Né le 21 mars 1910 à Aubin (Aveyron), fusillé comme otage le 31 mars 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; ajusteur-monteur, agent hospitalier ; militant syndicaliste ; militant communiste ; résistant.

Fils d’Alfred Toulza (né en 1882 à Saint-Sulpice, Aveyron), domicilié à Pont-de-Labro, mineur, « plutôt sympathisant au socialisme », et de Sylvie Peyrusse (née en 1885), sans profession, Clément Toulza fréquenta les écoles libres pendant six ans et obtint son certificat d’études primaires. Il commença à travailler à l’âge de quatorze ans comme manœuvre et crieur de journaux, avant de devenir ajusteur. Il fit son service militaire comme 2e classe et épousa le 6 novembre 1937 à la mairie de Boulogne-Billancourt (Seine, Hauts-de-Seine) Henriette Paillard, agent des services hospitaliers, syndiquée, dont les parents étaient employés dans les mêmes services.
Clément Toulza adhéra à la Jeunesse communiste en juillet 1932 et forma la cellule de Cransac (Aveyron), dont il fut secrétaire environ huit mois, avant son départ à Paris. Installé dans le XVe arrondissement, il affirmait « avoir rempli plusieurs bulletins d’adhésion qui n’ont jamais donné suite » avant d’adhérer au Parti communiste, en août 1936. Sympathisant depuis longtemps, ayant été « rabcor » à l’Humanité (no 3362), il aurait attendu de savoir s’il était capable d’être adhérent. C’est Albert Carn, du Syndicat des métaux, qui le fit adhérer. Il avait, lors de son arrivée à Paris, en 1933, participé à un mouvement de grève chez Citroën et avait été assommé dans une charge de police rue de Javel (XVe arr.). Il fut inculpé le lendemain (25 mars 1933) pour port d’arme prohibée, ayant sur lui... un couteau Laguiole ! Le 28 mars, défendu par Me Pitard, il fut condamné à quinze jours de prison avec sursis. Il participa aussi aux grèves de février 1934 et de 1935.
Syndiqué à la Confédération générale du travail (CGTU) dès 1932, Clément Toulza fut, à Boulogne-Billancourt, secrétaire de la section syndicale J.J. Carnaud, membre de la commission exécutive locale et à son bureau. Au Parti communiste, il fut délégué à la conférence de section des 17-18 octobre 1936, à la conférence régionale des 16-17 janvier 1937 et à celle, extraordinaire, des 24-25 juillet à Boulogne. À la conférence de section de Boulogne du 20 novembre 1937, il fut désigné pour le secrétariat de la section. Il était également adhérent à la Fédération sportive du travail (FST) (club Cuirs et Peaux de basket) puis à la Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT) après la fusion, comme trésorier-adjoint de la section de Boulogne.
Pendant la guerre, Clément Toulza était agent des services hospitaliers à Paris et demeurait 9 rue du regard à Garches (Seine-et-Oise, Hauts-de-Seine). Il militait au Parti communiste clandestin et distribua des tracts.
Marie Dubois, membre de l’appareil clandestin du Parti communiste, fut arrêtée pour vol à l’étalage au magasin La Samaritaine. Lors de la perquisition de son logement, les policiers saisirent des biographies de militants communistes, dont celle de Clément Toulza. Deux inspecteurs de la Brigade spéciale no 1 (BS1) l’interpellèrent en septembre 1941. Incarcéré à la prison de Fresnes (Seine, Val-de-Marne), il aurait été condamné à mort par un tribunal militaire allemand et fusillé comme otage le 31 mars 1942 à la suite d’un attentat au Havre (Seine-Inférieure, Seine-Maritime).
Le nom de Clément Toulza figure sur le monument aux morts de Garches, ainsi que sur une plaque commémorative à l’entrée de la mairie de Boulogne-Billancourt. Il fut reconnu comme FFI à titre posthume.


L’abbé allemand Franz Stock l’évoque dans son Journal de guerre :
« Mardi 31.3.42
Lever 5 heures, 15 otages au Cherche-Midi (attentat du Havre). Arrivé à 6 heures du matin, une partie d’entre eux sont des Juifs du camp de Drancy, quelques communistes, et d’autres déjà condamnés par le tribunal militaire.
2 parmi eux étaient réceptifs, aucun ne s’est confessé ou n’a communié : au dernier moment seulement, là haut au fort, avons fait ensemble acte de contrition et récité les dernières prières.
Corre, A., 6, rue Laos, XVe, catholique
Decagny, Paul, cultivateur, Hétomesnil par Lihus (Oise), catholique
Carpentier, René, Moulancourt, par Ville sur Andre, catholique
Guérin, Maurice Paul, 79, rue Henri Barbusse, Clichy, catholique
Noël, Raymond, Pont St. Maxence (Oise)
Souillart, Raymond [en fait Souilliart Raymond]
Aucun d’entre eux ne pratiquait, les autres étaient communistes ou Juifs, dont pour ces derniers, Bernard Lieberman [en fait Liberman Benjamin], croyant, qui avait beaucoup fait le bien, pria et demanda ma bénédiction. Les communistes moururent : "Vive le Parti communiste, la Troisième internationale, Staline, Lénine, Rosa Luxembourg, etc." Avec les "Allons enfants". Le chef [peut-être René Sahors, note de C. Pennetier] affirma que si Dieu et le ciel existaient, alors ils accueilleraient aussi un communiste.
Une partie (7) a été inhumée au cimetière de La Garenne, les autres (8) à Courbevoie ; sépultures pas terminées, c’est pourquoi attendu 3 heures. »
Notons que sur 15 otages il ne donne les noms que de 7 d’entre-eux.
Ceux dont les noms manquent sont pour l’essentiel des Juifs
ainsi
Arbiser Ziskind
Banach Menachem
Gmach Markus
Ilzicer Daniel
Klein Arnost
Rabinowicz Joseph
mais aussi
Lambard Paul
Sahors René
Toulza Clément
Ce qui fait 9 et non 8 selon nos biographies. Un otage aurait échappé à l’abbé Stock. A moins que le rebelle René Sahors ait subi un sort particulier.
Sources

SOURCES : Arch. RGASPI, 495.270.2273, autobiographie du 9 décembre 1937 (Classé A). – Arch. PPo., BA 2117, KB 55. – S. Klarsfeld, Le livre des otages, op. cit. – J.-M. Berlière, F. Liaigre, Liquider les traîtres. La face cachée du PCF, 1941-1943, R. Laffont, 2007. – Site Internet Mémoire des Hommes. – Mémorial GenWeb. – État civil, Aubin.

René Lemarquis

Version imprimable