Né le 16 mars 1893 à Saint-Germain-en-Laye (Seine-et-Oise, Yvelines) ; fusillé le 10 avril 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; tôlier ; militant communiste ; résistant.

Fils de Louis Baron et d’Anne-Marie Loncle, Daniel Baron, célibataire, habitait dans un petit pavillon, 11 ter rue Jules-Ferry, à La Garenne-Colombes (Seine, Hauts-de-Seine). Depuis le 5 avril 1939, il travaillait chez Willème, une usine de fabrication de poids lourds, 130 rue de Colombes, à Nanterre. Il était responsable de l’organisation du Parti communiste dans l’usine. Il était partie prenante d’un important centre clandestin de propagande communiste qui rayonnait plus particulièrement dans la banlieue Ouest de Paris et dans certaines localités de Seine-et-Oise. Ce centre constituait le quatrième secteur de l’appareil illégal et était dirigé par Félix Pozzi, responsable à la propagande.
Les écrits étaient signés du Comité de chômeurs, du Comité populaire ou encore portaient l’en-tête du journal local L’Éveil de Nanterre édité par la section communiste jusqu’à la fin août 1939. Le no 2 de janvier 1941 titrait en manchette : « Libérez les communistes, libérez Barbet, libérez Waldeck Rochet ». Les textes dénonçaient « Pétain, Laval, Flandin, Déat, Belin [qui] sont les agents de l’étranger tout comme Daladier, Reynaud, Blum. Ceux-ci servaient l’impérialisme anglais, ceux-là servent l’impérialisme allemand » et exigeaient « la signature d’un accord commercial avec l’URSS ». En février, le Comité de chômeurs de Nanterre exigeait du travail pour les chômeurs « au taux fixé par les conventions collectives ».
Le Métallo daté de mai 1941 énumérait les revendications des Comités populaires dont celui de chez Willème : « Augmentation de deux francs de l’heure, respect des quarante heures tant qu’il y aura des chômeurs, augmentation de la ration alimentaire, libération de nos emprisonnés et le retour des déportés en Afrique ». L’Humanité du 14 juillet 1941 s’adressait à la population : « Manifestez, pavoisez tricolore, témoignez votre solidarité à l’URSS. Formons le Front national de lutte pour l’indépendance de la France. À bas Hitler ! Vive l’URSS ! Vive la France ! » Un habitant de Nanterre se présenta, à la mi-août 1941 au poste de police de la ville, puis le 30 août au commissariat de Puteaux : il se plaignait de la présence de tracts dans sa boîte aux lettres et rapporta une dispute entendue la veille entre sa voisine et un parent de celle-ci, Célestin Hébert. Elle le menaçait de le dénoncer à la police s’il continuait de remettre des tracts à son mari et à en distribuer dans le quartier. Cet informateur parut suspect : il fut arrêté et livra le nom d’Hébert.
Le commissaire chargea immédiatement la Brigade spéciale d’intervention du commissariat de mener l’enquête. La presque totalité des militants fut repérée, quinze arrestations s’échelonnèrent entre le 8 et le 16 septembre 1941. Le 11 septembre, la Brigade spéciale d’intervention (BSi) du commissariat de Puteaux interpella Daniel Baron, alors qu’il conversait avec Georges Lacaud devant la porte d’entrée de l’entreprise.
Ils furent conduits au commissariat dans une voiturette. Lorsqu’ils quittèrent le véhicule, les policiers trouvèrent sur le plancher un carnet de bons de solidarité avec les familles des emprisonnés, frappés de la faucille et du marteau. Daniel Baron fut inculpé pour « activité communiste » (infraction au décret Daladier du 26 septembre 1939) et « aide à l’ennemi ». Il fut détenu plusieurs jours dans les locaux du commissariat puis livré aux autorités allemandes et incarcéré à la prison de la Santé.
Le 24 mars 1942, au tribunal du Gross Paris siégeant rue Boissy-d’Anglas, à Paris (VIIIe arr.), le commissaire de Puteaux témoigna à charge contre les inculpés. Quinze condamnations à mort furent prononcées, dont celles de Daniel Baron, Lucienne Hébert et Florentine Berson. Le 10 avril 1942, dans l’après-midi, Daniel Baron fut passé par les armes avec ses onze camarades au Mont-Valérien. L’abbé allemand Stock dit dans son Journal de guerre, « La plupart des communistes moururent en criant : "Vive le Parti communiste ! etc." ». Voir Félix Pozzi.
Son inhumation eut lieu à la division 39 du cimetière d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne). Le père de Daniel Baron habitait Bezons (Seine-et-Oise, Val-d’Oise). Âgé de soixante-dix-huit ans, il se rendit le 5 février 1945, à la gendarmerie. Il témoigna que son fils avait été arrêté par la police française de Puteaux et conduit au commissariat. Là, il avait subi « de mauvais traitements » et avait eu « une oreille de décollée ». Il concluait : « Mon fils a été jugé et fusillé pour [ses] idées politiques. » Une copie de cette déposition fut envoyée au procureur de la République de Versailles.
Après la Libération, le 12 mars 1945 un juge d’instruction inculpa le délateur de Célestin Hébert « d’atteinte à la sûreté extérieure de l’État ». L’homme, Clément, était marié à Stéphanie, Allemande des Sudètes (Tchécoslovaquie). Le couple habitait le pavillon voisin du frère de Célestin Hébert. Clément, membre du Mouvement social révolutionnaire (MSR), parti collaborationniste d’Eugène Deloncle, assistait aussi aux réunions du Parti populaire français (PPF) de Doriot. Il était farouchement anticommuniste. Après l’exécution de Célestin Hébert et de ses compagnons, il vendit précipitamment son pavillon et déménagea. Il fut retrouvé par la police dans la Sarthe, arrêté, jugé, et fut condamné le 19 octobre 1945 à vingt ans de travaux forcés et vingt ans d’interdiction de séjour.
Le ministère des Anciens Combattants accorda à Daniel Baron la mention « Mort pour la France » le 13 novembre 1945 et la reconnaissance d’Interné Politique. Il fut ré-inhumé au carré des fusillés du cimetière de Bezons. Son nom figure sur le monument aux morts de La Garenne-Colombes et une rue de Bezons porte son nom.
Sources

SOURCES : Arch. PPo., BA 1928, BA 1934, BA 2355, BA 2117, KB 7, KB 10, KB 42, KB 44, KB 72, KB 85, PCF carton 19, RG77W 53, RG77W 1046. – DAVCC, Caen, FFP Boîte 5 (Notes Delphine Leneveu, Thomas Pouty). – Site Internet Mémoire des Hommes. – Mémorial GenWeb.

Daniel Grason

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