Né le 29 juillet 1906 à Fontenay-sous-Bois (Seine, Val-de-Marne), fusillé par condamnation le 26 février 1943 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; électricien ; militant syndicaliste ; militant communiste ; résistant au sein des FTPF.

Fils de Claude, poseur de stores, et de Stéphanie, née Fortin, dessinatrice, Victor Recourat s’engagea comme volontaire dans la Marine nationale du 22 août 1922 au 1er avril 1928 et devint quartier-maître radiotélégraphiste durant la campagne du Levant. Il fut ensuite électricien à l’usine Nord de Saint-Ouen (Seine, Seine-Saint-Denis), chef d’équipe à la Compagnie parisienne de distribution d’électricité (CPDE) et milita à la Confédération générale du travail (CGT). Il épousa Annette Clochez le 29 septembre 1928 à la mairie de Neuilly-sur-Marne (Seine, Val-de-Marne), une fille naquit en 1932. Il adhéra au Parti communiste en 1936, fut trésorier de la section du Perreux-sur-Marne (Seine, Val-de-Marne).
Mobilisé le 7 septembre 1939, il participa aux combats contre l’Allemagne, puis s’engagea dans la Résistance : il appartenait au Front national en juillet 1941, puis il devint responsable technique des Francs-tireurs et partisans français (FTPF) de la région Paris-Nord. Ses fonctions consistaient à rechercher et réparer des armes, à constituer des dépôts et à obtenir des renseignements.
Il fut arrêté avec sa femme par neuf inspecteurs de la Brigade spéciale no 1 (BS1) le 16 octobre 1942 à son domicile du 70 rue de la Barre à Enghien-les-Bains (Seine, Val-d’Oise). Lors de la perquisition domiciliaire, les policiers saisirent : deux chargeurs pour parabellum calibre 9 mm ; quatre boîtes de vingt-cinq cartouches de 9 mm ; vingt chargeurs de dix balles calibre 7,65 mm, munitions de la mitraillette Mauser ; un lot de documents manuscrits sur l’Organisation spéciale.
Victor Recourat entreposait des armes en liaison avec Pierre Bolzer dans le caveau désaffecté de la famille Baudoin au cimetière d’Épinay-sur-Seine (Seine, Seine-Saint-Denis). Sous la plaque de marbre furent découverts : quatorze pistolets ou revolvers, des chargeurs vides et garnis calibre 7,65 mm ; un chargeur garni de cartouches 12 mm ; un lot de produits explosifs (cordon Bickford, Cheddite, poudre noire, acide sulfurique, détonateurs...).
Emmené à la préfecture de police, Victor Recourat fut interrogé dans les locaux des BS, puis incarcéré à Fresnes (Seine, Val-de-Marne) ; il aurait été torturé par les Allemands. Il comparut le 16 février 1943 devant le tribunal du Gross Paris, qui siégeait rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.). Condamné à mort pour activité de franc-tireur, il fut passé par les armes le 26 février 1943 à 16 h 25 au Mont-Valérien.
Arrêtée en même temps que son mari, Annette Recourat connut l’internement administratif. Elle demanda sa libération pour s’occuper de sa fille, mais la préfecture de police refusa. Elle s’évada en août 1944. Domiciliée en dehors du département de la Seine, elle ne fut pas convoquée pour témoigner devant la commission d’épuration de la police à la Libération.
Inhumé au cimetière d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne), Victor Recourat fut réinhumé après la guerre dans le carré militaire du Perreux-sur-Marne. Une plaque commémorative a été apposée sur la façade du 70 rue de la Barre à Enghien-les-Bains : « Ici a vécu Recourat Victor patriote français fusillé par les Allemands. Le 26 octobre 1945 », et son nom figure sur les monuments aux morts des deux villes. En février 1947, une plaque du souvenir fut posée à l’usine Électricité de France de Saint-Ouen. Une rue du Perreux-sur-Marne porte son nom.
Homologué au grade de sergent pour avoir rempli la fonction de Commissaire au matériel et aux renseignements de la région P3, Victor Recourat reçut à titre posthume la Médaille de la Résistance, la Médaille militaire et la Croix de guerre avec palmes.
Le Journal de guerre de l’Abbé Stock évoque sa mort.
"Vendredi 26.2.43
10 exécutions
Visites à Fresnes. Y suis prévenu de 10 exécutions. Suis resté pendant le déjeuner. Visité plusieurs dans la 3ème division.
Les noms des 10, pour activités de francs-tireurs, détention d’armes, etc. : Leblanc Georges, Aubervilliers, rejeté (mon assistance).
Lefranc Frédéric, Aubervilliers, ni confessé ni communié, mais ai prié avec lui au poteau, belle mort.
Gargam Marcel, Aubervilliers, s’est confessé, a communié son frère est prêtre. Belle mort. Rabot Gabriel, prié au poteau, me donna un peigne et mourut les mains jointes. Femme alsacienne.
Berthelot Marcel, rejeté.
Récouraut Recourat Victor, s’est confessé, a communié, belle mort.
Dupont Lucien, le chef, beaucoup d’attentats sur la conscience, communiste des pieds à la tête, chanta l’Internationale et dit en allemand : « Ich bin glücklich, für mein Vaterland sterben zu können » (Je suis heureux de pouvoir mourir pour mon pays). Rejet. Il se fichait de la mort, a joué chaque jour avec la vie pendant 14 mois. Etait complètement captivé par les idées bolcheviques.
Grosperrin Charles, très calme, s’est confessé, a communié.
Dallais Alexandre, a refusé, habite 34, rue de la Montagne-Sainte-Geneviève, Paris Vème. Bolzer Pierre, de St-Ouen, refusa tout secours spirituel. Avait appris le jour même la naissance de son fils. Né le jour où il fut condamné à mort.
Enterrés tous les dix au cimetière d’Ivry, 47ème division 1ère ligne."
Sources

SOURCES : Arch. PPo., carton 13 rapports hebdomadaires sur l’activité communiste pendant l’Occupation, 1W 0666, KB 21, KB 74, KB 87. – DAVCC, Caen, Boîte 5 / B VIII 4, Liste S 1744-51/43 (Notes Thomas Pouty). – Afin que nul n’oublie..., CCAS, 1980. – René Gaudy, Les porteurs d’énergie, Temps Actuels, 1982. – Le Réveil de Saint-Ouen, 1er mars 1947. – Site Internet Mémoire des Hommes. – Mémorial GenWeb. – État civil, Fontenay-sous-Bois.

Daniel Grason

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