Plumelec, mémorial SAS du Moulin de la Grée (Morbihan), juin-août 1944
En 1989, la commune de Plumelec (Morbihan) a été choisie pour l’érection du mémorial qui rend hommage aux soixante-dix-sept parachutistes SAS de la France libre morts au combat, abattus, exécutés sans jugement ou décédés des suites de leurs blessures en Bretagne. Ce mémorial est devenu un haut-lieu de la mémoire résistante bretonne.

Le site de Plumelec : moulin de La Grée et mémorial SAS

Le mur des noms


« Aux parachutistes SAS qui donnèrent leur vie en Bretagne pour la libération de la France5 Juin à août 1944 »

Le blason des SAS :
« Who dares Wins »
( Qui ose gagne)

Le mémorial SAS


Panneau signalétique retraçant l’histoire des SAS


Le moulin de La Grée et la stèle du Souvenir français

Plaque honorant la mémoire des SAS polynésiens
Source : Photos J-P. et J. Husson
Dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, une équipe de neuf parachutistes SAS commandée par le lieutenant Pierre Marienne fut larguée dans le secteur de Plumelec, près du moulin de la Grée. Ils ignoraient que ce moulin était utilisé comme poste d’observation par les Allemands qui donnèrent immédiatement l’alerte. La zone de largage fut encerclée et .trois opérateurs-radio, Pierre Etrich, Louis Jourdan et Maurice Sauvé furent faits prisonniers. Le caporal Émile Bouétard fut tué au combat au lieu-dit Le Halliguen en Plumelec en faisant face à l’ennemi, permettant ainsi au lieutenant Pierre Marienne et aux autres membres de l’équipe de se replier.
Le lieutenant Pierre Marienne rejoignit ensuite le ferme de la Nouette sur le territoire de la commune de Sérent choisie comme point de ralliement des SAS largués au-dessus du Morbihan, bientôt rejoints par les SAS largués au-dessus des Côtes-du-Nord (Côtes-d’Armor), et où le commandant Bourgoin établi son quartier-général. Plusieurs milliers de résistants appartenant aux Forces françaises de l’intérieur (FFI) et aux Francs-tireurs-et-partisans-français (FTPF) furent rassemblés et armés dans un important maquis organisé sur le territoire de la commune de Saint-Marcel toute proche. Leur mission était de fixer les troupes allemandes stationnées dans le Morbihan, afin d’empêcher ou au moins de retarder l’arrivée des renforts sur le front de Normandie.
Après l’attaque du camp de Saint-Marcel le 18 juin 1944, qui contraignit les SAS et les FFI à décrocher et se disperser, le lieutenant Pierre Marienne fut chargé de regrouper les SAS qui étaient restés dans la partie orientale du département du Morbihan pour y organiser la guérilla.
Le 12 juillet 1944 à l’aube, dans le village de Kérihuel en Plumelec, un groupe de parachutistes SAS et de FFI commandé par Pierre Marienne fut surpris dans son sommeil par un groupe d’agents français du FAT 354 (Front Aufklärung Truppe), renseigné par les miliciens du Bezen Perrot et du Parti national breton. Au cours de cette opération, dix-huit patriotes furent exécutés sans jugement : sept parachutistes SAS, huit FFI et les trois agriculteurs qui les hébergeaient et les ravitaillaient.
Ce n’est donc pas un hasard si la commune de Plumelec a été choisie pour y ériger le mémorial des SAS tués en Bretagne. Émile Bouétard a été reconnu comme le « premier mort des troupes débarquées pour la Libération », et le site de Kérihuel est devenu après la guerre un lieu de mémoire très important.
Le mémorial SAS de Plumelec a été érigé près du moulin de La Grée en 1989. Il a été conçu et réalisé par le sculpteur Jean Mélinard, ancien parachutiste SAS.
À l’entrée du site, au pied du moulin de La Grée, le Souvenir français a érigé une pierre dressée sur laquelle est sculptée une croix de Lorraine et scellée une plaque portant l’inscription : « Espace du Souvenir français ». Sur une stèle pierre massive est gravée l’historique des SAS :
« [...] Début juin, le colonel Bourgoin et son adjoint le commandant Puech Samson qui commandent le 4e SAS (2e RCP) apprennent au QG allié que " Overlord " l’opération du débarquement sur les côtes de France est imminente et que leur unité aura l’honneur d’être la première de toutes à être lancée dans la bataille pour la libération de la France d’abord, de l’Europe ensuite.
C’est ainsi que dans la nuit du 5 au 6 juin 1944 les " Sticks " des capitaines Botella et Deschamps sont parachutés près de la Forêt de Duault (Côtes du Nord) pour créer une base opérationnelle codée " Samwest ". Les capitaines Deplante et Marienne sont de leur côté largués plus au sud avec leurs hommes pour créer " Dingson " dans le Morbihan [...]
La mission générale des SAS était essentielle : coûte que coûte ils devaient empêcher les forces allemandes stationnées en Bretagne, de rejoindre les défenses ennemis s’opposant aux Alliés en Normandie. La bataille durera deux mois. Acharnée, souvent tragique, elle sera victorieusement menée, au coude à coude, avec les puissants maquis locaux armés par les SAS. Nos camarades dont les noms sont inscrits à tout jamais en ce lieu donnèrent leur vie en pays breton pour que leur mission soit accomplie et la victoire obtenue.
Pour ces hauts faits d’armes, le drapeau des parachutistes Français libres du Special Air Service fut décoré de la Croix de la Libération par le général de Gaulle le 11 novembre 1944 à l’Arc de Triomphe de l’Étoile »
Devant le monument, le blason représentant l’épée Excalibur auréolée de flammes, et la devise des SAS « Who Dares Wins » (Qui ose gagne) sont scellés sur une pierre plate ainsi qu’une plaque commémorative en métal portant l’inscription :
« Aux parachutistes SAS qui donnèrent leur vie en Bretagne pour la libération de la France - 5 Juin à août 1944 »
Sur un long mur de pierre sont incrustées trente-neuf Croix de Lorraine couleur de brique, portant les noms de soixante-dix-sept parachutistes SAS :













































































À l’extrémité gauche du monument a été scellée une plaque commémorative qui rend hommage aux SAS originaires d’Océanie :
« Ici, en Juin 1944, ont combattu dans les rangs des parachutistes de la France libre dix enfants venus d’Océanie (E. F. O).
En hommage à leur engagement et leur courage.
Les Polynésiens dans la guerre-entreprise de mémoire
" Ia ha’amana’o tatou i to tatou mau ‘ aito tahiti i tama’i ‘u’ ana i ô nei " »
SOURCES : Arch. Dép. Morbihan, 41J 46 et 47. — Henry Corta, Les Bérets rouges, Amicale des anciens parachutistes SAS, Société nationale des entreprises de presse, 1952. — Paul Bonnecarrère, Qui ose vaincra-Les parachutistes de la France libre, Arthème Fayard, 1971. — Roger Leroux, Le Morbihan en guerre 1939-1945, Joseph Floch imprimeur-éditeur, Mayenne, 1978. — Joseph Jégo, 1939-1945 Rage Action Tourmente au Pays de Lanvaux, Imprimerie La Limitrophe, 1991. — Kristian Hamon, Le Bezen Perrot : 1944, des nationalistes bretons sous l’uniforme allemand, Yoran Embanner, 2005 et Agents du Reich en Bretagne, Morlaix, Skol Vreizh, 2011. — René Le Guénic, Les Maquisards chez nous en 1944 et Morbihan, Mémorial de la Résistance, Imprimerie Basse Bretagne, Quéven, 2013. —" Lieux mémoriels en Morbihan , dossier en ligne sur le site Internet Les Amis de la Résistance du Morbihan, ANACR-56. — François Souquet, " Le drame de Kérihuel ", site Internet du Souvenir français-Comité de Ploubazlanec (Côtes du Nord, Côtes d’Armor). — " Juin 1944, les SAS français sautent en Bretagne ", dossier mis en ligne le 30 septembre 2012 sur le site Internet Normandie 1944, l’été de la Liberté.— Site " Parachutistes SAS de la France libre 1940-1945 ".
Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson