Né le 8 décembre 1894 à Saint-Hilaire (Aude), exécuté sommairement le 1er août 1944 au camp de Souge, commune de Martignas-sur-Jalle (Gironde) ; agent voyer ; militant socialiste de l’Ariège ; résistant.

Fils de fonctionnaires originaires de Saint-Girons (Ariège) [Jean, Louis Peyrevidal et Marie Dunglas], Noël Peyrevidal, après l’école primaire, fit ses études secondaires à Saint-Gaudens puis à Saint-Girons. Par concours il entra dans l’administration des Ponts et Chaussées et débuta comme agent-voyer secondaire à Foix (Ariège), avant d’être affecté à Saint-Girons. Mobilisé en 1914, il fut fait prisonnier en 1915, emmené en Allemagne où il fut traduit devant un conseil de guerre qui lui infligea une peine de forteresse. À la faveur des troubles révolutionnaires de 1918, il s’échappa et regagna la France. En 1919, il fut nommé agent-voyer à Castillon. Pendant quelques années, il consacra l’essentiel de son activité à l’Association ariégeoise des Anciens Combattants qu’il abandonna lorsque de nouveaux dirigeants lui donnèrent une orientation contraire à ses convictions démocratiques et socialistes. À partir de 1928, Noël Peyrevidal adhéra à la section de Saint-Girons du Parti socialiste SFIO puis à celle de Foix ; il ne voulut jamais être qu’un militant du rang. Membre de la section de Foix, son action rayonna sur le département. Il s’était marié avec Albertine Fourcade, toujours vivante lors de son arrestation pus de son exécution.
Ulcéré par la défaite et la capitulation de 1940, révolté par l’attitude de la majorité des élus socialistes à Vichy, le 10 juillet 1940, il posa les premiers jalons d’une action de Résistance (sous le pseudonyme Léon Paris) avec son ami et camarade, le député socialiste François Camel, un des quatre-vingts opposants à Vichy. Ce dernier mourut en mai 1941 dans des conditions non élucidées. Seul, Noël Peyrevidal prit résolument en mains l’œuvre à peine ébauchée. Avec son groupe, il procéda à la distribution clandestine de tracts et à la pose d’affiche. Révoqué depuis le 17 octobre 1940, il organisa l’accueil et l’hébergement des « évadés » qui tentaient de passer en Espagne, puis la résistance au Service du travail obligatoire (STO) en Allemagne. Il aidait aux « passages » à travers les Pyrénées (Voir, entre autres Barrau Louis), sa propre demeure servant d’étape et d’asile. Il jeta les bases d’organisation des maquis. Pour avoir organisé le 14 juillet 1941 à Foix une journée de luttes et de témoignages (graffitis, papillons, gerbe au monument aux morts, cris de « Vive la République ! »), il fut arrêté le 31 août 1941 et emprisonné. Libéré le 20 juillet 1943, il reprit son action notamment avec une filière de passage en Espagne et entra au sein du mouvement Combat et des réseaux Alibi-Maurice et Nana.
Noël Peyrevidal s’attacha à la réorganisation clandestine du Parti socialiste. Il assista à Toulouse à son 1er congrès. Il devint secrétaire fédéral de l’Ariège et s’efforça de rallier les militants. Il travaillait en liaison avec les services de renseignements de la France libre à Alger. En octobre 1943, la Gestapo réussit à démanteler un réseau d’évasion dont Peyrevidal était la cheville ouvrière qui s’appuyait sur le maquis d’Arignac. Le 10 février 1944, la Gestapo l’arrêta à son domicile alors qu’il traitait une importante affaire de livraison d’armes aux maquis ou lors du passage en Espagne d’un important convoi de réfractaire au STO (selon les sources). Cinq jours de tortures ne lui arrachèrent aucun secret. Emprisonné à la prison Saint-Michel de Toulouse, il quitta cette prison le 2 juillet pour l’Allemagne mais il fit partie de la liste des dix personnes qui furent emmenées à Souge pour être fusillées le 1er août 1944.
Une rue de Foix et un boulevard de Saint-Girons (Ariège) portent son nom. Il figure aussi sur le mémorial des fusillés de Souge, à Martignas-sur-Jalle (Gironde). Sa mémoire resta forte au-delà des milieux socialistes, comme en témoigne le passage que lui consacra, dans ses souvenirs, un républicain espagnol devenu communiste, Filomeno Conejero.
Voir Camp de Souge (1940-1944)
Sources

SOURCES : Arch dép Ariège, état civil de Foix, registre des décès (1944), transcription (16 novembre 1944) de l’acte de décès dressé en mairie de Martignas-sur-Jalle (Gironde) le 30 août 1944. — L’Ariège socialiste, 19 octobre 1944. — Marion Combres, Etudes des mémoires du parcours et de l’intégration d’un exilé républicain de la guerre civile espagnole en France : Filomeno Conejero (Sanchez), Mémoire de Maîtrise, Paris IV, 2001. — Claude Delpla, « La Résistance dans le Tarasconnais (1940-1944) », Bulletin annuel, Société ariégeoise sciences, lettres et arts, 1985. — Comité du Souvenir des fusillés de Souge, Les 256 de Souge, op.cit.. — Notes d’André Balent.

Justinien Raymond

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