Né le 2 août 1913 à Lyon (IIe arr., Rhône), fusillé sommaire le 12 juin 1944 à Neuville-sur-Saône (Rhône) ; facteur ; résistant au sein du NAP-PTT et membre des groupes francs du Ve Bureau de l’Armée secrète (AS) à Lyon.

Jean Antoine Charnay naquit à l’Hôtel-Dieu. Il était le fils de Laurent Marie Charnay, facteur aux télégraphes, et Marie Louise Duivon, demeurant 14 rue du Garet à Lyon (Ier arr., Rhône). Sa mère décéda le 31 janvier 1927. Son père déménagea au 41 rue des Tables Claudiennes à Lyon (Ier arr.). Lors de son recensement militaire, Jean Charnay était employé P.T.T. Il effectua son service militaire dans le 26e régiment d’infanterie d’octobre 1934 à octobre 1935. Libéré de ses obligations militaires, il se retira dans ses foyers au 41 rue des Tables Claudiennes. Le 28 avril 1936, il se maria à Lyon (Ier arr.) avec Marie Louise Bénédicte Deux. Ils eurent 2 enfants. Pendant la guerre, Jean Charnay demeurait avec sa famille à Villeurbanne (Rhône), 83 rue Charles Lyonnet. Il était facteur à Lyon.
Mobilisé en 1939, il fut incorporé au 140e régiment d’infanterie le 3 septembre. Le 23 novembre, il rejoignit un groupe des unités de passage au 144e dépôt d’infanterie. Le 20 décembre, il fut affecté au Centre d’instruction divisionnaire 27 (2e cie). Affecté au 140e Régiment d’infanterie alpine à compter du 7 mars 1940, il fut démobilisé le 24 juillet 1940.
Jean Charnay, alias Blanchard, entra dans la Résistance en 1941. Il fit partie des groupes P.T.T. de sabotage. Il devint ensuite responsable de l’équipe d’action directe des groupes francs des P.T.T. Avec Edouard Bontoux, il organisa des séances d’instruction une à deux fois par mois, dans des maquis proches de Lyon, afin d’entraîner les Troupes Spéciales Insurrectionnelles (T.S.I.) aux actions de représailles et au stockage d’armes. En octobre 1943, il devint agent des groupes francs Ve Bureau de l’Armée secrète. Sous les ordres de Jacques Breyton (alias Marin), il participa à de nombreuses actions. A partir de la fin de l’année 1943, il dut vivre dans la clandestinité complète. Devenu en janvier 1944 membre permanent des équipes d’action, il commanda successivement une dizaine, une trentaine, puis trois trentaines. En mai 1944, alors qu’il était en mission avec son groupe, Jean Charnay fut intercepté par des agents de la Gestapo mais il réussit à s’échapper.
Le 8 juin 1944, Jean Charnay et deux de ses hommes, Louis Chirat (alias Jacky) et Gaston Forissier (alias Farsa), revenaient de la région de Brignais (Rhône) où ils avaient récupéré des armes et des vêtements parachutés. Sur le quai de Retz (quai Jean Moulin, Lyon, IIe arr.), face au restaurant Tony, près de la place des Cordeliers, les trois résistants furent arrêtés par Francis André et conduits au siège de la Gestapo, place Bellecour. Jean Charnay fut torturé (ses compagnons le furent aussi vraisemblablement) et tous trois furent incarcérés à la prison de Montluc (Jean Charnay dans la cellule 49 semble-t-il).
Le 12 juin 1944, vers 18h, Jean Charnay, Louis Chirat et vingt-et-un autres prisonniers furent extraits de la prison de Montluc. Sous prétexte de les échanger contre d’autres détenus, les Allemands les entassèrent dans une camionnette, menottés deux par deux. Quatre soldats armés prirent place à l’arrière du véhicule pour les surveiller. Des hommes en civil et en uniforme, dont un agent français de la Gestapo, montèrent dans trois voitures. On imposa le silence aux prisonniers. Le convoi sortit de Lyon et s’arrêta vers 18h45 à Neuville-sur-Saône (Rhône), devant une carrière située sur la route de Civrieux (Ain), à 3 km environ du centre. Onze détenus furent jetés hors de la camionnette à coups de pied et de poing. Ils furent détachés et menés à 200 mètres de distance, dans un lieu isolé situé Montée du Parc (nommée anciennement Montée de la Chaumière). Ils durent se coucher à plat ventre dans un sentier. Vers 19h40, le peloton d’exécution formé d’une dizaine d’hommes tira des rafales de mitraillettes. Puis, les victimes reçurent le coup de grâce. Vint ensuite le tour des douze autres prisonniers. Ils furent conduits dans un pré, à peu de distance, et furent exécutés selon les mêmes modalités. Deux hommes du premier groupe furent blessés. L’un d’eux décéda dans la nuit à l’hôpital de Neuville-sur-Sâone, l’autre, seul rescapé, se réfugia dans une ferme. Les corps furent découverts le soir même par les autorités locales. Le 13 juin, les vingt-deux victimes furent numérotées, photographiées et inhumées dans le cimetière de Neuville-sur-Saône.
Le corps de Jean Charnay fut reconnu par son père le 2 février 1945. Le statut de Mort pour la France lui fut accordé. Il reçut le titre d’interné résistant en 1951. Il fut homologué sous-lieutenant FFI.
Sources

SOURCES : DAVCC, Caen, dossiers de Jean Antoine Charnay et de Louis Marie Philippe Chirat.— Arch. Dép. Rhône, 3335W22, 3335W9, 3335W26, 1RP3043, 3460W2, 3808W1078, 6MP704.— Arch. Mun. Lyon, acte de décès de Marie Louise Duivon.— CHRD, Lyon, ar. 1816 (dossier de René Louis Delorieux).— Note de Maurice Berne. — Bruno Permezel, Résistants à Lyon, Villeurbanne et aux alentours, 2824 engagements, 2003.—Marcel Ruby, Les N.A.P.-PTT in Comité d’histoire de la poste et des télécommunications, L’Oeil et l’oreille de la Résistance, action et rôle des agents des PTT dans la clandestinité au cours du second conflit mondial, 1986. — État civil.

Jean-Sébastien Chorin

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