Né le 27 juillet 1893 à Courbevoie (Seine, Hauts-de-Seine), fusillé le 10 avril 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; tourneur ; militant communiste de Courbevoie.

Georges Lacaud était le fils d’un chaudronnier. Il demeurait 3 rue du Vieux-Pont à Courbevoie et travaillait aux usines Willème, qui fabriquaient des camions, 130 rue de Colombes, à Nanterre (Seine, Hauts-de-Seine). Il était partie prenante d’un important centre clandestin de propagande communiste qui rayonnait plus particulièrement dans la banlieue ouest de Paris et dans certaines localités de Seine-et-Oise. Ce centre clandestin constituait le quatrième secteur de l’appareil illégal et était dirigé par Félix Pozzi, responsable à la propagande. Georges Lacaud était le responsable à la propagande dans son entreprise.
Les écrits étaient signés du Comité de chômeurs, du Comité populaire ou encore portaient l’en-tête du journal local L’Éveil de Nanterre édité par la section communiste jusqu’à la fin août 1939. Un habitant de Nanterre se présenta, à la mi-août 1941, au poste de police de la ville, puis le 30 août au commissariat de Puteaux (Seine, Hauts-de-Seine) : il se plaignait de la présence de tracts dans sa boîte aux lettres. L’attitude de cet informateur parut suspecte, il fut arrêté et livra le nom d’Hébert. Le commissaire chargea immédiatement la Brigade spéciale d’intervention du commissariat, de mener l’enquête. La presque totalité des militants fut repérée, quinze arrestations s’échelonnèrent entre le 2 et le 16 septembre 1941. Le 11 septembre, la Brigade spéciale d’intervention du commissariat de Puteaux interpella Georges Lacaud, alors qu’il conversait avec Daniel Baron devant la porte d’entrée de l’entreprise.
Ils furent conduits au commissariat dans une voiturette. Lorsqu’ils quittèrent le véhicule, les policiers trouvèrent sur le plancher un carnet de bons de solidarité avec les familles des emprisonnés frappés de la faucille et du marteau. Georges Lacaud fut inculpé pour « activité communiste » (infraction au décret Daladier du 26 septembre 1939). Il fut détenu huit jours dans les locaux du commissariat, livré aux autorités allemandes et incarcéré à la prison de la Santé à Paris (XIIIe arr.). Le 24 mars 1942 il comparut devant le tribunal du Gross Paris qui siégeait, 11 bis rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.). Le commissaire de Puteaux témoigna à charge. Quinze condamnations à mort furent prononcées, dont celles de Georges Lacaud, Lucienne Hébert et Florentine Berson pour « intelligence avec l’ennemi ». Le 10 avril 1942, Georges Lacaud fut passé par les armes avec onze de ses camarades. L’abbé allemand Stock dit dans son Journal de guerre, « La plupart des communistes moururent en criant : "Vive le Parti communiste ! etc." » Voir Félix Pozzi.
Après la Libération, le 12 mars 1945 un juge d’instruction inculpa le délateur de Célestin Hébert « d’atteinte à la sûreté extérieure de l’État ». L’homme, Clément, était marié à Stéphanie, Allemande des Sudètes (Tchécoslovaquie). Le couple habitait le pavillon voisin du frère de Célestin Hébert. Clément, membre du Mouvement social révolutionnaire (MSR), parti collaborationniste d’Eugène Deloncle, assistait aussi aux réunions du Parti populaire français de Doriot. Il était farouchement anticommuniste et, après l’exécution de Célestin Hébert et de ses compagnons, il vendit précipitamment son pavillon et déménagea. Il fut retrouvé par la police dans la Sarthe. Arrêté, jugé, il fut condamné le 19 octobre 1945 à vingt ans de travaux forcés, vingt ans d’interdiction de séjour.
Marguerite Lacaud, sœur de Georges, témoigna en 1945, devant la commission d’épuration. Elle déclara : « Pendant sa détention à Puteaux, mon frère n’a jamais dit avoir été frappé, cependant ses mouchoirs étaient tâchés de sang ». Lors de la perquisition effectuée à son domicile une vingtaine de paquets de cigarettes avaient été dérobés, ainsi qu’un portefeuille de valeur.
Le nom de Georges Lacaud, figure sur le monument aux morts de Courbevoie.
Sources

SOURCES : Arch. PPo., BA 1928, BA 1934, BA 2117, KB 7, KB 10, KB 42, PCF carton 18, carton 19, 77W 53, 77W 1046. – DAVCC, Caen, Boîte 5, Liste S 1744-183/42 (Notes Thomas Pouty). – État civil.

Jean-Pierre Besse, Daniel Grason

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