Né le 18 mars 1897 à Saint-Valéry-sur-Somme (Somme), fusillé le 1er octobre 1942 à Saint-Lô (Manche) ; traminot ; militant communiste dans la Somme ; résistant dans la Somme puis en Normandie, commandant FTPF, responsable régional militaire, responsable interrégional.

Stèle en l’honneur des quatre Lemaire inaugurée le 5 septembre 2015.
Communiqué par Philippe Pauchet
Fausse carte d'identité de Maurice Joseh Lemaire au nom de Leroy
Fausse carte d’identité de Maurice Joseh Lemaire au nom de Leroy
Communiqué par Martine Reby Hinard.
Arch. Dép. Manche, affaire Jurczyszyn, 1580 W 2.
Photo Gerald Bloncourt
Cliché Gérald Bloncourt
Maurice Lemaire était le fils d’un charbonnier. Engagé volontaire en 1915, à l’âge de dix-huit ans, il fut gravement blessé à deux reprises. Sa conduite au front lui valut la Croix de guerre avec trois citations, la Médaille militaire et l’inscription au tableau de la Légion d’honneur.
Originaire d’Ailly-sur-Somme, il était charcutier lors de la naissance de son fils Charles. Marié à Saint-Valéry-sur-Somme en septembre 1919 avec Alice Lemiure, père de trois fils, il résidait à Amiens où il était traminot. Militant communiste dans les années trente, Maurice Lemaire était membre de la cellule Vorochilov.
Arrêté en avril 1940, il fut interné au camp de Plainval, puis du Sablou (Dordogne) et de Saint-Paul-d’Eyjeaux (Haute-Vienne), d’où il fut libéré en juin 1941. Il rentra alors à Amiens, où son fils aîné, également prénommé Maurice, s’était engagé dans les rangs des Francs-tireurs et partisans (FTP). Le contact fut immédiat et Maurice Lemaire père entra aussi en résistance. Il devint rapidement responsable régional militaire des FTP mais, traqué par la police, il dut quitter la Somme avec son fils en février 1942.
Devenu commandant FTP et responsable interrégional, Maurice Lemaire, dit « Adrien », continua le combat en Normandie. Le 4 juillet 1942, alors qu’il était en mission auprès de son fils à Trelly, près de Coutances, la maison des gardes-barrières qui les abritait fut cernée par les inspecteurs de police de la brigade mobile de Rouen. Père et fils réussirent à s’échapper par la fenêtre et à traverser la Sienne à la nage sous les balles des policiers. Portant sur le dos son fils blessé à la cheville, Lemaire se réfugia dans une grange à Quettreville. Dénoncés à la Gestapo par le fermier, ils furent arrêtés. Les Allemands, qui trouvèrent un papier portant la mention « Saint-Lazare » dans une poche de Maurice, Joseph Lemaire, l’emmenèrent à Paris, persuadés d’arrêter d’autres résistants à ce rendez-vous. L’attitude intelligente de Maurice, Joseph Lemaire évita à ses camarades d’être pris. Ramené à la prison de Cherbourg, accusé « d’avoir commis des actes de sabotage, d’avoir incité à des actes de violence contre l’armée allemande, d’avoir commis des actes de violence armée contre la police, d’appeler les Français à soutenir les Anglais en cas de débarquement », il fut condamné avec son fils et onze autres résistants à la peine de mort par le tribunal militaire allemand de Saint-Lô FK 722.
Il a été fusillé le 1er octobre 1942, et son fils Maurice le 24 novembre 1942.
Son fils Charles a été fusillé le 2 août 1943 à Arras et Arthur résistant également a été tué à Amiens en menant la lutte contre l’occupant.
ls reposent tous les quatre dans le Carré de corps restitués du cimetière Saint-Acheul dit "ancien", allée des Benoites à Amiens.
L’ancien chemin des Épinettes où la famille Lemaire résidait à Amiens fut rebaptisé rue des Quatre Lemaire, une plaque commémorative indique leurs noms,qui sont également gravés sur la plaque "Aux habitants du quartier Beauvais-Chateaudun reconnaissants" et sur le monument aux morts.
La dernière lettre de Maurice Lemaire
 
Condamné à mort hier ainsi que notre cher Maurice, avec 10 camarades et une femme.
C’est Jorgésime, de Cherbourg, qui nous a vendus. Moi, je ne fus battu que par les Français. Pardonne nous à tous deux de t’abandonner, nous t’envoyons nos plus tendres baisers sans oublier ces pauvres petits Charles et Arthur ainsi que Charlotte.
Mon avocat a plaidé cinq minutes et pour notre cher fils pas du tout. Pour Maurice, la peine de mort fut demandée six fois, pour moi, une fois.
Nous sommes le 23 et nous n’avons pas eu de tes nouvelles. C’est notre dernier dimanche. J’ai toujours en cellule et depuis le 6 septembre, nous sommes au secret et aux fers.
Bons baisers de ton fils et de ton mari.
Sources

SOURCES : AVCC, Caen (Notes Thomas Pouty). – J. Quellien, Résistance et sabotages en Normandie, Condé-sur-Noireau, Éd. Corlet, 1992. – Gérald Maisse, Occupation et résistance dans la Somme, 1940-1944, Abbeville, Éd. Paillart, 2005. – Mémorial GenWeb. – État civil.

Julien Cahon

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