Né le 31 juillet 1907 à Saint-Laurent-du-Médoc (Gironde), fusillé comme otage le 24 octobre 1941 au camp de Souge, commune de Martignas-sur-Jalle (Gironde) ; instituteur ; militant syndicaliste ; militant communiste de la Gironde.

Fils d’un instituteur « socialisant », victime des combats de la Première Guerre mondiale, Camille Maumey, pupille de la Nation le 23 août 1918 par décision du tribunal de Libourne, élevé par sa mère, gérante de recette auxiliaire des PTT depuis le décès de son père, entra à l’École normale d’instituteurs de Saint-André-de-Cubzac (Gironde) en 1926. Alors qu’il était élève de 3e année et membre des Jeunesses communistes depuis 1926, secrétaire de la cellule de l’École normale, il aurait édité un journal d’école et recruté cinq adhérents au syndicat de l’Enseignement, action qui lui valut un blâme du conseil de discipline ; il déclara avoir été le fondateur et le principal animateur d’une cellule de jeunes à Castillon, qui comptait une vingtaine de membres. Le 24 juillet 1927, il présida une réunion à la Bourse du Travail de Bordeaux. Annonçant qu’il venait de subir avec succès ses derniers examens, il déclara que l’éducation bourgeoise de l’École normale ne lui ferait pas oublier ses devoirs de classe puis il exposa avec quel soin les professeurs de l’École donnaient une éducation toute bourgeoise aux futurs instituteurs, éducation tendant à faire de ces derniers de solides soutiens de la bourgeoisie capitaliste. Il indiquait dans son autobiographie avoir adhéré au Parti communiste en janvier 1930.
Camille Maumey fut incorporé au 9e Régiment d’infanterie cantonné à Agen, pour y accomplir son service militaire comme soldat de deuxième classe. En 1928, il participa dans son régiment à une collecte organisée par des communistes. Mis aux arrêts pendant quatre mois, il fut condamné par le tribunal militaire à deux ans de prison avec sursis. Dans l’Humanité du 7 juillet 1928, Craste protesta contre la répression dont était victime « Notre camarade Maumey, instituteur communiste » et signalait « l’ignominie » du directeur de l’École normale de Gironde qui a « chargé Maumey ».
Instituteur à Bordeaux du 1er octobre au 13 novembre 1927, Camille Maumey exerça jusqu’en 1939 à Lafosse, à Libourne, à Ambarès, à Bruges, à Cenon. En juin 1931, un essai eut lieu pour constituer un syndicat unitaire de l’Enseignement plus proche du Parti communiste que le Syndicat national (CGT) ; on songea pour ce faire à Maumey, alors instituteur à Ambérès. Il devint ainsi secrétaire du syndicat unitaire et assista au congrès de l’ULU du 10 avril 1932 où huit syndicats étaient représentés (Métaux, Enseignement, Bois, Chemins de fer État et Midi, Tonneliers, Coiffeurs, Port) et au congrès du 16 juillet 1933. Il anima le Groupe de jeunes et fut membre de son comité central (1932-1933). À Libourne, en 1930, fondateur d’une cellule communiste, il participa à la création d’un groupe du Secours rouge international. Instituteur à Bordeaux de 1931 à 1934, responsable de l’Union fédérale des étudiants, membre du comité central de l’Union générale des étudiants, il entra au bureau de la région communiste de 1931 à février 1935.
Il épousa en décembre 1931 à Bordeaux Camilla Carteau, fille de salariés agricoles. Le couple eut deux enfants.
Un rapport du 16 juin 1932 signalait que Camille Maumey, instituteur à Bruges (Gironde) écrivait dans le journal Le Travailleur du Sud-Ouest, organe du Parti communiste, sous le pseudonyme de C. Marcel. Secrétaire du rayon de Bordeaux, il fit « avec ses élèves », selon le rapport de police, la grève du 12 février 1934. Déplacé à Cenon, il poursuivit son action contre la guerre et le fascisme, thème qu’il développa au cours de la campagne électorale pour les élections cantonales à Carbon-Blanc. Responsable du mouvement Amsterdam-Pleyel, il prit la parole lors d’une réunion publique, déclarant : « Si malgré nos efforts pour l’empêcher, les gouvernants déclenchaient la guerre, les peuples devraient refuser de s’entre-tuer pour des intérêts qui ne sont pas les leurs. » Une plainte fut déposée et Maumey fut révoqué le 15 février 1935 jusqu’à la date de sa réintégration le 1er juillet 1936. Rémunéré pendant cette période, il fut secrétaire de rédaction du Travailleur du Sud-Ouest à l’agence d’Agen, co-secrétaire de rédaction de Regards, rédacteur à l’Humanité pour laquelle il effectua un reportage sur la grève des salariés agricoles d’Auneau-en-Beauce.
Membre du comité de la région communiste de Gironde à partir de juillet 1936, Maumey devint secrétaire départemental du groupe de « Paix et Liberté » jusqu’à la fin des années 1930 et membre de son comité exécutif national. Il écrivit un article, « La révolution à Bordeaux et en Guyenne », dans la revue nationale Paix et Liberté par le Front populaire au service du peuple français, en août 1939.
Mobilisé sur la Somme au début de la Seconde Guerre mondiale, puis évacué sur un hôpital militaire, enfin, traduit devant un tribunal militaire pour désertion, Maumey fut acquitté puis interné le 22 novembre 1940, dès son retour en Gironde, lors de la rafle de 148 communistes puis interné à Mérignac. Il fut au nombre des cinquante otages fusillés le 24 octobre 1941 au camp de Souge, près de Bordeaux, en représailles à l’exécution par les résistants d’un officier des troupes allemandes d’occupation – voir Roger Allo et Alfred Charlionnet, fusillés en même temps que lui.
Sources

SOURCES : Arch. Nat. F7/12990, 13034, 13129. – Arch. Dép. Gironde, série M, notices individuelles, 1928. – RGASPI, Moscou, 495 270 8623, autobiographie, 9 janvier 1938, 517 1 1864, 517 1 1908. – P. Delanoue, Les Enseignants, op. cit. – H. Chassaing, G. Durou, Hommage aux fusillés de la région bordelaise, fasc. 1, 1940-1941, IRM Gironde, 1987. – L’Humanité, 7 juillet 1928. – DBMOF, notice par J. Maitron. – Christophe Dabitch, Les 50 otages, un assassinat politique, Éd. CMD, sd. – Notes Jacques Girault. — Site de Souge

Jean Maitron, Claude Pennetier

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