Née le 16 janvier 1914 à Calais (Pas-de-Calais), guillotinée le 18 août 1942 à Berlin-Plötzensee (Allemagne) ; traductrice en Allemagne ; résistante en Allemagne dans le groupe de Marianne et Herbert Baun.

Stèle à Berlin
Fille de Auguste employé de commerce, et de Suzanne Rault, après des études poursuivies jusqu’à l’EPS, Suzanne Vasseur partit pour l’étranger pour améliorer ses connaissances, en Angleterre d’abord, puis en Espagne et enfin en Allemagne où elle rencontra celui qui devint son mari en 1936, Richard Wesse. De leur union naquit en avril 1937 une petite fille, Catherine. Richard était communiste et également Juif. Opposant convaincu au régime nazi, il appartint à ce microcosme des Allemands antihitlériens engagés dans la résistance. Richard et Suzanne militaient dans le groupe animé par Herbert et Marianne Baun.
Selon Lucien Steinberg, historien de la résistance juive : « C’est vers la fin de l’été 1937 que s’est constitué à Berlin un des groupements de résistance les plus extraordinaires, celui d’Herbert et Marianne Baun. Extraordinaire parce que constitué au centre même de la capitale du Reich nazi et parce que composé fondamentalement de gens appartenant aux groupes humains les plus résolument combattus et traqués par le nazisme, des juifs et des communistes voire des communistes juifs ». Le groupe de Herbert et Marianne Baun milita dans un secteur couvrant le centre de Berlin .Un survivant, Richard Holzer , dont Jean Marie Fossier a retrouvé la trace en Allemagne de L’Est, a indiqué : « J’ai adhéré fin 1939 au groupe d’Herbert Baun mais je n’ai vraiment connu Suzanne Vasseur qu’en juin 1940. À partir de cette période, je l’ai vue presque chaque jour, jusqu’à sa mort. Tout ce qui me reste d’elle, c’est une mauvaise petite photo et Le chant du monde de Giono. Elle était très férue de Jean Giono et nous n’avons jamais terminé nos discussions à ce sujet.
Il est certain qu’elle possédait la faculté, grâce à des dons brillants, de rendre familiers en peu de temps, des problèmes idéologiques et politiques. Ce qui ensuite la poussait à traduire en actes ce qu’elle avait reconnu comme juste. Grâce à ses ressources personnelles puis à des travaux de traduction bien rétribués, Suzanne Vasseur put aider financièrement le groupe de résistance. Elle prit part à la confection d’innombrables tracts, ou même les a écrits ».
Le 19 mai 1942, le groupe passa à l’action directe en mettant le feu à une exposition antisoviétique installée par Goebbels sous le nom ironique du « Paradis soviétique », dans le Lustgarden. Suzanne Vasseur était accompagnée de son amie Sala et assurait la couverture de celui qui mit l’explosif à retardement dans la reconstitution d’une Isba. Il y eut un incendie, plusieurs personnes furent blessées. L’effet psychologique fut indéniable. Les représailles furent brutales et sanglantes. 500 juifs berlinois furent fusillés à la caserne SS Lichtenfelde-West et au camp de Sachsenhausen.
Quarante- huit heures après l’attentat, Herbert Braum et sa femme étaient arrêtés. Trois jours plus tard ce fut le tour de Susanne Vasseur et de son mari. Après des tortures abominables, quatorze résistants payèrent de leur vie l’incendie allumé à l’exposition antisoviétique, à l’exception d’un seul qui réussit à passer en Hongrie, Richard Holzer, dont le témoignage est cité plus haut.
Enfermée à la prison des femmes de la Barninstrasse, Suzanne Vasseur fut transférée à celle de Plötzensee (Berlin-Charlottenburg) avec son amie Sala Kochmann qui était grièvement blessée, après avoir essayé de se suicider en sautant du 3e étage de l’immeuble de la police. Toutes deux furent guillotinée le 18 août 1942 à la prison de Plötzensee.
Suzanne Vasseur avait réussi à confier sa fille à une amie, Miggi Revih. La petite Catherine survécut ; elle est aujourd’hui mariée et mère de deux enfants. Sur une stèle du cimetière juif de Berlin-Weissensee, sont gravés les noms de tous les membres du groupe Herbert Baum et parmi eux celui de Suzanne Vasseur.
Sources

SOURCES : Robert Chaussois, Calais le dernier round Août 1944 Mai 1945, imprimerie centrale de l’ouest La Roche sur Yon. — René Lesage 100 Figures de la résistance dans le Pas-de-Calais, renseignements auprès de M Bruno Vasseur oncle de Suzanne. Monsieur Dominique Durand Président de l’association Française Buchenwald-Dora. Monsieur Floréal Barrier ancien déporté de Buchenwald-Dora. — Edition Spéciale du journal Liberté supplément Spécial 30e Anniversaire N° 69 du 24/11/74. — Jean-Marie Fossier, Zone interdite, op. cit. — État civil N°89. — Sala Kochmann

René Vandenkoornhuyse

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