Né le 12 décembre 1888 à Paris (XVIIe arr.), fusillé comme otage le 22 octobre 1941 à Châteaubriant (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique) ; ingénieur chimiste ; syndicaliste CGT.

Victor Renelle naquit dans un milieu catholique conservateur et artiste. Son père, auteur-compositeur et violoniste, poussa ses enfants à apprendre le solfège, l’harmonie et les instruments : une sœur fut violoniste. La famille lisait Maurras et Drumont.
Devenu ingénieur de l’École de physique et chimie de Paris – école qui sera un vivier de savants et de syndicalistes engagés à l’extrême gauche –, Victor Renelle fut affecté d’office, pendant la Première Guerre mondiale, dans les usines chimiques de la vallée du Rhône. C’est dans cette région qu’il rencontra Henriette, sa femme. Le couple eut une fille en 1919, Suzanne.
Rhône-Poulenc l’engagea en 1920 et l’employa en France et en Italie. Après une période de chômage pendant la crise économique, il travailla pour les usines Duco à Stains (Seine, Seine-Saint-Denis).
Membre de la loge Jean-Jaurès de la Grande loge de France, Victor Renelle fut, avec deux autres chimistes, Roger Pascré et Adolphe Bourrand, un des fondateurs du syndicat CGT des ingénieurs des industries chimiques, où il côtoya Georges Beyer. Il appartint à la direction de la Fédération CGT des industries chimiques avant la Seconde Guerre mondiale, mais ne fut jamais membre du Parti communiste. Pendant les grèves de juin 1936, il participa à l’occupation de l’usine avec les ouvriers ; sa fille, qui l’accompagnait parfois, se souvient qu’on y dansait souvent.
Pendant l’exode, on lui confia la direction de son usine repliée à Castres (Tarn). Le syndicat des produits chimiques fut reconstitué clandestinement. Arrêté par la police française le 5 octobre 1940 en même temps que Gisèle Pascré (épouse de Roger Pascré, prisonnier) et Roger Houët, lors d’une réunion syndicale qui se tenait à son domicile, 97 boulevard Magenta, à Paris (Xe arr.), il fut condamné à six mois de prison pour propagation « de mots d’ordre de la Troisième Internationale ». Il rencontra Fernand Grenier à la prison centrale de Clairvaux (Aube), avant leur transfert commun à Châteaubriant. On lui proposa une libération conditionnelle, qu’il refusa car il fallait signer une déclaration d’allégeance à Pétain. Le 22 octobre 1941, il a été fusillé comme otage à Châteaubriant, en représailles à l’exécution du commandant Karl Hotz à Nantes (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique). parmi vingt-sept autres internés, dont vingt-quatre communistes. Il laissait une femme et une fille. Son état civil porte la mention « Mort pour la France ». Une salle de l’immeuble de la CGT à Montreuil (Seine-Saint-Denis) prit son nom.
Après la mort de Victor Renelle, sa femme, Henriette Renelle, aida plusieurs familles juives amies à passer la ligne de démarcation. Elle s’installa dans son village de Provence et y ravitailla le maquis local en farine, car elle avait trouvé un travail au moulin du village. La fille de Victor Renelle, Suzanne Renelle, fut arrêtée vers juin-juillet 1944 avec tout son réseau du Bureau central de renseignement et d’action (BCRA). Elle était à Fresnes (Seine, Val-de-Marne) quand le consul Raoul Nordling négocia la mise en liberté de résistants emprisonnés. Elle sortit de prison le 19 août 1944, premier jour de la libération de Paris.
Sources

SOURCES : DAVCC, Caen, B VIII, dossier 2 (Notes Thomas Pouy). – Lettres des fusillés de Châteaubriant, Amicale des anciens internés patriotes de Châteaubriant, 1954 [Icon.]. – Fernand Grenier, Ceux de Châteaubriant, Éd. Sociales, 1967. – Roger Faligot, Rémi Kauffer, Service B, Fayard, p. 18-19. – Le Monde, 24 janvier 1981. – Renseignements communiqués par Catherine Faure, petite-fille de Victor Renelle.

Claude Pennetier

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