MOZZONE Jean
Né le 18 juillet 1896 à Dogliani (Italie, province de Cuneo), exécuté le 29 juillet 1944 à Vins (Var) ; ouvrier des lignes PTT ; communiste ; Francs-tireurs et partisans-Main d’œuvre immigré (FTP-MOI), Section atterrissages et parachutages (SAP).
Ouvrier des lignes aux PTT, revenu à Draguignan, Jean Mozzone apparut très vite comme un communiste militant. Il fut un des huit candidats de la liste du « Bloc ouvrier et paysan » aux élections municipales de Draguignan et obtint, le 5 mai 1929, 87 voix sur 2 630 inscrits. Nommé à Brignoles peu après, candidat sur la « liste rouge du Bloc ouvrier et paysan » aux élections municipales partielles, le 25 janvier 1931, il réunit 90 voix sur 1 196 inscrits et 144 voix, le dimanche suivant. A nouveau candidat aux élections partielles, le 18 novembre 1934, sur la « liste d’unité d’action des intérêts brignolais » conduite par Charles Gaou, il obtint 441 voix sur 940 votants et 446 voix, au deuxième tour. Enfin, le 5 mai 1935, sur la liste du « Bloc ouvrier et paysan et d’unité d’action antifasciste », il réunit 299 voix sur 1 416 inscrits et 480, le dimanche suivant.
Secrétaire d’une cellule sous le Front populaire, à partir de 1937, Jean Mozzone prit des distances avec l’activité militante. Il affirma plus tard n’avoir plus fréquenté les organisations communistes et, syndiqué, ne pas avoir fait la grève du 30 novembre 1938. Il entretint, selon la police, des relations suivies avec les Espagnols à la fin des années 1930. Le 17 avril 1940, Jean Mozzone fut déplacé à Bellac (Haute-Vienne), puis, le 5 mai, à Guéret (Creuse). Victime d’un accident du travail, il quitta la préfecture de la Creuse pour être hospitalisé à Marseille. Suspendu le 12 juillet, il fut relevé de ses fonctions le 12 septembre 1940 pour abandon de fonction. De retour à Brignoles, le 8 octobre 1940, il fut astreint le 18 octobre à résider à Saint-Raphaël. Le 4 novembre 1941, cette mesure fut rapportée. Ne retrouvant pas son emploi, admis à la retraite, percevant une petite pension, il aida son fils Louis, Victor, né le 14 mai 1922 à Draguignan, installé comme électricien à Brignoles tandis que son fils aîné, Eugène, Louis, Jean, né le 23 juin 1914 à Draguignan, marié, père d’un ou de deux enfants, était dans un camp de prisonnier en Allemagne. Jean Mozzone demanda sa réintégration dans les P.T.T. le 28 avril 1944 qui lui fut refusée.
En contact avec plusieurs groupes de résistance, FTPF-MOI et SAP, Jean Mozzone aurait participé au sabotage de la mine de Merlançon, le 26 mars 1943. Il prit part à la reconstitution du Parti communiste clandestin dans la région brignolaise et constitua, par la suite, avec l’accord de Jean Ferrari, responsable départemental adjoint de la SAP, un groupe de réception d’armes qui participa à plusieurs parachutages. Après la perquisition de son domicile par la police allemande, le 1er décembre 1943, il fut arrêté avec ses fils, Louis Mozzone et Eugène Mozzone, et Théodore Linari, le 28 juillet 1944 au soir, après un parachutage d’armes dont les Allemands et leurs auxiliaires français du groupe Brandebourg avaient eu connaissance. Soumis à la torture, les quatre hommes furent conduits le lendemain dans les Plaines de Vins, à la grotte de la Figuière où les armes avaient été cachées un moment. Ils furent abattus sur place. Leurs corps furent retrouvés le 3 août.
Deux stèles rappellent le drame, l’une sur les lieux de l’exécution, inaugurée le 22 avril 1945, et l’autre en contrebas, sur les bords de la rivière Caramy, à l’initiative de la section de Brignoles du PCF. La section fit également apposer une plaque du souvenir au Carré des fusillés du cimetière de Brignoles et une autre plaque pour Jean Mozzone à l’ancienne poste de Brignoles en juin 1946. D’autre part, un square de Brignoles porte le nom des Mozzone fut inauguré le 13 janvier 1971. « Mort pour la France ».
SOURCES : Arch. dép. Var 2 M7 32 1 et 35 1, 4 M 59 2 et 4 1, 3 Z 2 6, 3Z4 30, 7 M 12 2, 12 M2 49, 1 W 72. — Site internet mémoire des hommes. — Témoignages. — Presse locale. — Louis Gazagnaire, Le peuple héros de la Résistance. Témoignages de patriotes de Provence, Paris, Éditions sociales, 1971. — Notes de Jean-Marie Guillon.
Jacques Girault