Né le 3 juillet 1910 à Châlons-sur-Marne (Châlons-en-Champagne, Marne), exécuté sommairement le 29 août 1944 à Robert-Espagne (Meuse) ; agent SNCF ; Résistance-Fer, FFC.

Antoine Arnaud
Antoine Arnaud
SOURCE : Photo Mémorial GenWeb
Dans le cimetière de l'Est à Châlons-en-Champagne
Dans le cimetière de l’Est à Châlons-en-Champagne
Sur le monument de Robert-Espagne
Sur le monument de Robert-Espagne
Dans l'église Sainte-Pudentienne </br>de Châlons-en-Champagne
Dans l’église Sainte-Pudentienne
de Châlons-en-Champagne
Sur le monument aux morts de Châlons-en-Champagne
Sur le monument aux morts de Châlons-en-Champagne
SOURCE :
Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson
Antoine Arnaud était le fils de Germaine Charlotte Roicomte, domestique. Il a été légitimé par le mariage de sa mère avec Eugène Armand Arnaud le 17 décembre 1910 à Châlons-sur-Marne. Il avait épousé Cécile Courmeaux le 23 novembre 1936 à Châlons-sur-Marne. Le couple, qui avait deux enfants, était domicilié à Robert-Espagne (Meuse) où Antoine Arnaud exerçait la profession de facteur mixte aux chemins de fer.

Le 29 août 1944, alors que ses habitants attendaient la libération qu’ils sentaient toute proche, le village de Robert-Espagne dans la Meuse connut des heures tragiques. À 8 heures 30, au lieu-dit Belle Épine situé dans la Forêt de Trois-Fontaines, à trois kilomètres de Robert-Espagne, un groupe de résistants a accroché un convoi motorisé allemand. Au cours de cet accrochage un officier allemand aurait été blessé. Vers 10 heures 30, des soldats allemands investirent le bourg de Robert-Espagne et en bloquèrent toutes les issues. Vers midi, ils lancèrent des grenades dans le bureau de poste et commencèrent à rafler tous les hommes. Ceux qui cherchaient à s’enfuir furent abattus. Les maisons, après avoir été fouillées, furent pillées, puis incendiées au moyen de plaques de phosphore.
Quarante-neuf hommes furent regroupés sur le talus de la voie ferrée à côté de la gare, où on leur fit creuser une tranchée. Parmi eux se trouvaient une dizaine de cheminots dont Antoine Arnaud.
Vers 15 heures, ils ont été abattus à la mitrailleuse et achevés au pistolet.

On a longtemps cru que ce massacre avait été perpétré par des SS. L’historien Jean-Pierre Harbulot a établi qu’il s’agissait de soldats du 29e Régiment de Panzergrenadier, une « unité conventionnelle de l’armée régulière », autrement dit des « soldats ordinaires » de la Wehrmacht. Ce régiment faisait partie de la 3e Division de Panzergrenadier qui, après avoir combattu sur le front de l’Est en Russie, puis en Italie dans la région de Florence, a été ramenée en Allemagne, rééquipée et renforcée, puis envoyée en France pour protéger la retraite de la Wehrmacht et ralentir l’avancée de la IIIe Armée américaine du général Patton.
Du 29 au 31 août 1944, des unités appartenant à ce régiment se sont livrées à des exactions dans les villages meusiens de la vallée de la Saulx, Robert-Espagne, Couvonges, Beurey-sur-Saulx et Mognéville, ainsi qu’à Sermaize-les-Bains dans la le département de la Marne : exécutions sommaires, massacres de civils, maisons incendiées.

Une mention marginale ajoutée à l’acte de naissance d’Antoine Arnaud en mairie de Châlons-en-Champagne le déclare qu’a été « fusillé par les Allemands à Robert-Espagne (Meuse ) le 29 août 1944-Avis gendarmerie ».

Antoine Arnaud est inhumé dans le cimetière de l’Est de Châlons-en-Champagne.

Il a été reconnu « Mort pour la France » et a été homologué FFC. Il a été cité à l’ordre de la SNCF.

Dans la Meuse, la mémoire d’Antoine Arnaud est honorée sous deux orthographes erronées à Robert-Espagne : « Marcel Arnault » sur la liste du monument des martyrs du 29 août 1944 ainsi que sur la plaque commémorative 1939-1945 de l’église, et sous le nom de « Marcel Arnauld » sur la plaque commémorative SNCF déposée au pied du monument.
Dans la Marne, le nom d’Antoine Arnaud est inscrit à Châlons-en-Champagne sur une plaque apposée dans l’église Sainte-Pudentienne avec la mention « otage fusillé » et sur le monument aux morts de la ville.
Sources

SOURCES : SHD, Vincennes, GR 16 P 17442 et 55 E 432, Enquête sur le massacre de la vallée de la Saulx (12 avril 1945). – CAH SNCF le Mans cotes 118LM. – Libération sanglante de quatre villages meusiens, 29 août 1944-29 août 1969, Imprimerie du Barrois, Bar-le-Duc, 1969. – Hervé Barthélémy et Thomas Fontaine, In : Cheminots victimes de la répression 1940-1945 Mémorial sous la direction de Thomas Fontaine, éd. Perrin/SNCF Paris, 2017. – Jean-Pierre Harbulot, " Les massacres du 29 août 1944 dans la vallée de la Saulx et leurs suites judiciaires ", in Philippe Martin et Noëlle Cazin (dir.), Meuse en guerres, Bar-le-Duc, Société des lettres, sciences et arts, 2010. – Mémorial Genweb. – État civil, Châlons-en-Champagne (acte de naissance) ; Robert-Espagne (acte de décès en attente).

Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson, Jean-Louis Ponnavoy

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