Né le 9 novembre 1897 à Louvières (Calvados), exécuté sommairement le 6 juin 1944 à Caen (Calvados) ; agriculteur et facteur des PTT ; résistant du réseau SR Alliance.

Désiré Lemière était le fils de Alphonse Joseph, journalier, âgé de 48 ans et de Victorine Alexandrine Étienne, couturière, âgée de 32 ans. Il se maria le 18 octobre 1924 à Louvières avec Madeleine Augustine Léontine Demaine. Il en eut trois enfants.
Il était agriculteur à Saint-Laurent-sur-Mer, au hameau de Fosses Taillis, mais comme ses terres en partie réquisitionnées et minées ne pouvaient être suffisamment exploitées, il dut prendre un emploi de facteur auxiliaire de la Poste à Saint-Laurent-sur-Mer (Calvados).
Contacté par Georges Thomine, membre du réseau de renseignements militaires "Alliance", il rejoignit l’organisation le 1er janvier 1943, avec le pseudonyme "Chordeille", comme agent de liaison et de renseignement sur la région normande, secteur "Ferme". En faisant journellement ses tournées entre Saint-Laurent et Colleville, il pouvait observer l’évolution des fortifications du Mur de l’Atlantique sur le secteur d’Omaha (armement, emplacement des champs de mines, situation des troupes etc.). Il transmettait ensuite ses informations à Robert Douin, responsable du secteur du Calvados.
Il fut arrêté par la police allemande dans sa ferme le 5 mai 1944 avec tout son groupe, à la suite de l’infiltration du réseau par l’Abwehr et interné à la maison d’arrêt de Caen.
Le jour du débarquement en Normandie le 6 juin 1944 et suite au bombardement de la gare de Caen, le chef du SD de Caen, Harald Heynz décida d’éliminer la plupart des prisonniers afin qu’ils ne soient pas libérés par les troupes alliées. Désiré Lemière fut sorti de sa cellule et conduit ainsi que 86 autres résistants dans une courette du chemin de ronde de la prison où il fut abattu d’une rafale dans la nuque. Les corps des victimes furent inhumés provisoirement dans une cour de la prison. Dès le lendemain 7 juin, les britanniques donnaient le premier assaut à la ville. Le 30 juin devant l’imminence de la prise de la ville, les allemands exhumèrent les corps pour les faire disparaître sans laisser de traces. Ceux-ci furent transportés en camion en un autre lieu à l’ouest de la ville, probablement dans des carrières de calcaire. Selon certains témoignages, ils auraient pu être emmenés près de Rouen, dans la forêt de La Londe, à l’entrée de laquelle une stèle "À la mémoire des victimes du nazisme dans la forêt de La Londe 1940-1944" a été érigée et incinérés dans une carrière en contrebas. Les corps n’ont donc pas été retrouvés pour être identifiés. Des bûcherons ont vu à cet endroit des camions et des soldats allemands, ainsi qu’une épaisse fumée. En même temps, il y avait une odeur de corps qui brûlent. Cela dura deux jours. S’agissait-il des fusillés de Caen ? Le mystère demeure.
Désiré Lemière obtint la mention "Mort pour la France" et le titre "Interné résistant" le 18 janvier 1963, ainsi que la Médaille militaire, la Croix de guerre, la Légion d’honneur et la Médaille de la Résistance.
Son nom figure sur le monument commémoratif aux déportés et fusillés, résistants de Bayeux et du Bessin, à Bayeux, sur la plaque commémorative de la poste aux victimes de la Guerre 1939-1945, à Caen et sur les monuments aux morts, à Saint-Laurent-sur-Mer et Vierville-sur-Mer (Calvados).
Une plaque apposée sur le mur d’entrée de la prison de Caen porte l’inscription suivante : « À la mémoire des prisonniers fusillés par les allemands le 6 juin 1944. L’oppresseur en les tuant a cru les faire mourir, il les a immortalisés ».
Une rue de Saint-Laurent-sur-Mer porte son nom.
Sources

SOURCES : Marie-Madeleine Fourcade : L’Arche de Noé. Paris, éd. Fayard 1968.— Mémorial de l’Alliance, 1948.— Site Internet Omaha Beach Mémoires, avec le témoignage de sa fille Simone.— Site en ligne Le forum du débarquement et de la bataille de Normandie — Mémorial GenWeb.— État civil.

Jean-Louis Ponnavoy

Version imprimable