Trente résistants détenus dans la prison de Montluc de Lyon (Rhône) furent exécutés sommairement par les Allemands. Deux hommes survécurent à la fusillade.

Le monument aux résistants fusillés à Roussille, Saint-Didier-de-Formans (Ain)
Le monument aux résistants fusillés à Roussille, Saint-Didier-de-Formans (Ain)
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Les deux rescapés furent, d’une part, Jean Crespo mort le 17 avril 1948 à Marseille des suites de ses blessures, et, d’autre part, Charles Perrin, mort le
10 mars 1975 à Villeurbanne. Leurs témoignages permirent de connaître avec précision le déroulement des faits.


Le massacre
Trente résistants – dont l’historien Marc Bloch - détenus à la prison de Montluc à Lyon (Rhône), furent extraits de leurs cellules le 16 juin 1944 vers 20 h. Menottés deux par deux, ils furent transportés en camion bâché escortés par une vingtaine de militaires dans deux voitures jusqu’au lieu d’exécution, un pré clos de haies et d’arbres au lieu-dit Roussille, sur la commune de Saint-Didier-de-Formans (Ain).
« Les voitures escortant les prisonniers se positionnent en travers de la route, devant et derrière le camion. Sur ordre, quatre prisonniers descendent du camion et sont dirigés vers l’entrée du pré où on leur enlève leurs menottes. A peine ont-ils le temps de parcourir quelques mètres qu’ils sont abattus par quatre tueurs postés deux par deux de chaque côté de l’entrée, derrière la haie, à l’intérieur du pré. Les autres prisonniers vont subir le même sort ; cependant deux d’entre eux, grièvement blessés vont survivre à ce massacre et sont soignés par des familles du village et conduits ensuite dans deux familles de résistants à Trévoux. » (site web de la commune de Saint-Didier-de-Formans).
Ce massacre est un acte de représailles contre la Résistance à l’endroit même où, le 11 juin, elle avait contraint un convoi allemand à s’arrêter en disposant des arbres en travers de la chaussée. Un peu plus loin, le convoi tomba dans une embuscade.
Au lendemain du débarquement allié, l’action de la Résistance s’intensifiait et les Allemands y répondirent par des mesures de répression extrajudiciaires draconiennes, des exécutions pour terroriser la population et vider les prisons des éléments que la Résistance pourrait tenter de libérer.


Les victimes.
Le site mentionné ci-dessus en dresse un portait de groupe : « Ces détenus de Montluc étaient incarcérés soit par simple dénonciation, soit pour activité anti-allemande ou faits de résistance. Ils sont natifs des Bouches du Rhône, de la Drôme, de l’Isère, de la Haute-Garonne, de l’Hérault, de la Loire, de la Haute-Loire, de la Manche, de Paris, du Rhône, de la Savoie, de la Haute-Savoie, des Vosges, d’Italie ; seuls quatre d’entre eux ne purent être identifiés. Ils sont ouvrier, artisan, militaire, mineur, avocat, fonctionnaire, professeur, universitaire… le plus jeune à dix-neuf ans et le plus âgé cinquante-huit ans. » La liste des vingt-six victimes identifiées est la suivante :


ADAM Louis
BAC Marcel
BERTOLINO Martin
BLOCH Marc
BONNET Lucien Alexandre Émile
BOUREAU Marc
BRIBAUD Francisque
CACHON Armand
CÉZARD Louis Eugène
CHAPURLAT Henri
CHAWALSKI Joseph
CLOUET Marcel
CRESPO Jean-Baptiste (rescapé)
DAVSO Francis Aimé Paul
FURBY Georges
GAYET Marius
INCONNU 20
INCONNU 24
ISABELLA Hector
JOMARD Francisque
MIGNARD Étienne
PERRIN Charles (rescapé)
PUCILOWSKI Antoni (ex inconnu n°4)
RIBAUD Maurice
ROCHE Jean-Marie
ROCHE Mathieu
ROUSSEL Fabien
VEYRIER Félix
WALUS Valentin (ex inconnu n°16)
ZENEZINI Antoine


Les quatre victimes non identifiées furent inhumées dans la nécropole nationale de La Doua, à Villeurbanne (Rhône).

Le monument de Roussille (photographie)
Ce monument, comportant une sculpture en bas relief d’André Tajana, fut inauguré le 16 juin 1946, en commémoration du massacre de vingt-huit patriotes deux ans auparavant. Son financement a été assuré par une souscription lancée par le maire et son conseil municipal.


Des représailles aux exécutions du 16 juin 1944
La violence appelle la violence. « L’horreur de ces exécutions va entraîner, à son tour, une volonté de représailles. Le 26 octobre 1944, dix prisonniers de guerre de l’armée allemande, en uniforme portant le sigle PG dans le dos, sont exécutés dans ce même pré par quelques personnes. Pour rendre impossible l’identification des corps, les papiers et objets personnels leur ont été retirés. En cette période où la débâcle de l’occupant commence à se faire sentir, cette exécution sommaire ne semble pas avoir été commanditée par quelque autorité que ce soit de la Résistance. » (site de la commune de Saint-Didier-de-Formans).
Sources

Dominique Tantin

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