO Charles : 23 ans, FFI
BUEY Alfred : 30 ans, FTP
CARTIER Gustave, 39 ans, FFI
CHARASSE Jules, 22 ans, otage civil
COMBE Julien, 30 ans, FFI
CONSTANT Édouard-Roger Roger Calas, 22 ans, résistant.
COULLET Fernand, 29 ans, FFI
COURTIAL Claudius, 41 ans, FFI
DEVÈS Fernand, 21 ans, otage civil
DEVÈS François, 18 ans, son frère, otage civil
D’ISERNIA Louis, 46 ans, FFI.
FACH Marcel, 37 ans, FFI
FERLAY Émile, 19 ans, otage civil
GENOT Lucien, 29 ans, FTP
GRIMAUD René, âgé de 20 ans, FTP.
GROS Georges, 23 ans, FFI
GROS Louis, 44 ans, FFI
GUILLARD Roger, 22 ans, FFI
GUILLAUME Aimé, 31 ans, otage civil
GUINARD Raymond, 20 ans, FTP.
GUITTON Maurice, 60 ans, otage civil.
GUITTON René, 25 ans, fils de Maurice, otage civil.
HUEBER René, 22 ans, FFI
KRIEGER Georges-Adolphe, 17 ans, FFI
MARGERIN Jean, 33 ans, FFI
MARTIN Jean, 44 ans, FFI
MARY Gabriel, 37 ans, FTP
MONDAN Gilbert, 22 ans, FFI
PAUL Joseph, 59 ans, otage civil
PEYRONNET Joseph, 46 ans, FFI
RABEL Félix, 42 ans, FFI
RAUD Raymond, 26 ans, FFI
RAYNAUD Pierre, 18 ans, FFI
RENZO Roger, 22 ans, FTP
RIGAUD Pierre, 31 ans, FFI
ROUSSIN Louis-Joseph, 34 ans, FFI
TARDIEU Charles, 35 ans, otage civil
VERGIER Raoul, 31 ans, FFI
VEYRENC Jean, 24 ans, FTP
Sources

SOURCES : Arch. privées, fonds Pétré, Livre noir pour la XVe Région, Service des recherches de crimes de guerre ennemis, 4 juillet 1945. — site internet12-juin-1944valreas.over-blog.com. —Claude Arnoux, Maquis Ventoux, quelques pages de la Résistance en Vaucluse, Avignon, Les Presses Universelles, 1974. — Association des amis du Musée de la Résistance et de la Déportation, La mémoire gravée. Monuments, stèles et plaques commémoratifs de la Seconde Guerre mondiale dans le département de Vaucluse, Fontaine-de-Vaucluse, Musée d’Histoire, 2002. — Association cantonale des familles de fusillés, des déportés et Internés, résistants et patriotes de l’Enclave de Valréas, 12 juin 1944, 53 fusillés à Valréas. Récits et témoignages, Valréas, 5e édition augmentée, 2001. — Ihssane Gharbi, 1935-1945 : une décennie de vie politique et sociale à Valréas, Université de Provence (Aix-Marseille I), master Histoire, 2007. — Edmond Lamy, La Fusillade du 12 juin 1944 à Valréas, Valréas, 1946. —renseignements et archives Joseph Coutton. — Renseignements Michel Reboul, Association des familles de fusillés de Valréas.

Jean-Marie Guillon

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