Né le 20 avril 1901 à Douvres (Ain), exécuté par la Résistance le 18 août 1944 à Bregnier-Cordon (Ain) ; fonctionnaire des postes ; militant et élu socialiste ; conseiller général de Seyssel, député de l’Ain (1936-1942).

Originaire de l’Ain, Aimé Quinson avait quitté sa région pour l’Afrique Occidentale française, dans l’espoir de se faire une situation comme fonctionnaire-commis des PTT. Il avait profité de son séjour pour créer et exploiter un commerce de cuirs et peaux, tout en poursuivant ses fonctions officielles. Il y passa quelques années avant de revenir dans son département comme contrôleur des postes à Ambérieu-en-Bugey (Ain). Il poursuivit son négoce en association avec son frère et se lança parallèlement dans la politique.
Aimé Quinson, militant socialiste, fut délégué aux congrès nationaux du Parti socialiste SFIO en 1931 à Tours avec Jean Page, en 1932 à Paris avec Émile Kahn, en 1936 à Paris avec Tartavez. En octobre 1931, il s’était présenté au conseil d’arrondissement à Ambérieu-en-Bugey, puis en mai 1932, dans la circonscription de Belley aux élections législatives. Il y avait recueilli 1 432 voix sur 16 853 votants. Il s’était désisté pour Émile Bravet, député sortant, qui fut élu au second tour.
Aux élections législatives de 1936, Aimé Quinson se présenta de nouveau et arriva en tête des candidats de la gauche. Tous se désistèrent pour lui, dont le député sortant Émile Bravet, et il fut élu au 2e tour avec 10 086 voix contre 7 137 au candidat de la droite.
Aimé Quinson brigua un siège au conseil général de l’Ain, dans le canton de Seyssel, à l’élection complémentaire du 28 février 1937. Il fut élu avec 583 voix et réélu aux élections du 10 octobre 1937 avec 671 voix sur 1 104 votants.
Le 10 juillet 1940, Aimé Quinson vota les pleins pouvoirs au maréchal Pétain et adopta une attitude très favorable à la Révolution nationale. Mais celle-ci devait le priver de toute fonction officielle. Il se lança alors complètement dans les affaires, développant son activité commerciale et devenant fondé de pouvoirs d’israélites. Il réalisa, selon les Renseignements généraux, des bénéfices considérables et aurait acquis des biens nombreux, dont un hôtel, et un train de vie incompatible avec son ancienne situation de modeste fonctionnaire. Ce qui lui aurait valu de perdre sa popularité, même parmi les cheminots qui constituaient sa force électorale et ses anciens amis socialistes, et d’être qualifié par certain de “profiteur de guerre”. Les responsables de la Légion exigeaient des mesures contre lui. Les enquêtes administratives n’aboutirent pas à révéler des irrégularités et le 22 juin 1943, il fut interné, sur arrêté du préfet de l’Ain. Il put, grâce à ses relations, faire transformer cette décision en résidence surveillée à Largentière (Ardèche), puis il rentra le 10 août 1943, profitant semble-t-il d’une confusion entre les différentes autorités de police. En février 1944, il fut arrêté par la police allemande et emmené au Fort Montluc à Lyon, mais il fut relâché le jour même après interrogatoire. Le bruit courrait qu’il appartenait à la Résistance et des soupçons sur sa rapide libération se firent jour. 
Le 18 août 1944, il fut enlevé dans la rue par quatre hommes armés, emmené dans une voiture, et abattu par le jour même sur le pont de la Loi. Sa femme émit l’hypothèse d’une vengeance politique : Quinson ayant demandé la dissolution du Parti communiste au moment du pacte germano-soviétique. Il aurait par ailleurs été porteur d’une somme de 30 000 francs, appartenant au Comité de secours immédiat dont il était membre. L’enquête mis en cause des maquisards d’un groupe franc. Trois d’entre-eux furent arrêtés les 13 et 14 mars 1946 par le police mobile de Lyon et inculpés d’assassinat par le procureur de Nantua. L’intervention de l’Association des maquis de l’Ain et du colonel Romans-Petit, chef départemental du maquis et de l’AS de l’Ain, entraîna leur libération et la clôture du dossier.
Sources

SOURCES : Arch. Nat., F7/15486 A, n° 2342. F/1a/3332. — J. Jolly, Dict. parl., op. cit. — Le Travailleur de l’Ain, 1936-1937. — L’Éclaireur de l’Ain, 1932-1933, 1936-1937. — Le Populaire du 13 octobre 1931. — Patrick Veyret, La Résistance dans le département de l’Ain 1940-1944, 2016, p. 274. — Notes de Fabien Tenand.

Charles Sowerwine, Gilles Morin

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