Né le 23 avril 1906 à Romans (Deux-Sèvres), mort sous la torture le 19 mai 1943 à la prison de la Pierre Levée de Poitiers (Vienne) ; menuisier ébéniste ; militant communiste ; résistant au sein des Francs-tireurs et partisans français (FTPF).

Camille Thébault avec son épouse Gabrielle et ses filles, Viviane et Jeanne
Camille Thébault avec son épouse Gabrielle et ses filles, Viviane et Jeanne
Crédit : La Nouvelle République du Centre-Ouest, 6 mai 2018, collection privée.
Gabrielle Thébault à son retour de déportation
Gabrielle Thébault à son retour de déportation
Crédit : collection privée
Fils de François Antonin, menuisier, et de Berthe Ernestine Berthonneau, Camille Thébault naquit à Aiript de Romans. Il suivit les cours de l’école primaire de Breloux-La Crèche (commune de La Crèche depuis les années 1960, Deux-Sèvres) puis du cours complémentaire avant d’exercer la profession d’ouvrier menuisier-ébéniste. Il épousa Gabrielle Ernestine Champagne et le couple élut domicile à Breloux-la-Crèche, rue de la Gare. Deux filles naquirent de cette union, Jeanne, née le 9 décembre 1930, et Viviane, née le 19 juillet 1933.
Il adhéra en juin 1933 au Secours rouge international et, en août 1934, au Parti communiste français (PCF). Il constitua une cellule à La Crèche dont il fut le secrétaire et Laure Poirier* la trésorière. Mobilisé en septembre 1939, il fut démobilisé en juin 1940.
Sous l’Occupation, il continua son activité militante au sein du PCF clandestin. Il échappa à l’arrestation à la suite d’une lettre de dénonciation du président collaborationniste de la délégation spéciale de Breloux-la-Crèche en date du 4 mai 1942 par laquelle Hercourt dénonçait neuf de ses administrés aux autorités allemandes après une distribution de tracts. En août 1942, Camille Thébault s’engagea dans les FTPF, organisation armée du Front national de lutte pour la libération et l’indépendance de la France, mouvement de résistance dirigé par le Parti communiste français. Selon une attestation du colonel Rol-Tanguy en date du 10 mars 1958, il servit sous ses ordres – Rol-Tanguy dirigeant alors l’interrégion 29 (Vienne, Loire-Inférieure, Vendée et Maine-et-Loire) – « avec le grade de capitaine, assurant les fonctions d’interrégional militaire, correspondant à celles de chef des 3e et 4e bureaux d’État-major ». Par la suite, Camille Thébault organisa depuis la Vienne des coups de main, sabotages et attaques de dépôt.
Il fut arrêté le 8 février 1943, par la Sipo-SD ou la SAP selon les sources, sous l’identité de François Lebrault à Poitiers, dans les grottes de la Norrhée.
Emprisonné à la prison de la Pierre Levée à Poitiers, il succomba le 19 mai 1943 aux tortures de la Sipo-SD sans avoir parlé.
Il fut nommé Chevalier de la Légion d’Honneur à titre posthume le 17 février 1948, distinction accompagnée de la Croix de guerre avec palmes. Déclaré « Mort pour la France », il fut reconnu « Interné politique » le 19 décembre 1947 puis « Interné résistant » le 1er octobre 1959. Une rue de La Crèche porte son nom.
Son épouse Gabrielle s’engagea également dans les FTP et devint la collaboratrice de son mari et du lieutenant-colonel Jean Petit fusillé le 22 septembre 1943 au champ de tir de Biard (Vienne). Compétente en chimie, elle fabriquait des explosifs pour les sabotages, notamment au début de février 1943 celui du relais allemand de Saint-Martin-du-Fouilloux (Deux-Sèvres). Gabrielle Thébault fut arrêtée le 23 juillet 1943 à Orléans sur dénonciation. Le 16 septembre 1943, elle fut jugée par le Tribunal militaire de la Feldkommandantur de Poitiers et s’entendit dire par les Allemands : « Votre mari était un homme. Nous l’avons tenu trois mois sans pouvoir lui tirer une parole ». Elle fut déportée successivement à Ravensbrück puis à Bergen-Belsen ; elle revint en France le 6 juin 1945. Homologuée au grade de Lieutenant, elle reçut la Médaille de la Résistance. Elle se remaria et vécut à Meudon (Seine-et-Oise, Hauts-de-Seine) dans les années 1950 sous le nom de Cohen.
Sources

SOURCES : DAVCC, Caen. — Arch. Dép. des Deux-Sèvres, 158 W 221. — Michel Chaumet et Jean-Marie Pouplain, La Résistance en Deux-Sèvres, 1940-1944, Geste éditions, La Crèche, 2010. — G. Citerne, Un héros de la Résistance, Camille Thébault, capitaine F.T.P., Tours, suppl. aux Nouvelles des Deux-Sèvres [Icon.], s.d. [1974].

Iconographie
ICONOGRAPHIE : G. Citerne, op. cit..

Dominique Tantin, Claude Pennetier

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