Maitron patrimonial (2006-2024)

Né le 14 avril 1923 à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), exécuté sommairement par fusillade le 15 juin 1944, survivant, mort le 7 juillet 1991 à Chamalières (Puy-de-Dôme) ; Résistant au sein des Forces françaises de l’Intérieur (FFI)

Fils de Maurice, maréchal des Logis au 3ème régiment de chasseurs, et Marie, née Magnier, couturière, Maxime Cyprien se maria le 15 juin 1946 avec Yvonne Ferry.
Sous le pseudonyme de Max il rejoignit la Résistance au sein d’un groupe de la Banque de France. Lui et cinq autres camarades furent arrêtés le 13 juin 1944 par une unité de chasseurs parachutistes allemands de Lyon revenant d’une mission en haute Dordogne. Ces hommes faisaient partie d’un groupe de 18 résistants dans un camion intercepté par les Allemands près de Saint-Pardoux et non loin de La Tour D’Auvergne ( Puy-de-Dôme) alors qu’ ils se rendaient au maquis de Pontgibaud. Fuyant à travers bois, trois hommes furent abattus immédiatement.
Dans un premier temps, les hommes furent jetés dans un fossé et étaient prêts à être fusillés quand ils demandèrent à parler au commandant. Ceci stoppa l’exécution.
Les six hommes arrêtés passèrent la nuit au Mont- Dore (Puy-de-Dôme) où l’hôtelier exigea qu’ils puissent être nourris après qu’un soldat lui ait répondu que cela était inutile puisqu’ils allaient tous être fusillés le lendemain matin.
Ils furent en fait transférés le lendemain matin, 14 juin 1944, à la prison militaire allemande du 92e RI à Clermont-Ferrand, remis au Sipo SD. Là, ils subirent à tour de rôle les pires tortures par Robert Roth, cousin d’Hugo Geissler, chef du SD, et le sergent Joseph Kaltseiss. Ils ne furent pas pour autant interrogés.
Le 15 juin 1944, au matin, les six prisonniers furent placés dans un camion avec quatre autres détenus qu’ils ne connaissaient pas et transportés à Pérignat-sur-Allier. À l’orée du bois de Lachat, à quelques centaines mètres du village, les détenus furent allongés par terre et mitraillés par des soldats allemands, criblés de 230 balles.
Roth voulait faire abattre les hommes debout mais voyant au loin un paysan, il les fit s’allonger.
Neuf hommes sont tués sur le coup par les Allemands (5 en civil et un en uniforme) mais Max Cyprien, touché au mollet et à la cuisse survécut, faisant le mort. Un soldat allemand commença à donner le coup de grâce aux fusillés mais s’arrêta au moment d’abattre Max Cyprien, après avoir tiré sur les 9 autres hommes.
Resté seul pour cette besogne, devant changer de chargeur (qui ne comptait que 9 balles), le soldat a peut-être hésité à continuer, craignant l’arrivée possible de maquisards.
C’est un paysan du coin et son fils, Stéphane et Guy Seguin, qui travaillaient à proximité, qui accoururent après le drame et portèrent secours au rescapé qui les avait appelés. Max Cyprien fut chargé sur le foin du charriot, sans prendre le temps d’être caché. Sans doute encore sous le coup du traumatisme, Max Cyprien interpella les habitants croisés en criant  » Ils les ont tués. Je leur ai parlé, mais ils n’ont pas répondu ! » ; il criait :« Ces salauds, ils ont tué tous mes copains !… ».
Il fut mis dans une grange, et toute la population vint voir ce miraculé. Le fils Seguin partit chercher le docteur Langlade à Cournon tandis qu’un autre des 9 exécutés fut ramené par les paysans après qu’ils aient constatés qu’il était encore vivant. Malheureusement, le médecin ne put que constater qu’il avait succombé quand il l’examina.
Recherché par les Allemands, Max Cyprien a été caché à Mezel, pour recevoir les premiers soins; puis éloigné aux Martres d’Artière chez Anne-Marie Cohade qui l’a caché, soigné et hébergé pendant plus d’un mois, avec la complicité d’un médecin et d’une infirmière de Pont-du-Château.
Il a été homologué Internés-Résistant (DIR) et Forces françaises de l’intérieur (FFI)

À Lachat, une stèle a été érigée, peu après la fin de la guerre, à la mémoire des patriotes fusillés, inaugurée en présence de Max Cyprien, le rescapé.
Le 12 octobre 1950, le Tribunal militaire de Lyon, où Max Cyprien a déposé comme témoin, condamna deux des auteurs de l’exécution : – Robert Roth à la peine de mort ; il sera exécuté peu de temps après ; – Grunewald aux travaux forcés à perpétuité.
A la libération, Max Cyprien s’engagea pour la durée de la guerre ; il retrouva ensuite son emploi à la Banque de France, à l’issue duquel il goûta les joies de la retraite à Clermont-Ferrand. Il était marié et eut une fille.

Pérignat-sur-Allier (Puy-de-Dôme), bois de Lachat, 15 juin 1944

Sources

SOURCES : SHD Vincennes, GR 16 P 153635. Dossier Résistant de Max Cyprien (non consulté) .— Jean-Paul Gondeau, « Ce maquisard fut fusillé avec neuf de ses camarades mais il échappa au coup de grâce », La Montagne, édition Clermont Métropole, 18 août 2014 .— « Anne-Marie Cohade a aidé à sauver Max Cyprien », La Montagne, édition Clermont Limagne, 12 juin 2018 .— Patrick Massiasse, L’exécution du Bois de Lachat, autoédition, 2004, 23 p. [en ligne : http://cdn1_3.reseaudesvilles.fr/cities/208/documents/oqr9xu7tady51iy.pdf] .— État civil Clermont-Ferrand.

Éric Panthou

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