Le fort de Côte-Lorette à Saint-Genis-Laval (Rhône), où environ 120 hommes et femmes détenus à la prison du fort Montluc (Lyon) furent transportés le 20 août 1944 pour y être exécutés et leurs corps brûlés, constitue un des nombreux lieux de massacres de l’été 1944.

À l'entrée de la commune de Saint-Genis-Laval
À l’entrée de la commune de Saint-Genis-Laval
La signalétique du Fort Côte Lorette
La signalétique du Fort Côte Lorette
« Ce monument édifié sur les lieux du crime
perpétue auprès des vivants
le souvenir des morts »
Le caveau des martyrs
Le caveau des martyrs
Plaque apposée à gauche du caveau
Plaque apposée à gauche du caveau
Plaque apposée à droite du caveau
Plaque apposée à droite du caveau
SOURCE : Photos J-P. et J. Husson
A l’approche de la Libération, les Allemands entreprirent de vider les prisons, et de déporter ou massacrer les patriotes qui y étaient détenus.
Le dimanche 20 août 1944 à l’aube, alors que les troupes alliées qui remontaient la vallée du Rhône, n’étaient plus qu’à quelques dizaines de kilomètres de Lyon (Rhône), Klaus Barbie et Walter Knabb, responsables de la Sipo-SD lyonnaise, firent transférer 110 à 120 détenus juifs et résistants de la prison du fort Montluc jusqu’au fort de Côte-Lorette à Saint-Genis-Laval. Vers 9 heures du matin, les deux véhicules (un autocar et un fourgon cellulaire ou deux autocars) qui transportaient les détenus les mains attachées deux par deux, pénétrèrent dans l’enceinte du fort de Côte-Lorette. Ils étaient escortés par des soldats allemands et des auxiliaires français de la Gestapo embarqués sur cinq ou six véhicules légers. Les détenus de Montluc furent descendus des véhicules et dirigés vers la maison inoccupée du gardien, où ils furent exécutés à la mitraillette. Ils furent d’abord entassés au 1er étage de la maison, contraints d’enjamber les corps de leurs camarades avant d’être eux-mêmes exécutés. Les autres furent abattus au rez-de-chaussée. Les rafales de mitraillettes furent entendues jusqu’à 10 heures. Trois détenus tentèrent de s’enfuir. Un seul parvint à atteindre le village et à donner l’alerte. Avant de se retirer les soldats allemands arrosèrent les corps d’essence et les brûlèrent. La maison du gardien fut minée. Les explosions se prolongèrent jusque vers 14 heures.
Avisé du massacre, le commissaire régional de la République, Yves Farge, donna l’ordre au préfet Ostier et au chef départemental des FFI, Nizier, de faire exécuter en représailles 80 prisonniers allemands détenus dans le département du Rhône.
Au cours des deux jours qui ont suivi le massacre, les équipes de la Croix-Rouge, les pompiers de Lyon et les habitants de Saint-Genis-Laval ont dégagé les corps carbonisés des gravas encore fumants, et les ont déposés dans des cercueils. Dans l’immédiat , une vingtaine de corps seulement ont pu être identifiés..
Les obsèques se sont déroulées le 23 août 1944 dans le cimetière de Saint-Genis-Laval en présence du cardinal Gerlier.
Au cours des jours, des semaines et des mois qui ont suivi, d’autres victimes ont pu être identifiées par leurs familles grâce à des alliances, des dentiers, des chaussures et des lambeaux de vêtements mal consumés.

Le 28 septembre 1947, un monument a été inauguré à l’emplacement du massacre. Les cercueils ont été réunis dans un « Caveau des martyrs » qui porte l’inscription :

« Ici
reposent
120 victimes de la barbarie allemande
massacrées sur ces lieux
le 20 août 1944
dans des conditions
qui déshonorent à jamais leurs bourreaux »

Les plaques commémoratives déposées par les familles des victimes ont été scellées sur le mur de pierres de la maison du garde détruite, encadrées par deux plaques sur lesquelles sont inscrits les noms des 82 massacrés qui avaient pu être pu être identifiés à la date de l’inauguration du monument.

La plaque de gauche comporte 46 noms sous l’inscription :
« En ce lieu, le 20 août 1944 furent tués et brûlés
environ 120 hommes et femmes détenus à
la prison de Montluc, sélectionnés dans le cadre
du décret NN (Nuit et Brouillard)
- BADER Samuel
- BARD Lucien
- BEAUREGARD Alcide André
- BERNARD Eugène
- BERNHEIM Rose, née NETTER
- BONIN André
- BONNAVE Ernest Eugène Louis Joseph
- BOTON (DE) Yves, Yoeser
- BOURDIEU Pierre
- BOURSIER François
- BRAILLON Joanny
- BRIACCA Jacques
- BRINGUÉ Jean
- BRONDEL Émile
- BRUCKNER Renée, Dominique née PILAZ
- CHAPOCHNIKOFF Alexis
- CHARCOUCHET Paul
- CHAZEAUX Georges
- CONSTANT Roger
- CREGUT Maurice
- DA FONSECA Joachim
- DENAVIT Adrien
- DWERNICKI Josef (Jozef Gothard)
- FERRARIO Jean
- FREY Marcel
- FRIQUEGNON Pierre
- FROISSART Jean
- FUSS Auguste
- GARDEUX Guy
- GEOFFRAY Joannès
- GOMINET Hubert
- GRESPY-DULAC Marcel
- GUILLAUD Claude Robert
- GUTTINGER Philippe
- GUYONNEAU Henri
- HENCINSKI Paul
- HÉRITIER Antonin Félix
- HESS Albert
- HUGAND Benoit
- ITKINE Sylvain
- JAY Marcel
- LALLEMENT Charles
- LAMY Jacques
- LANOYERIE Paul
- LARUE François
- LE FORESTIER Roger »

La plaque de droite comporte 36 noms sous l’inscription :
« Dans ce caveau reposent les corps en cendres,
identifiés ou inconnus de ces résistants et internés.
Ces noms gravés sur la pierre
resteront à jamais dans nos mémoires
- LENVERS Joseph
- LEVY Mario
- LEVY-SOMMER Simone
- LOUBET Jean (« Lepage »)
- MAGGIORINI Louis
- MALIN Pierre
- MARTIN Marguerite, Daisy
- MAZOYER Jean
- MISME Gustave
- MONATTE Jean
- MONTAGUE Willie Paul
- MOREAU Raymond
- PAYÉ Francisque
- PERICHON Claude
- PLASSE Georges
- POULY Adrien Louis Édouard
- PLUGNAIRE Roger
- RAY Lurent
- RADISSON Roger
- RANDU Robert
- RICHARD Antoine
- ROCHER Jean-Jacques
- SARRAZIN Marcel
- SCHMITT René
- SCHOTT Jean
- SMITH Jean
- SOMBARDIER Henri
- SONTAG Jeanine
- THOMAS Émile André Jean
- TOURNEBIZE Régis
- VEDREINE André
- VERDELET Georges
- VEYRON-LACROIX Jean-Marie
- VIAL Alfred
- VIAL Marie Alphonse née JUNGO
- WACHTER François »

En 2004, l’Association Saint-Genoise du Patrimoine, des Arts et des Lettres (ASPAL) et les associations d’Anciens combattants de Saint-Genis-Laval ont réalisé une exposition du souvenir sur le site du fort de Côte-Lorette, à partir de documents issus du fonds Montluc des Archives départementales, ainsi que de photographies et de témoignages collectées auprès des familles des victimes du massacre.

Note de Dominique Tantin : autres victimes présumées (liste à compléter) :
BASSO Lazare Martin
GALDIN Henri Édouard
LUDWIG Roger
RENAUD E.
WILLIE Paul
Note de Jean-Luc Marquer : victimes présumées (Ass. des rescapés de Montluc, Les 15 derniers jours des internés à Montluc, 9-24 août 1944, août 2019.)
Outre Lazare Basso et Roger Ludwig, déjà cités, l’ouvrage propose les noms de :
GACHENY Alice, née PLU
GACHENY Charles
PASCALIS Gaston
Sources

SOURCES : « 20 août 1944 - Saint-Genis-Laval - fort de Côte-Lorette », exposition présentée en 2014 par l’Association Saint-Genoise du Patrimoine des Arts et des Lettres. — Dominique Lormier, Les crimes nazis lors de la Libération de la France (1944-1945), Paris, Cherche-Midi, 2014, p. 167-170. — Bruno Permezel dir., Montluc Antichambre de l’inconnu (1942-1944), Éditions BGA Permezel, 1999. — Ass. des rescapés de Montluc, Les 15 derniers jours des internés à Montluc, 9-24 août 1944, août 2019. — Note Dominique Tantin. — Note Jean-Luc Marquer. — Mémorial GenWeb, Caveau des Martyrs (58 noms).

Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson, Dominique Tantin

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