Né le 31 janvier 1894 à Fournols (Puy-de-Dôme), exécuté sommairement par fusillade le 19 mai 1944 à Fournols (Puy-de-Dôme) ; militaire de carrière ; résistant, chef de Bataillon au sein des Forces françaises de l’intérieur (FFI).

Stèle commémorative à la mémoire du commandant Fonlupt et de son épouse, à Fournols
Fils de Jean et de Marguerite, née Genestier, Jean Fonlupt épousa Antoinette Visse. Ils eurent un fils né en 1918.
Jean Fonlupt fut militaire de carrière, accédant au grade de commandant.
Il reçut la Croix de guerre 1914-1918, la médaille commémorative Syrie-Liban pour son intervention ici en 1925.
Il participa à la campagne de mai-juin 1940 dans plusieurs secteurs, notamment la Meuse, recevant à ce titre plusieurs citations. Arrêté en juin 1940, il parvint à s’évader.
A son retour, il fut nommé commandant de la place d’armes de Lapalisse (Allier) mais fut relevé de ses fonctions par le gouvernement de Vichy pour ne pas avoir montré suffisamment d’empressement à l’égard des autorités allemandes. Selon une autre version, celle de Johanès Chamoret, chef du Comité de Résistance de Fournols, c’est en 1942, qu’il il fut obligé de quitter le commandement de la place de Lapalisse parce qu’il était recherché par le SD alors qu’il avait la mission de camoufler du matériel militaire. Son frère indique qu’il se sentait menacé car les pièces qu’il avait constituées pour dissimuler à l’occupant un certain nombre de bêtes de sommes, avaient disparu de son coffre à Lapalisse. Il aurait été aussi membre du 2ème Bureau, les renseignements de l’armée.
Il fut alors placé en position de commandant d’infanterie en position de congés d’armistice et retourna alors dans sa commune de naissance où son frère était cultivateur.
Dès son arrivée, Jean Fonlupt s’investit dans la Résistance ; en particulier, on lui doit le camouflage d’armes parachutées, de véhicules, le recrutements de réfractaires. Il rejoignit ainsi en novembre 1942 le Comité de Résistance de Fournols. L’arrivée d’un officier aux 11 citations contribua à renforcer l’autorité morale de ce Comité, selon l’attestation de Johanès Chamoret. Ce Comité fut particulièrement actif dans un secteur boisé et éloigné des grands centres. Le commandant Fonlupt présidait à l’instruction militaire des soldats et des cadres.
Il intégra les FFI d’Auvergne à partir du 3 avril 1944. Dans les semaines précédant le débarquement la radio des Alliés lança des appels aux officiers et sous-officiers d’active afin qu’ils rejoignent la Résistance. Le Commandant Fonlupt fut chargé de prendre la tête d’une colonne de Résistants pour rejoindre les maquis du Cantal, après l’appel du colonel Gaspard. Il projeta de convoyer par camions une centaine d’hommes venus du secteur d’Ambert (Puy-de-Dôme) et des communes avoisinantes. Des camions devaient les emmener à Chambon-sur-Vollore puis des camions venus d’Ambert devaient les récupérer Le départ était projeté le soir du 18 avril à minuit, avec comme lieu de rendez-vous le café Parot à Fournols. 3 camions devaient s’arrêter à Fournols. Les 24 hommes du secteur arrivèrent avec leur sac et certains leurs armes, mais les camions eurent du retard. En attendant, les hommes en profitèrent pour faire la fête, dans l’enthousiasme de ce départ en masse. C’est alors qu’à 4h30 du matin, arriva un détachement allemand avec 3 camions venant de Saint-Germain-l’Herm, composé d’hommes ayant bu. Les soldats venaient d’Issoire et appartenaient au Bataillon d’artillerie 28. Ils occupent tous les carrefours donnant accès à Fournols.
Le commandant Fonlupt entendant du bruit se dirigea vers l’école mais Johanès Chamoret, l’instituteur du village et chef du Comité de Résistance ayant vu les Allemands, était déjà parti. Jean Fonlupt rentra alors chez lui et confia être inquiet pour le sort des maquisards après avoir vu de la lumière. Il n’entendit pas cependant les quelques tirs allemands contre des jeunes qui ont pu s’échapper (cette nuit il y avait aussi 2 ou 3 bals clandestins dans les communes ou lieux dits environnants, certains jeunes qui rentraient à pied au village ont failli être pris pour cible). Il décida donc de repartir pour avertir les jeunes Résistants du danger à rester dehors, malgré les avertissements de sa femme pour l’en dissuader.
C’est en se rendant vers le boulanger qu’il croise deux sentinelles allemandes qu’il confond avec des réfractaires et qu’il apostrophe en leur demandant de fuir en raison de l’arrivée des Allemands. Les sentinelles appellent des renforts et le commandant est arrêté. Il explique qu’il se rendait à l’école pour aller chercher des enfants pour les amener à l’épreuve du CEP, espérant fuir en se rendant l’école. Arrivé à l’école, il essaye de fuir dans l’obscurité mais il trébuche et il est abattu par trois coups de feu et il est déchiqueté par l’explosion d’une grenade. Selon le témoignage ultérieur d’un prisonnier allemand, ayant recueilli lui-même les témoignages des hommes ayant participé à cette expédition, le commandant Fonlupt aurait voulu s’enfuir au moment de son arrestation et aurait été déchiqueté par l’explosion d’une grenade qu’il portait sur lui. L’enquête pour crime de guerre confirme que son corps fut déchiqueté mais réfute la version du rapport allemand, affirmant qu’il s’agissait d’un faux manifeste. Le commandant n’avait pas de grenade sur lui et on a retrouvé sur place la rosace d’une grenade allemande.
Les Allemands récupérèrent son corps dans un sac de boucherie pour le jeter sur un trottoir à Issoire (Puy-de-Dôme), devant la gare, où il fut remis aux autorités françaises avec ordre de "l’enterrer comme un chien". Le gardien du cimetière d’Issoire refusa d’enterrer le corps comme lui demander les Allemands, car la procédure n’était pas réglementaire. Ensuite le corps fut déposé à la morgue de l’hospice d’Issoire par les Allemands et rendu à la famille le lendemain. Jean Fonlupt fut inhumé le 22 mai en présence de 6 gendarmes seulement.
Les Allemands allèrent chercher le docteur du village, le docteur Fréjafon pour indiquer l’identité de l’homme qui avait abattu. celui-ci répond ne pas pouvoir l’identifier, évitant ainsi un choc à la femme du commandant qui s’était approchée après avoir entendu les coups de feu. Mais le secrétaire de mairie identifia Jean Fonlupt et le docteur fut immédiatement arrêté avant d’être bientôt déporté.
Les Allemands vont alors perquisitionner chez Fonlupt, interrogeant longuement sa femme, menaçant à plusieurs reprises de l’exécuter, puis finalement repartent, n’ayant rien trouvé. Le lendemain matin, à deux heures du matin, c’est l’épouse du commandant Fonlupt qui fut arrêtée après que sa maison ait été pillée. Déportée, elle mourut deux jours avant la libération de son camp.
Cet événement retarda la progression des Allemands et permit à un camion de réfractaires de s’échapper. Les coups de feu permirent aux jeunes qui convergeaient vers le lieu de départ, de s’échapper.
L’enquête pour crimes de guerre avança d’un côté l’hypothèse d’une arrestation due à des circonstances fortuites mais évoqua aussi les soupçons du frère de Fonlupt et de plusieurs membres de la Résistance locale, estimant que le commandant avait pu être dénoncé par le percepteur de Fournols, propagandiste du régime de Vichy et ami de Georges Courtial, chef de cabinet de Raymond Lachal, chef du Directoire de la Légion Française de Combattants et par ailleurs figure politique de la droite dans la région d’Ambert à la fin des années 1930.
Il a été reconnu “Mort pour la France”, homologué FFI, chef de Bataillon, pour la période du 3 avril au 19 mai 1944 et Interné-Résistant (DIR), la Croix du combattant 1939-1940, la Médaille Militaire, la Légion d’Honneur en 1936.
Son nom figure sur le Monument aux Morts de Fournols ainsi que sur la stèle commémorative à la mémoire du commandant Fonlupt et de son épouse, à Fournols.
Jean Fonlupt est peu connu alors qu’il est sans doute le Résistant ayant eu le plus haut grade tué en Auvergne.
Par la suite la résistance locale finit par intégrer le 15-2 (Demi-brigade Auvergne) lui même rattaché à la 1er Armée Française. Le 15-2 , entre autre , participa à la libération de plusieurs lieux notamment Stuttgart et acheva son action au lac de Constance où il restera jusqu’en 1946.
Sources

SOURCES : Arch. dép. du Puy-de-Dôme, 908 W 202 : crimes de guerre à Ardes-sur-Couze. Audition de Erwin Schwab. — Arch. dép. du Puy-de-Dôme, 908 W 203. — AVCC Caen, AC 21 P 185463, dossier Jean Fonlupt (nc) et AC 21 P 607086. Dossiers Jean Fonlupt .— SHD Vincennes. GR 16 P 227380, dossier Jean Fonlupt (nc). — Jean Parot, Auvergne. En Livradois 1936-1945. De la liberté à l’oppression, Nonette, Édicentre, 1987.— Gilles Lévy et Francis Cordet, A Nous, Auvergne, Paris, Presses de la Cité, 1981, p. 187. — Mail de Laurent Bensoussan, le 4 mai 2021.

Eric Panthou

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