Né le 4 juin 1920 à Pantin (Seine, Seine-Saint-Denis), fusillé le 26 août 1941 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; docker ; militant des Jeunesses communistes.

Fils de Léon, forgeron à la SNCF, et de Bérangère, née Bobin, Raymond Justice habitait chez ses parents, 6 rue Louise-Michel à Drancy (Seine, Seine-Saint-Denis). Il alla à l’école primaire et savait lire et écrire. Il adhéra à la Jeunesse communiste en 1936. Il fut secrétaire d’un groupe, trésorier de la section locale de Drancy, militant actif, et il assistait aux réunions et fêtes de l’organisation. Il était employé comme docker par la Chambre de commerce de Pantin et travaillait aux entrepôts.
Après la signature du Pacte germano-soviétique du 23 août 1939, il traversa une période de doutes, et cessa toute activité. Il se maria avec Lucie Paner le 15 mars 1940 ; le couple demeurait 42 rue Henri-Barbusse à Drancy. Les organisations communistes furent dissoutes par le décret-loi du 26 septembre 1939. En cette période d’incertitude politique, était-il sur la réserve ?
Le mercredi 13 août 1941 vers 18 h 30, il fut appréhendé par des policiers à proximité du métro Havre-Caumartin. Les Jeunesses communistes de la région Paris-Est organisaient en ce lieu une manifestation contre la présence des troupes allemandes. Dix-sept jeunes furent arrêtés dont Raymond Justice. Il portait sur lui un numéro de l’Humanité clandestine de juin 1941, une photographie du congrès national de la jeunesse communiste de France de 1939 qui s’était tenu à Issy-les-Moulineaux (Seine, Hauts-de-Seine), ainsi qu’un carnet avec des noms et des adresses.
Interrogé dans les locaux des Brigades spéciales, il expliqua que quelques jours auparavant, alors qu’il consommait dans un café au carrefour des Six-Routes à Bobigny, il entendit deux jeunes qui parlaient à mi-voix d’une manifestation, ce mercredi 13 à 18 h 30 au métro Havre-Caumartin. Il se trouvait dans ce lieu parce qu’il devait acheter un bleu de travail aux Galeries Lafayette. Raymond Justice affirma qu’il n’avait pas « obéi à un mot d’ordre de l’organisation clandestine, depuis longtemps en effet, je suis absolument coupé de mes anciennes liaisons politiques ».
Il donna des explications sur tout : l’exemplaire de l’Humanité, il l’avait trouvé dans sa boîte aux lettres. La photographie du congrès de la jeunesse communiste, délégué à ce congrès, il s’agissait d’un souvenir. Son carnet à couverture rouge avec des adresses, des camarades qu’il connaissait avant-guerre, des amis personnels dont Odette Lecland, arrêtée également. Une feuille de papier où il était écrit « Qui a fait Munich ? », il ne se souvenait plus à quoi ce texte correspondait. Sur une autre feuille, avec des indications sur son activité entre la signature du Pacte germano-soviétique et la dissolution du Parti communiste, figurait une adresse à Paris avec indiqué « machine à ronéotyper », il ne se rappelait plus à quoi cela correspondait. Sept des arrêtés habitaient Drancy, Raymond Justice ne convainquit pas.
Il fut livré aux autorités allemandes, incarcéré à la prison du Cherche-Midi (Paris, VIe arr.) ainsi que quinze des seize autres jeunes qui avaient été arrêtés : en effet l’un d’entre eux, Désiré Bertieau avait réussi à s’enfuir le 14 août alors qu’il était détenu au Dépôt. Le 23 août, il comparaissait devant le tribunal du Gross Paris qui siégeait rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.), et qui le condamna à mort pour « intelligence avec l’ennemi » ainsi que deux de ses camarades André Sigonney et Jean-Louis Rapinat.
Quatre jeunes gens, Émile Grout, Marcel Ancelin, Daniel Chandon et Rémy Toutin furent condamnés aux travaux forcés à perpétuité, ainsi que Désiré Bertieau qui lui fut condamné par défaut. Émile Grout mourut le 27 octobre 1941 à la prison de Rheinbach (Allemagne).
Les neuf autres prévenus furent acquittés mais aussitôt internés administrativement. Parmi ces derniers Simon Bronsztein fut fusillé le 23 avril 1942 à Nantes (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique) comme otage et le FTP François Marais fut fusillé le 6 octobre 1943 au Mont-Valérien.
Raymond Justice fut fusillé le 26 août 1941 au Mont-Valérien avec ses deux camarades André Sigonney et Jean-Louis Rapinat Le journal collaborationniste Le Matin publia le 30 août en une un Avis du 27 août. « André Sigonney, de Drancy. Raymond Justice, de Drancy. Jean-Louis Rapinat, de Pavillons-sous-Bois, ont été condamnés à mort par la cour martiale pour aide à l’ennemi, ayant pris part à une manifestation communiste dirigée contre l’armée allemande. Ils ont été fusillés ». Raymond Justice fut inhumé au cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine le 26 août 1941 division 47, ligne 2, n° 71 puis transféré à Drancy le 18 avril 1945.
Son père Léon, militant communiste, fut interné. Après la Libération, il déposa plainte le 7 avril 1945 contre les inspecteurs qui arrêtèrent son fils.
La mention Mort pour la France fut attribuée à Raymond Justice le 18 février 1946.
Le nom de Raymond Justice figure sur la cloche du Mémorial de la France combattante au Mont-Valérien. Le conseil municipal de Drancy nomma une rue Raymond-Justice et son nom fut gravé sur une plaque commémorative à l’entrée de la mairie de Drancy avec les autres fusillés et les déportés de la ville.
Voir Mont-Valérien, Suresnes (Hauts-de-Seine)
Sources

SOURCES : Arch. PPo., KB 64, 77W 1462. — DAVCC, Caen, Boîte 5 B VIII dossier 2 (Notes Thomas Pouty). — Résistantes et résistants en Seine-Saint-Denis, un nom, une rue, une histoire, Monique Houssin, Amis MRN, Éd. de l’Atelier, 2004. — Le Matin, 30 août 1941. — Site Internet Mémoire des Hommes. — MémorialGenWeb. — État civil, Pantin. — Répertoire des fusillés inhumés au cimetière parisien d’Ivry.

Jean-Pierre Besse, Daniel Grason

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