Né le 20 décembre 1910 à Bulat-Pestivien (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor), fusillé, par condamnation, le 17 avril 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; tourneur ajusteur ; militant communiste de la région parisienne ; résistant de l’Organisation spéciale de combat (OS).

Yves Kermen
Yves Kermen
Préfecture de police, tous droits réservés
Yves Kermen lors du procès de la maison de la chimie.
Fils de Joseph, Marie Kermen, cultivateur et de Brigitte Le Naour, ménagère.
Il épousa Jeanne, Marie Le Bars le 27 janvier 1931 à Callac, le couple eut deux enfants.
Yves Kermen était un des douze enfants d’un petit paysan breton. Il fréquenta l’école primaire pendant sept ans. Il parlait breton et français. À partir de l’âge de quatorze ans, il effectua divers métiers : chez un petit garagiste à Callac (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor), cantonnier aux chemins de fer dans le Pas-de-Calais, ouvrier aux mines de Bruay, aide tourneur dans une distillerie à Béthune, puis à nouveau dans des garages à Guingamp (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor) avant d’effectuer son service militaire en septembre 1930. Il était déjà marié et père d’un enfant. Libéré de son service militaire, il travailla dans une distillerie dans le Calvados puis comme mécanicien de camions chez un marchand de bestiaux en Bretagne.
En novembre 1932, il entra comme mécanicien à la distillerie de la Neuvillette à Fay-les-Étangs dans l’Oise d’où il fut renvoyé en raison de ses activités politiques en août 1935. Ce fut durant son séjour dans l’Oise qu’il adhéra au Parti communiste. En octobre 1935, il entra chez Renault à Boulogne-Billancourt (Seine, Hauts-de-Seine) comme mécanicien ajusteur et devint très rapidement l’un des responsables syndicaux de l’entreprise et le secrétaire permanent de la section CGT de Renault-Billancourt. En juin 1936, il fut membre du comité central de grève et membre du bureau de ce comité. Selon le témoignage de sa sœur, il habitait dans le XVIIIe arrondissement mais résidait à Fay-les-Étangs dans le canton de Chaumont-en-Vexin (Oise) où il fut, sans succès, candidat aux élections municipales de 1935. Il y organisa également, au moment du Front populaire, le Parti communiste et les syndicats d’ouvriers agricoles.
Il participa très tôt à la vie clandestine du Parti communiste comme responsable à la propagande à Viroflay d’octobre 1940 à mai 1941, puis à Clichy pendant l’été 1941. Son domicile à Clamart fut perquisitionné deux fois (en mars et mai 1941). Il fut muté aux groupes armés à la fin de 1941. Il dirigea, comme responsable militaire, avec Louis Marchandise, responsable politique, l’Organisation spéciale (OS).
Yves Kermen a été interpellé le 11 février 1942 à la station de métro Quai de la Rapée, il tira, blessa l’inspecteur C. Emmené dans les locaux des Brigades spéciales, il a été fouillé, un document était saisi dans lequel il indiquait qu’il y avait des « perspectives rapides » d’attentats dans la Région parisienne. Il soulignait que s’était dans la Région parisienne que « les plus nombreux coups avaient été portés à l’ennemi. » Il proposait de s’attaquer « à des objectifs plus importants : attaques de convois de troupes et de matériel, destructions d’engins de guerre, attaque de camps d’aviation, destruction d’appareils au sol. » Les objectifs étaient ambitieux, Yves Kermen concluait ainsi : « Les responsables de la région parisienne ne doivent jamais perdre de vue que lorsque des camarades nous sont adressés ils sont prévenus qu’ils entrent dans un appareil militaire, dans une armée ; ces camarades ne doivent pas être déçus quand ils arrivent ».
Dans le prolongement des chutes de Miret-Muste et d’Yves Kermen sept autres résistants furent interpellés : Mario Buzzi, Silvio Comini, Alfred Cougnon, Maurice Gorregues, Urban Lorenzini, Albino Vodopivez et Fernand Bachelier.
Alors qu’elle était au domicile illégal de son mari au 9, rue de la Voie Verte à Paris (XIVe arr.), son épouse Jeanne née Le Bars fut interpellée le 12 février 1942 par des inspecteurs des Brigades spéciales.
Emmenée dans les locaux des BS à la Préfecture de police, puis au dépôt, le 28 février elle était livrée aux Autorités allemandes, incarcérée à la prison de la Santé. Elle a été internée successivement aux Tourelles, à Aincourt, à Gaillon puis à Monts d’où elle a été libérée le 11 novembre 1943.
Yves Kermen a été jugé par les Allemands avec trente-trois autres résistants Francs-tireurs et partisans lors du procès de la Maison de la Chimie, Yves Kermen fut condamné à mort le 14 avril et fusillé deux jours plus tard, le 17 avril, au Mont-Valérien.
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La cellule du Parti communiste de Liancourt-Saint-Pierre (Oise), à laquelle elle appartint jusqu’à sa mort, porte aujourd’hui (1988) le nom d’Yves Kermen figure sur La cloche du Mémorial de la France combattante au Mont-Valérien à Suresnes.
Son frère, Joseph Kermen, avait été arrêté le 18 novembre 1941, fut déporté à Auschwitz le 6 juillet 1942 et mourut peu après, le 12 juillet 1942.
Jeanne Kermen son épouse, témoigna le 26 janvier 1945 devant la commission rogatoire qui enquêtait sur les conditions de l’arrestation et de la détention de son mari. Elle déclara : « Après trois semaines passées à la Préfecture de police, mon mari a été remis aux allemands qui l’ont incarcéré à la Santé. Il a été condamné à mort, le 15 avril 1942 par le Tribunal militaire allemand et fusillé au Mont-Valérien, le 17 avril 1942. »
« Mon mari que j’ai aperçu dans un couloir avait la tête très enflée, je l’ai appelé mais il ne m’a pas reconnue. Une de mes codétenue, madame Zalnikoff, qui avait vu mon mari dans la salle où il était détenu m’a dit qu’il avait été sauvagement frappé, il portait des traces de coups sur tout le visage. Sa chemise qu’il avait redonnée pour la faire nettoyer était toute tachée de sang. »
La perquisition de domicile du couple Kermen avait été négative. Sur photographie elle reconnue l’un des inspecteurs qui l’arrêta. Elle porta plainte contre les policiers qui arrêtèrent son mari et le frappèrent.
Le nom d’Yves Kermen figure sur La cloche du Mémorial de la France combattante au Mont-Valérien à Suresnes.
Son frère, Joseph Kermen, arrêté le 18 novembre 1941, fut déporté à Auschwitz le 6 juillet 1942 et mourut peu après, le 12 juillet 1942.
Yves Kermen a été homologué combattant des Forces françaises de l’intérieur (FFI), et Interné résistant.
Sources

SOURCES : RGASPI, 495 270 3354, autobiographie, 16 mai 1938, classé AS. – Arch. PPo. BA 2298, BA 2299, KB 18, PCF carton 12 rapport hebdomadaire des Renseignements généraux du 23 février 1942. – Bureau Résistance GR 16 P 318383. – Arch. Dép. Oise, série M. – DAVCC, Caen. – Jean-Paul Depretto, Les communistes et les usines Renault de Billancourt, 1920-1936, mémoire de maîtrise, op. cit. – Albert Ouzoulias, Les Bataillons de la jeunesse, op. cit. – André Rossel-Kirschen, Le procès de la Maison de la Chimie, L’Harmattan, 2002. – Jean-Marc Berlière, Franck Liaigre, Le sang des communistes, op. cit. – Souvenirs de vieux militants de Chaumont-en-Vexin et de sa sœur, Yvonne Lemaire, recueillis par Jean Kermen. – État civil, Bulat-Pestivien.

Iconographie
Photographies : Arch. PPo. (D.R.)

Jean-Pierre Besse, Daniel Grason

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