Né le 27 juillet 1908 à Chambéry (Savoie), fusillé le 26 août 1941 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; garçon d’hôtel puis métallurgiste ; militant communiste , volontaire en Espagne républicaine ; résistant.

Fils d’Alfred et d’Annette, née Molinaro, Alfred Ottino fit dix-huit mois de service militaire dans les Chasseurs alpins à Barcelonnette (Alpes-de-Haute-Provence) ; il apprit à tirer au fusil et au fusil-mitrailleur. À son retour, il travailla comme garçon d’hôtel au 54 rue Pierre-Charron à Paris (VIIIe arr.), où travaillaient cinquante et un employés, et fut délégué CGT. Il demeurait 7 rue Lagrange dans le Ve arrondissement de Paris, quand le 11 mai 1932, la police vérifia les identités des étrangers et des Français d’origine étrangère dans plusieurs rues de l’arrondissement. Alfred Ottino fut étiqueté comme « propagandiste communiste actif ».
Alfred Ottino se maria avec Lucienne Lemant. Le couple eut un enfant. La famille vint habiter au 25 rue Pasteur à Saint-Ouen (Seine, Seine-Saint-Denis). Alfred Ottino travailla dans la métallurgie. Secrétaire adjoint du comité de Front populaire, il adhéra en 1936 au Parti communiste, à la cellule Émile Zola, suivit une école élémentaire de l’organisation, et devint secrétaire de sa cellule en 1937. Il participa à la contre-manifestation le 16 mars 1937 à Clichy-la-Garenne (Seine, Hauts-de-Seine) contre la tenue d’une initiative du Parti social français du colonel de La Rocque.
Volontaire en Espagne républicaine, il arriva le 3 mai 1938, combattit avec la XIVe Brigade internationale, bataillon Henri Barbusse, 2e compagnie, puis adhéra au Secours rouge international. Il prit part aux batailles de Tortosa et de l’Èbre et fut blessé le 21 septembre 1938 par des éclats d’obus. Lucien Bigouret, secrétaire du comité de parti, releva qu’Ottino avait été délégué politique, mais qu’il dut être démis en raison « de son mauvais caractère », puis à nouveau nommé. « Très sensible, très influençable, s’est politiquement et militairement amélioré » concluait-il. Rapatrié en novembre 1938, il travailla à nouveau dans la métallurgie et milita avec Alfred Cougnon, Léon Landsoght et Victoria Barat.
Communiste clandestin actif dès septembre 1940 à Saint-Ouen, il participa à l’impression de l’Humanité clandestine ainsi qu’à la manifestation organisée le 11 novembre 1940 et à celle du 14 juillet 1941, au marché aux Puces. Il coopérait alors avec Roger Linet, Léon Landsoght et Alfred Cougnon qui ont été fusillés le 17 avril 1942. Devenu un des créateurs du premier noyau de l’Organisation spéciale (OS), Alfred Ottino participa le 17 juillet 1941 au déraillement d’un train à Épinay-sur-Seine (Seine, Seine-Saint-Denis). Le commando dirigé par Jean Baillet alias Nogarède, partit de son domicile, rue des Rosiers à Saint-Ouen.
Il fut arrêté le 13 août 1941 avec quatre camarades sur le marché d’Arnouville-lès-Gonesse (Seine-et-Oise, Val-d’Oise) alors que ses camarades distribuaient des tracts et qu’il prenait la parole. Incarcéré à la prison de Fresnes, il comparut le 21 août 1941 devant le tribunal de la Feldkommandantur 758 à Saint-Cloud (Seine-et-Oise, Hauts-de-Seine). Condamné à mort pour « aide à l’ennemi », il fut passé par les armes le 26 août 1941 au Mont-Valérien. Jean Baillet, arrêté le 20 août 1941, connut le même sort le 27 août 1941. Alfred Ottino fut inhumé le 26 août 1941 au cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) division 47, ligne 2, n° 69.
Une cérémonie se déroula le 22 avril 1945 dans le cimetière communal de Saint-Ouen où il avait été transféré le 20 avril 1945 dans le carré des victimes de guerre 1939 -1945. Le nom de Marius Alfred Ottino figure sur une stèle commémorative aux côtés des autres fusillés de la commune et des victimes de la déportation. Le nom de Marius Alfred Ottino figure aussi sur la cloche du Mémorial de la France combattante au Mont-Valérien.
Le 2 janvier 1946, le secrétariat général des Anciens Combattants attribua à Alfred Ottino la mention « Mort pour la France », qui fut inscrite sur son acte de décès.
Voir Mont-Valérien, Suresnes (Hauts-de-Seine)
Sources

SOURCES : Arch. RGASPI (Moscou) 545.6.1340, Mfm 880/27. — Arch. PPo., 1W 1021, 77W 68, BA 2117. — AVCC (Caen), B VIII dossier 2 / Boîte 5, Liste S 1744-1561/41 (Notes Thomas Pouty). — Résistantes et résistants en Seine-Saint-Denis, Éd. de l’Atelier, 2004. — Arch. mun., Saint-Ouen. — État civil. — MémorialGenWeb. — Répertoire des fusillés inhumés au cimetière parisien d’Ivry.

Daniel Grason, Claude Pennetier

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