Né le 27 octobre 1908 à Gliniany en Basse-Silésie (Pologne), fusillé comme otage le 11 août 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; membre de la sous-section juive du PCF ; rédacteur en chef de Naïe Presse ; résistant.

Samuel Nadler, né dans une famille juive religieuse orthodoxe, termina ses études à seize ans dans une école religieuse. Auteur de poèmes, il collabora à la presse du parti religieux Agouda (Union d’Israël), branche politique du judaïsme orthodoxe, au journal Der Yud (Le Juif), et obtint le titre de rabbin. À l’âge de vingt-quatre ans, il se détacha de son milieu et adhéra au groupe d’écrivains progressistes de Varsovie, Di literarische tribune (La Tribune littéraire).
À la fin de l’année 1934, il s’installa à Paris, au 6 rue Bellier-Dedouvre (XIIIe arr.) avec son amie Edla Berman, née en 1911 en Pologne. Membre de la sous-section juive du Parti communiste qui comptait deux mille sept cents adhérents, journaliste à Naïe Presse (la Presse nouvelle), journal ouvrier progressiste publié en yiddish, il tint différentes rubriques et devint rapidement secrétaire de rédaction, ouvrant ainsi une nouvelle étape dans sa vie de militant.
En application du décret de dissolution du Parti communiste du 26 septembre 1939, Naïe Presse fut interdite de publication, circulation, distribution et mise en vente. Le 2 octobre la police notifiat la décision à Gaston Barrois, directeur de la publication. En juillet 1940, la section juive de la Main-d’œuvre immigrée (MOI) se reconstitua et publia en août le premier numéro de Unzer Wort (Notre parole). Début septembre, Samuel Nadler participa à la première réunion élargie chez Rex Puterflam dans le XVIIIe arrondissement, en compagnie notamment de David Kutner, Adam Rayski, Louis Gronowski et Jacques Kaminski. Le 13 octobre, il se déclara comme Juif au service spécial des israélites.
Sous l’Occupation, il continua à assurer la parution du journal et rédigea le premier numéro du bulletin clandestin J’accuse où, reprenant le titre célèbre de Zola, il s’efforça de faire connaître les persécutions dont étaient victimes les Juifs. Ce bulletin devait devenir par la suite l’organe du Mouvement national contre le racisme (MNCR).
Le 25 avril 1942, Saül Bot, violoniste élève du conservatoire, et Hersch Zimmerman, ancien combattant d’Espagne, essayèrent de fabriquer une bombe en vue d’un attentat le 1er mai, dans un logement au septième étage du 49 rue Geoffroy-Saint-Hilaire (Paris, Ve arr.) mais une explosion se produisit. Saül Bot fut déchiqueté, Hersch Zimmerman mourut de ses blessures. La police identifia l’amie de Saül Bot, Macha Lew, militante du Travail allemand (TA). Elle fut appréhendée à son domicile 1 bis rue Lacépède (Ve arr.).
La police tendit une souricière et neuf militants communistes furent appréhendés entre le 26 et le 30 avril. Quand les policiers arrêtèrent Samuel Nadler le 30, il portait sur lui des faux papiers au nom de Jean Monier. Les sept hommes furent fusillés comme otages, les trois femmes prirent la destination du camp d’extermination d’Auschwitz (Pologne) où elles moururent.
Samuel Nadler fut incarcéré à la Santé, puis au camp de Compiègne (Oise) sur ordre du commando spécial pour crimes capitaux de la GFP (Geheimfeldpolizei), elle recouvrait les polices : criminelle, de sécurité et d’État. Fusillé comme otage le 11 août 1942 au Mont-Valérien à 10 h 05, il fut incinéré au Père-Lachaise le 29 août 1942. Après la Libération, certaines urnes retrouvées dans des tombes furent identifiées grâce à l’administration. Le docteur Joseph Bursztyn, également fusillé le 11 août, fut inhumé avec Samuel Nadler à proximité du mur des Fédérés. La famille fit graver dans la pierre « Mounié Nadler – Poète – Rédacteur en chef de la ``Presse Nouvelle’’ clandestine – trente-quatre ans ».
Sources

SOURCES : Arch. PPo., BA 2445, Activités communistes pendant l’occupation carton 6, carton 12, 77W 287. – RGASPI 545.6.709, BDIC mfm 880/38. – DAVCC, Caen, B VIII dossier 3 (Notes Thomas Pouty). – Stéphane Courtois, Denis Peschanski et Adam Rayski, Le sang de l’étranger. Les immigrés de la MOI dans la Résistance, Fayard, 1989. – Boris Holban,Testament. Après quarante-cinq ans de silence, le chef militaire des FTP-MOI de Paris parle..., Calmann-Lévy, 1989. – Annette Wieviorka, Ils étaient juifs, résistants, communistes, Denoël, 1986. – David Diamant, Les Juifs dans la résistance française 1940-1944, Le Pavillon, Roger Maria éditeur, 1971. – Site Internet Mémoire des Hommes. – Site Internet CDJC.

Jean-Pierre Besse, Daniel Grason

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