Né le 14 juillet 1899 à Thézan-lès-Béziers (Hérault), mort le 10 juin 1944 à Saint-Gaudens (Haute-Garonne) ; agriculteur à Marsoulas ; victime civile de la division Das Reich, grièvement blessé, décédé après avoir été abattu par des SS

Emmanuel était le fils de Pierre Dedieu âgé de trente-huit ans, né à Betchat (Ariège) — un village distant de moins de 1 kilomètre de Marsoulas — et de son épouse Adélaïde Pouech âgée de vingt-neuf ans. Le couple était alors domicilié rue de l’École à Thézan-lès-Béziers (Hérault), un village du Bitterois viticole, où Pierre Dedieu exerçait le métier d’étameur.
Adulte, Emmanuel Dedieu revint à s’installer à Marsoulas, près du village natal de son père. Il s’y maria le 27 novembre 1926 avec Jeanne, Marie, Céleste, Ida Dancausse, née à Marsoulas le 13 avril 1906, fille Lucien, Jean-Marie cultivateur de quarante ans et de Rosalie Anglade âgée de trente-six ans. Les Dancausse étaient une famille catholique très pratiquante.
Le beau-frère d’Emmanuel Dedieu, frère de sa femme Jeanne Dancausse, l’abbé Dencausse, exerçait son ministère à Arbas (Haute-Garonne, village montagnard commingeois.Il vint à Marsoulas après le drame dont fut victime ce petit village.
Emmanuel Dedieu prit la tête d’une exploitation agricole. Le couple eut deux filles : Georgette née le 9 août 1927 et Thérèse née le 13 avril 1930.
Le 10 juin 1944, les Dedieu furent les premières victimes de la 10e compagnie du régiment de grenadiers Deutschland de la division blindée SS Das Reich venue éradiquer les maquis implantés dans Petites Pyrénées, le maquis de Betchat (FTPF) et le maquis de Cazères (AS). En effet la ferme des Dedieu était située à 200 m de l’entrée de Marsoulas lorsqu’on vient de Mazères et Cassagnes par la RD 62, trajet emprunté par le détachement de la division Das Reich. À 7 heures du matin, Jeanne Dedieu était sortie pour traire ses vaches. Elle aperçut la colonne allemande qui montait vers Marsoulas et vint prévenir la famille. Emmanuel Dedieu indiqua aux Allemands qui l’interrogeaient qu’il n’y avait aucun « terroriste » dans le village. Mais coups de feu tirés par deux FTPF (Camille Weinberg et Jean-Marie Manens) juchés sur le clocher de l’église toute proche déclenchèrent la furie des SS. Ils pénétrèrent dans la maison des Dedieu, blessèrent grièvement Emmanuel et Jeanne Dedieu. Le premier survécut momentanément à ses blessures mais son épouse moins gravement atteinte, surmonta cette épreuve. Auparavant, leurs filles Georgette et Thérèse et l’ouvrier agricole de la famille Jean Edmond avaient été grièvement blessés et périrent rapidement : ils furent les premières victimes de la tuerie de Marsoulas. Avant de quitter la maison , un (ou des ) SS tira deux balles de révolver sur Emmanuel Dedieu, aggravant considérablement son état.
Après le départ des SS, Emmanuel Dedieu fut transporté à l’hôpital de Saint-Gaudens, le principal centre urbain du Comminges, sous-préfecture de la Haute-Garonne. Il y expira le jour même, peu avant minuit.
Voir Marsoulas (Haute-Garonne), 10 juin 1944
Sources

SOURCES : Arch. dép. Hérault, 3 E 322 / 27, état civil de Thézan-lès-Béziers (1893-1904), acte de naissance d’Emmanuel Dedieu et mention marginale. — Arch. dép. Haute-Garonne, 1 E 12, état civil de Marsoulas (1903-1912), acte de naissance de Jeanne Dancausse et mention marginale. — Roland Dorgelès, Carte d’identité. Récit de l’Occupation, Paris, Albin Michel, 1945, 191 p. [p. 40, 44]. — Michel Goubet, « La répression allemande et milicienne dans la vallée du Salat et aux alentours. 10 et 11 juin 1944 » et « Le massacre de Marsoulas » in La résistance en Haute-Garonne, CDROM, Paris, AERI (Association pour des études sur la résistance intérieure), 2009. — Guy Penaud, La « Das Reich » 2e SS Panzer Division, préface d’Yves Guéna, introduction de Roger Ranoux, Périgueux, La Lauze, 2e édition, 2005, 558 p. [pp. 378-383, pp. 520-521. — Roger Prost, « En Comminges sous l’occupation. Événements après le 6 juin », Revue du Comminges, Revue d’histoire, d’archéologie, de géographie et de sciences naturelles du Comminges et des Pyrénées centrales, 109, 1994, pp. 404-443 [p. 409]. — « Le massacre d’une population innocente
à Marsoulas en Comminges, le 10 juin 1944 », texte rédigé par un des fils, né en 1941, du maire de Marsoulas, Jean Blanc, site aspetinf.chez.com/assoc/Marsoulas, consulté le 11 septembre 2019. — Mémorial Verdier Forain.(Toulouse), en ligne, consulté le 31 juillet 2019. — Musée de la Résistance en ligne, consulté le 1er août 2019. — MemorialGenWeb consulté le 1er août 2019.

André Balent

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