Maitron patrimonial (2006-2024)

Né le 27 décembre 1906 à Toulon (Var), mort le 9 juin 1999 à Carcassonne (Aude) ; professeur de philosophie, inspecteur de la Jeunesse et des sports, puis à nouveau professeur de philosophie ; résistant dans le Languedoc, président du Comité régional de Libération (clandestin) de la R3 (Montpellier) ; délégué à l’Assemblée consultative ; militant communiste, conseiller municipal de Carcassonne et de Saint-Germain-en-Laye (Seine-et-Oise).

Orphelin (père, agent des postes selon l’état civil, décédé peu après sa naissance, mère, sans profession à sa naissance, puis institutrice, décédée en 1911), Lucien Roubaud, élevé par ses grands-parents paternels (retraité de la Marine nationale), passa son enfance dans le faubourg populaire de Saint-Jean-du-Var. Boursier, il entra au lycée de la ville puis fut pensionnaire au lycée Thiers (Première supérieure) à Marseille. Titulaire en 1924 des baccalauréats « mathématiques » et « philosophie », il réussit le concours d’entrée à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm en 1927. Il obtint une licence ès-lettres à la Sorbonne (Histoire-géographie et lettres classiques) en 1930 et un diplôme d’études supérieures de Philosophie, la même année. Il se présenta à l’agrégation en 1931, 1932, fut admissible en 1933 et en 1934 avant d’être reçu en 1935.

A la fin de sa scolarité à l’ENS en 1931, Roubaud effectua son service militaire à Lyon en 1932-1933 puis comme soldat de première classe dans les chasseurs alpins. Revenu à la vie civile, il fut nommé professeur délégué au collège Pasteur d’Arbois (Jura).

Roubaud se maria en août 1931 à Caluire-et-Cuire (Rhône) avec Suzette Molino (1907-1993), fille d’un instituteur et d’une institutrice des Basses-Alpes. Son épouse, qui était une des trois premières jeunes filles admises à l’ENS de la rue d’Ulm, devint professeur agrégée d’anglais. Le couple eut trois garçons et une fille.

Roubaud et son épouse furent nommés sur un poste double au lycée Edmond Perrier de Tulle (Corrèze) en 1934. En 1936, le proviseur de l’établissement lui imposa de prononcer le discours de distribution des prix alors qu’il avait refusé dans un premier temps en raison d’un désaccord avec cette manifestation. Sportif, il pratiquait le rugby depuis l’ENS. En 1937 nommé au lycée de garçons de Carcassonne, il y fut maintenu au début de la guerre comme affecté spécial. Son épouse enseignait au lycée de filles. Il devint maître d’éducation générale en 1942. A ce titre, il effectua un stage à l’Institut national des sports à Antibes (Alpes-Maritimes). En avril 1945, il devint inspecteur principal d’éducation physique et sportive dans l’Aude, puis vint habiter Saint-Germain-en-Laye jusqu’à la fin de 1950 pour exercer les fonctions d’inspecteur principal chargé de l’Inspection générale. En 1956, poussé à démissionner pour des raisons politiques, il réintégra l’enseignement. Nommé professeur au lycée Voltaire à Paris, il y demeura jusqu’à sa retraite en 1965-1966. Il habitait avec sa famille le XIXeme arrondissement depuis 1951. Son épouse était professeur au lycée Hélène Boucher puis en classes préparatoires au lycée Claude Monet à Paris. Il se retira, avec son épouse, à Villegly (Aude).

Ayant participé dans sa jeunesse étudiante aux luttes pacifistes des mouvements de gauche au Quartier Latin et à un « chantier » pacifiste au Liechtenstein, Roubaud adhéra aux syndicats d’enseignants (Syndicat du personnel de l’enseignement secondaire puis Syndicat national de l’enseignement secondaire après la guerre).

Roubaud s’engagea dans la Résistance dans le mouvement « Combat » en novembre 1941 et devint le chef départemental des Mouvements unis de Résistance en août 1943, commandant toutes les branches du mouvement sous divers pseudonymes, dont Astier et Roques. Bénéficiant d’un congé de maladie en avril-mai 1944 il entra dans la clandestinité. A partir de janvier 1944, il participa à l’organisation des maquis FFI de l’Aude dont il devint commandant en juillet 1944. Le 15 août, il fut nommé chef de la région R3 (Aveyron, Aude, Pyrénées-Orientales, Hérault, Gard, Lozère) des Mouvements unis de la Résistance et président du Comité régional clandestin de Libération de la région de Montpellier. Il présida l’installation du commissaire de la République dans le Languedoc. Président du Mouvement de Libération nationale dans le Languedoc-Roussillon, il fut le fondateur du quotidien Midi libre. Il témoigna plus tard sur cette période : « Existait aussi à Carcassonne un groupe de résistants qui se préoccupaient de choisir les hommes devant occuper les postes importants à la Libération. Je le sais, car un émissaire est venu me proposer le poste d’Inspecteur d’Académie. J’ai décliné cet honneur. »

Roubaud fut choisi pour siéger à l’Assemblée consultative provisoire en novembre 1944 comme membre du « Mouvement Uni de la Résistance française » puis pour siéger comme juré à la Haute-Cour de Justice. En janvier 1945, il adhéra pendant quelques mois au Parti socialiste SFIO. Membre du comité directeur du MLN, il en fut exclu avec notamment Pierre Hervé à la fin de 1945. Il adhéra alors au Parti communiste français avec son épouse et fut candidat en dernière position sur la liste communiste pour la deuxième Assemblée nationale constituante, le 27 octobre 1945. Candidat au conseil municipal de Carcassonne, le 29 avril 1945, élu en troisième position dans l’ordre du tableau avec 7 813 voix, il fit partie de la commission « Sports, Jeunesse, Culture populaire et Bibliothèque ». Il quitta peu après l’Aude pour Saint-Germain-en-Laye où il fut candidat aux élections municipales, le 21 octobre 1947, sur la « liste d’union républicaine et résistante » présentée par le PCF. Il siégea à partir du 12 mars 1948 après la démission d’un élu de sa liste. Ses interventions concernèrent les affaires scolaires, les équipements sportifs et le service de distribution des eaux. Le conseil municipal fut dissous par décret du 22 avril 1950. Il ne fut pas candidat sur la liste URR le 21 mai 1950 à la différence de son épouse qui ne fut pas élue.

Roubaud fut l’un des fondateurs et animateurs des Combattants de la Paix puis dans le Mouvement de la Paix. Il adhéra aussi à l’Association Républicaine des Anciens Combattants.

 

Sources

SOURCES : Arch. Nat., F 17/28785. — Arch. com. Carcassonne (Patricia Lion-Martinez) et Saint-Germain-en-Laye (Jacques Louet). — Archives du comité national du PCF. — MAURY (Lucien), La Résistance audoise, t. 2, Comité d’Histoire de la Résistance du département de l’Aude, 1980. — ROUBAUD (François), GUÉRIN (Alain), MERLE (René), MOLINO (Blanche), Histoires de Vie, Documents d’histoire, 151 p., communiqué par Pierre Roubaud. — Notes de Gilbert Gaudin, de Pierre Getzler, de P. Roubaud.

Jacques Girault

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