Né le 26 août 1906 à Bourg-en-Bresse (Ain), exécuté le 15 juin 1944 à Lyon (Rhône) ; ouvrier métallurgiste  ; militant du syndicat CGTU, puis CGT des Métaux ; membre des Amis de l’Union soviétique (AUS) ; résistant FTPF en Haute-Savoie et dans le Rhône.

Georges Lyvet
Georges Lyvet
Hommage à Georges Lyvet au stade de Villeurbanne
Hommage à Georges Lyvet au stade de Villeurbanne
La découverte de la stèle de Georges Lyvet
La découverte de la stèle de Georges Lyvet
Le Progrès, 8 juillet 2017.
Plaque souvenir à Lyon
Plaque souvenir à Lyon
Fils de Léon Lyvet, mécanicien au PLM, ardent défenseur de l’école laïque, Georges Lyvet fut élevé avec ses sœurs dans le respect de l’instruction. Après son Certificat d’études, il fréquenta l’école professionnelle de Cariat à Bourg d’où il sortit tourneur. Entré en conflit avec son premier patron, il adhéra, à dix-sept ans, au syndicat unitaire de la Métallurgie. Il s’engagea à dix-neuf ans et accomplit son service militaire au camp d’aviation de Dijon (Côte-d’Or).
En 1928, après son service, il quitta sa famille pour s’installer à Lyon, où il trouva du travail à l’usine Duranton, puis dans l’usine métallurgique l’Ébénoïd rue des Fleurs à Villeurbanne où il était domicilié 7 rue Frédéric Faÿs. Devenu secrétaire du syndicat de l’entreprise, il veilla à l’amélioration des conditions de travail et au maintien du niveau des salaires. Il fréquenta les conférences les plus diverses, et durant le Front populaire, participa à la création à Villeurbanne d’une "Maison de la pensée française". Simultanément, il fonda le groupe sportif "Alpina Club", qui fusionna ensuite avec les "Amis de la nature". Il organisa et fit passer au stade de Villeurbanne (Rhône), aujourd’hui stade Georges Lyvet, le brevet sportif populaire, devint en 1938 secrétaire régional de la Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT) et encouragea la création de nombreux clubs sportifs. Il s’était marié le 30 juillet 1937 à Bourg-en-Bresse avec une institutrice, Adrienne, le couple eut une fille, Suzanne née en 1940.
Sympathisant communiste, georges Lyvet avait lu beaucoup d’ouvrages marxistes, en particulier Le Capital, et avait participé à la campagne électorale de mai 1936 aux côtés des communistes. Il fut très actif lors du mouvement de grèves qui suivit la victoire du Front populaire. Georges Lyvet milita aux "Amis de l’Union soviétique" avec François Cuissard*, participa à la collecte de vivres et de fonds pour la République espagnole. Après l’échec du Front populaire, il fut encore plus proche du Parti communiste. Le 30 novembre 1938, il organisa avec succès la grève à l’Ébénoïd, et, en 1939, prit la défense du Pacte germano-soviétique du 23 août. En septembre, un mandat d’arrêt parvint au commissariat de Saint-Fons (Rhône), mais déjà mobilisé dans l’Aérostation, il échappa à l’arrestation.
En 1942, par l’intermédiaire de Francisque Jomard*, Georges Lyvet prit contact avec l’organisation clandestine des Francs-tireurs et partisans français (FTPF) et commença à participer à la diffusion de tracts et de journaux clandestins. Adhéra-t-il alors au Parti communiste clandestin ? Il quitta sa famille, en avril 1943, pour entrer dans la clandestinité et fut affecté d’abord dans la région d’Annecy en Haute-Savoie qu’il connaissait bien en raison de ses activités sportives d’avant guerre, puis reçut, sous le nom de Jean ou Henri Rolland, le commandement du sous-secteur FTPF. Il retrouva F. Cuissard, et, dès août 1943, sous les noms de Desmarie, puis Saint-Avold devint, avec le grade de lieutenant-colonel, commandant de la première subdivision de la zone sud (inter-régions de Lyon et Marseille). Voyageant sans cesse entre Lyon, Marseille, Nice et Grenoble, assistant aux réunions d’états-majors inter-régionaux, il fut arrêté le 15 mai 1944 au cours de la réunion de l’Inter Région H1, au 1, Grande rue de Saint-Clair à Caluire limitrophe à Lyon.
Interné à la prison de Montluc à Lyon, horriblement torturé, Georges Lyvet ne livra aucun renseignement. Après vingt jours d’épreuve, transporté à l’hôpital de la Croix-Rousse, il eut encore la présence d’esprit de préparer l’évasion de ses compagnons, alors que lui-même était hors d’état de fuir. Dans la nuit du 14 juin, les cinq membres de l’Armée secrète qui partageaient sa chambre, s’enfuirent. Le lendemain, les gardiens, furieux, l’exécutèrent avec trois autres résistants René Israël, Noël Jumeau et un résistant inconnu (polonais aveugle) ,dans les locaux de l’hôpital. Sa mort a été déclarée le 15 juin.
Le commissaire de police de Lyon témoigna : « Le 15 juin 1944, j’ai été requis par les autorités allemandes occupant l’hôpital militaire de la Croix Rousse aux fins d’enlèvement de quatre cadavres de Français. Aucune identité ne m’a été fournie. Ces corps ont été transportés à l’institut médico légal sous le numéro 297,298, 299, 300. ».Il a été inhumé anonymement avec ses camarades au cimetière lyonnais de la Guillotière.
Après la Libération, Georges Lyvet fut réinhumé dans le petit village bressois de Curciat-Dongalon (Ain) où ses parents s’étaient retirés.
A titre posthume, Georges Lyvet reçut la Médaille de la Résistance, la Croix de guerre avec palme, et fut élevé au rang de chevalier de la Légion d’honneur. Une citation précisa ses mérites militaires : "Georges Lyvet participa aux toutes premières actions de sabotage dans la région lyonnaise... Son courage, son esprit d’initiative et de décision le firent désigner comme chef militaire de la première subdivision des FTPF en zone Sud (Jura, Alpes, Méditerranée).
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Une plaque commémorative a été apposée à l’entrée de l’hôpital de la Croix-Rousse où une cérémonie annuelle est organisée par l’ANACR, le 15 juin.
En juin 2013, en présence de sa fille Suzanne Blanc, une plaque commémorative portant la mention « À la mémoire de Georges Lyvet, alias Jean Rolland (1906-1944) » a été apposée sur le fronton d’entrée du stade inauguré à son nom le 4 mai 1945 .
Son nom a été également donné à une rue à Vénissieux, un centre de vacances à Fontcouverte-la-Toussuire (Savoie) et une Montée à Couzon-au-Mont-d’Or.
Sources

SOURCES : Arch. privées et réponses d’Adrienne Lyvet et F. Cuissard aux questionnaires biographiques. — Textes de F. Cuissard. — F. Garcin, La Haine.— Viva interactif, 7 juin 2013 . — Notes Annie Pennetier . — État civil. — Henriette Dubois, "Nelly". En résumé... nous devons témoigner. Une vie militante... toujours en prise avec les événements, dactylographié, 78 p. + annexes, déposé à la bibliothèque du Musée de la Résistance des Alpes-Maritimes.

Maurice Moissonnier

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