Né le 31 janvier 1880 à Tartas (Landes), exécuté sommairement le 30 novembre 1944 à Gaggenau (Allemagne) ; prêtre et vicaire général ; résistant réseau SR Alliance.

Joseph Bordes était le fils de Louis, négociant, âgé de 39 ans et de Jeanne Bordes, ménagère, âgée de 35 ans.
Entré au séminaire en 1897, il fut ordonné prêtre le 15 juillet 1904 et fut chargé des diocèses d’Aire-sur-l’Adour et de Dax en 1904 puis de Mont-de-Marsan (Landes) et Fargues (Gironde). Il était aumônier dans un pensionnat lorsque la guerre fut déclarée. Mobilisé le 2 août comme infirmier, il devint aumônier au 34è R.I. avec le grade de capitaine le 5 mai 1915. Il fut blessé grièvement à Douaumont en 1916 puis à nouveau par un éclat d’obus à Craonne le 24 septembre 1918.
Curé de Gamarde-les-Bains (Landes) de 1924 à 1932, il dirigea le patronage de la Tricolore puis fut directeur des Œuvres diocésaines et professeur au séminaire de Poyanne (Landes). Il fut nommé chanoine et vicaire général de Dax (Landes) en 1936. Il fonda la Jeunesse agricole catholique (JAC) et la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) et en fut l’aumônier.
L’abbé Bordes était un ami de Camille Bouvet, membre du Réseau Alliance. Dès 1941, son domicile du n° 6 place Lonné à Dax, devint une étape pour ceux qui passaient la ligne de démarcation.
Le 1er mars 1942, il fut contacté par le commandant Chabor, afin "de faire de la recherche de renseignements sur les troupes allemandes dans la région landaise". Il s’engagea le 1er août 1943 au réseau Alliance avec le matricule "N 1500", comme agent de renseignements du secteur maritime de Bordeaux (Gironde). Il constitua rapidement un réseau d’informateurs en recrutant des adhérents de la JAC et de la JOC et devint chef d’antenne. Une de ses recrues était André Soussotte*. Il hébergea des officiers évadés et des Juifs qui voulaient gagner la zone libre ou l’Espagne.
Dans le réseau Alliance, il était connu sous le pseudonyme de "Saint Père". En octobre 1943, le chanoine Bordes reçut des jeunes du réseau Alliance et accepta qu’ils émettent à son domicile, place Lonné à Dax.
En décembre 43, l’un d’eux fut arrêté porteur de ses nom et adresse et bien qu’en étant informé, l’abbé Bordes resta sur place car il pensait avec raison que son arrestation serait un stimulant pour la résistance des prêtres du diocèse.
Le 18 décembre 1943 (le 15 selon le mémorial d’Alliance), il fut arrêté à son domicile par la Gestapo et incarcéré à la prison de Bayonne puis au fort du Hâ à Bordeaux (Gironde) le 21.
Le 16 janvier 1944, l’abbé Bordes et les membres du réseau alliance qui venaient d’être arrêtés furent transférés au camp de Compiègne et déportés le 27 janvier 1944, au camp de concentration de Buchenwald avec un convoi de 1580 détenus. Ils arrivèrent à Weimar le 29 et furent transférés le 9 mars à la prison d’Offenburg (Bade-Wurtemberg, Allemagne).
Le 4 mai 1944 le dossier d’accusation d’espionnage au profit d’une puissance ennemie fut transmis par la Gestapo de Strasbourg au Tribunal de guerre du Reich qui lui donna la classification "NN" (Nacht und Nebel-Nuit et Brouillard). Le 10 septembre Joseph Bordes et les autres accusés furent remis sans jugement à disposition de la Gestapo de Strasbourg. Ils furent transférés au camp de concentration de Gaggenau (Bade-Wurtemberg, Allemagne).le 27 octobre.
Devant l’avance alliée les allemands évacuèrent les camps et le 30 novembre au matin Joseph Bordes ainsi que ses compagnons d’infortune furent emmenés en camionnette pour une destination inconnue. Après la Libération, sur les indications d’un prêtre alsacien, l’abbé Alphonse Hett, qui avait été leur camarade de détention, un charnier fut découvert dans la forêt d’Ottenau, près de Gaggenau. Joseph Bordes avait été fusillé à cet endroit avec ses 8 camarades du réseau. Son corps fut rapatrié en France et identifié à Strasbourg le 10 juillet 1945.
Avant de mourir il écrivit : "je meurs victime de ma charité, je meurs pour ma patrie, je meurs pour ma paroisse, je meurs pour mon évêque".
Selon le réseau Alliance, il montra jusqu’au bout "un extraordinaire courage". Ce fut "une admirable figure du clergé français. Dans la région landaise son immense charité l’avait fait aimer de tous".
Il est inhumé dans un caveau sous le porche de l’église, à Gamarde-les-Bains (Landes).
Il obtint la mention "Mort pour la France" et la mention "Mort en déportation" par arrêté du 26 août 1987.
Il était depuis 1918 décoré de la Légion d’Honneur, de la Médaille militaire et de la Croix de guerre 1914-1918 avec une citation à l’ordre de l’Armée. Il obtint la Médaille de la Résistance à titre posthume.
Son nom figure sur les monuments aux morts de Dax et Gamarde, sur la plaque commémorative à sa mémoire à Dax (Landes), sur la plaque commémorative apposée sur sa maison natale, à Tartas et sur la plaque commémorative du réseau Alliance à l’entrée de la base sous-marine, à Bordeaux (Gironde) où une citation de Marie-Madeleine Fourcade accompagne la liste des membres bordelais du réseau : "Leur sacrifice a permis de renseigner le Commandement Allié sur les mouvements des navires militaires allemands, sous-marins et torpilleurs arrivant et partant de l’Arsenal de Bordeaux. Bientôt, on ne saura plus ce qu’ils ont fait, ni pourquoi ils l’ont fait, même si c’était nécessaire de le faire, voire on les plaindra d’être morts pour rien. Je voudrais qu’on ne les oubliât pas et que l’on comprît surtout quelle était la divine flamme qui les animait... Madame Marie-Madeleine Fourcade (Hérisson)."
Une rue de Saint-Paul-lès-Dax (Landes) porte son nom ainsi qu’une maison de retraite et une rue de Gamarde-les-Bains, une place de Mont-de-Marsan et une avenue de Montfort-en-Chalosse.
Sources

SOURCES : Marie-Madeleine Fourcade "L’Arche de ¨Noé" Fayard 1968. — Mémorial de l’Alliance, 1948 — Sites Internet : Archives du Bureau "Résistance" ; Bulletin de l’A.A.S.S.D.N. n°13, p.4 ; mairie de Tartas (Landes) Pays landais de Gascogne "Abbé Bordes, résistant landais" — "L’Action catholique et la Résistance dans les Landes : l’exemple de l’abbé Bordes" de Vincent Adoumié, Presses Universitaires de Rennes, 1995.— Mémorial Genweb.— État civil.

Jean Louis Ponnavoy

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