CLÉMENT Lucien, Léon
Né le 24 juin 1912 à Paris (IIIe arr.), fusillé comme otage le 16 septembre 1941 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; ajusteur ; militant communiste.
Lucien Clément était le fils de Louis Maurice Clément, employé (33 ans) et de son épouse Camille Chevrier (27 ans) sans profession, domiciliés rue Barbette à Paris (IIIe arr); il se maria le 26 décembre 1939 à Franconville (Seine-et-Oise, Val-d’Oise) avec Camille Fernande Deprez, puis divorça. Domicilié dans cette commune, Lucien Clément, suite à une dénonciation pour « communisme », fut arrêté par la police allemande le 2 septembre 1941 avec ses camarades Albert Gokelaere et René Joly et il fut incarcéré à Fresnes (Seine, Val-de-Marne) ou à la prison de la Santé à Paris (XIVe arr.).
_Les militaires allemands firent l’objet de plusieurs actions de la Résistance à Paris début septembre 1941. Le 6 vers 4 h 30 du matin des sentinelles allemandes de faction devant la propriété d’un collaborateur dans le XVIe arrondissement essuyèrent des coups de feu. Le même jour, vers 23 h 30 l’adjudant Hoffmann fut pris pour cible, rue Fontaine (XVIe arr.). À la même heure, boulevard Bonne-Nouvelle (Xe arr.), Ehwin Gerstner reçut plusieurs coups de poing au visage. Au moment où il prenait son billet à la station Porte Dauphine (XVIe arr.), le matelot Denecke fut blessé d’une balle à la cuisse le 10 vers 19 h 15. Enfin, le 11 sur les Champs-Élysées (VIIIe arr.) le trésorier général Knop reçut un coup de matraque sur la tête.
Les autorités d’occupation décidèrent de fusiller dix otages le 16 septembre 1941 « à la suite des agressions des 6, 10 et 11 septembre 1941 contre les armées allemandes commises par des militants clandestins communistes »; Lucien Clément et ses deux camarades de Franconville firent partie de ces dix otages . Le 16 septembre 1941 Lucien Clément, vingt-neuf ans, fut passé par les armes au Mont-Valérien à 8 h 30 en compagnie de Albert Gokelaere, vingt-six ans, René Joly, quarante-et un-ans, Jules Bonnin, vingt-quatre ans, Lucien Matheron, vingt-et-un ans, Chil Opal, cinquante ans, Isaïe Bernheim, soixante-douze ans, Henri Bekerman, vingt-et-un ans, Léon Blum, soixante-deux ans et David Liberman, dix-neuf ans.
Le lendemain, le quotidien Le Matin publiait un « Avis » avec les noms, accompagnés d’un texte du journal collaborationniste qui relevait que parmi les dix hommes qualifiés de « communistes » il y avait « cinq Juifs ». Un appel à la délation fut lancé : « Tout Français, digne de ce nom, doit donc aider la justice à faire la lumière dans ces affaires et dénoncer les criminels. Les Français se le doivent à eux-mêmes, ils le doivent à leur famille. »
Le 19 septembre l’Humanité clandestine titrait : « Honte au général assassin Von Stülpnagel qui a fait fusiller à nouveau 10 otages parmi lesquels trois jeunes de dix-neuf et vingt-et-un ans et un vieillard de soixante-douze ans. » Les dix noms étaient suivis d’une phrase vengeresse : « Le sang de ces martyrs, victimes des cannibales fascistes, crie Vengeance ! et le jour viendra où l’ennemi Von Stülpnagel devra payer. »
Lucien Clément figure parmi les premiers fusillés comme otages. Il fut inhumé au cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) le 16 septembre 1941 division 39, ligne 4, n° 7.
_La mention Mort pour la France lui fut attribuée le 21 mai 2003.
Son nom est gravé sur la cloche du Mémorial de la France combattante au Mont-Valérien et sur la plaque commémorative-monument aux morts de Franconville , située face au cimetière où il aurait été réinhumé le 1er octobre 1963 mais pas de trace en 2021.
Son nom a été donné à une rue de Franconville.
Voir Mont-Valérien, Suresnes (Hauts-de-Seine)
SOURCES : DAVCC, Caen (Notes Thomas Pouty). — Arch. Dép. Yvelines, 1W272. — L’Humanité clandestine no spécial du 14 juillet 1941, no 129 du 19 septembre 1941. — Le Matin, 17 septembre 1941. — Site Internet des fusillés du Mont-Valérien. — Site Internet Mémoire des Hommes. — Notes Fabrice Bourrée.— État civil de Paris III, 3N 157 vue 28/31. — Notes Daniel Grason et Annie Pennetier. — Répertoire des fusillés inhumés au cimetière parisien d’Ivry.
Jean-Pierre Besse, Delphine Leneveu