Né le 28 janvier 1905 à Saint-Ferdinand (aujourd’hui Souidania, Algérie), fusillé après condamnation le 29 septembre 1942 au stand de tir du ministère de l’Air à Paris (XVe arr.) ; métallurgiste ; militant communiste ; résistant, membre de l’Organisation spéciale (OS).

Henri Savignac
Henri Savignac
Henri Savignac était membre du Parti communiste depuis 1936. Il avait troqué la truelle de maçon pour travailler aux usines Renault, à Boulogne-Billancourt (Seine, Hauts-de-Seine). Il habitait 8 chemin Scribe à Meudon (Seine-et-Oise, Hauts-de-Seine).
En novembre 1938, des grèves eurent lieu contre les décrets-lois du gouvernement Daladier qui mettaient en cause les quarante heures hebdomadaires. L’usine Renault occupée fut évacuée par les forces policières avec l’emploi de gaz lacrymogènes. L’ensemble du personnel fut lockouté, deux cent quarante-deux salariés comparurent devant trois chambres correctionnelles, il y eut quatre-vingt-deux condamnations à des peines de huit jours à deux mois de prison. Le député communiste Alfred Costes et le maire socialiste de la ville, André Morizet, protestèrent. Le réembauchage s’opéra ouvrier par ouvrier, après réception d’une lettre recommandée signée de Louis Renault. Il y eut environ 10 % de licenciés, Henri Savignac fut de ceux-là. Il ne renonça pas, forma une cellule communiste dans le quartier du Bas-Meudon, à proximité de l’usine ; les réunions se tenaient dans un café de la route de Vaugirard. L’ancien métallurgiste devint concierge au siège de l’Union de la métallurgie, 94 rue d’Angoulême (aujourd’hui Jean-Pierre-Timbaud, XIe arr.).
Après la déclaration de guerre, il fut chargé d’assurer le ravitaillement de la maison de repos des métallurgistes de la CGT, à Vouzeron (Cher). En avril 1940, il suivit des cours de formation professionnelle. À la fin de l’année, Henri Savignac fut contacté pour participer à des distributions de tracts et tracer des mots d’ordre sur les murs et les trottoirs. En janvier 1941, il constitua un groupe avec deux autres militants : Charles Bergeyre et Raymond Duhamel.
Le 12 décembre 1941, deux membres de la famille d’Henri Savignac, habitant aussi Meudon, François et Charles, furent condamnés pour avoir distribué des tracts communistes. Après leur arrestation le 2 février 1941, le tribunal spécial condamna François à cinq ans de prison et Charles à deux ans. Il fut déporté à destination de Mauthausen (Autriche) le 16 avril 1943, et gazé au château de Hartheim le 27 juin 1944.
À la mi-juillet 1942, Henri Savignac fut présenté à un commissaire politique. Celui-ci l’informa que le Parti communiste allait former une armée populaire, nommée « Troupes populaires », pour chasser les Allemands hors de France. Il fut chargé d’acheter des produits chimiques pour fabriquer des bombes incendiaires ; le croquis d’un engin lui fut fourni comme exemple.
Le 11 août 1942, vers 21 h 30, deux gardiens de la paix l’arrêtèrent pont de Saint-Cloud. Il était porteur d’un pistolet 6,35 mm, avec cinq cartouches dans le chargeur et une balle dans le canon ; un carnet de rendez-vous fut également saisi. Il fut transféré immédiatement dans les locaux de la Brigade spéciale no 2 (BS2). Quatre inspecteurs se relayèrent pour l’interroger. Le carnet saisi permit aux policiers de reconstituer ce qui n’était qu’un début de mise sur pied d’un groupe opérationnel. La perquisition domiciliaire permit de trouver : un rapport d’activité de l’OS écrit de sa main, un modèle de fiche de renseignements à fournir sur les troupes d’occupation, quatre factures de chlorate de potasse et de soufre en fleur, une liste de matériel pour l’armement de plusieurs hommes, plusieurs feuilles de rendez-vous.
Des policiers restèrent sur place pour piéger d’éventuels visiteurs. Un homme se présenta, qui réussit à prendre la fuite après avoir assommé un inspecteur à coups de bouteille. Une voisine, ouvrière spécialisée chez Renault, le décrivit : taille, âge, teint, habillement. Une amie de celle-ci témoigna tout aussi spontanément et donna une adresse.
Trois autres militants furent arrêtés : Charles Bergeyre, Claude Lornage, Raymond Duhamel. Cinq mille tracts furent saisis dans un local loué par Charles Bergeyre. Les policiers trouvèrent entre autres dans l’atelier de Claude Lornage : un vieux pistolet à barillet, deux baïonnettes, un poignard, deux crosses de fusil de chasse, un barillet de pistolet, trois chiens de fusil, un canon double, cinq chargeurs, une boîte de plomb. Un parabellum année 1916 fut également saisi, cadeau d’un client contre une carabine.
Les analyses pratiquées par le service de l’identité judiciaire confirmèrent les déclarations d’Henri Savignac et de Claude Lornage : le pistolet calibre 6,35 mm du premier n’avait jamais servi, le parabellum du second, l’examen du canon de l’arme présentant de nombreuses taches de rouille, n’avait pu servir récemment.
Le tribunal du Gross Paris, qui siégeait rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.), jugea les quatre hommes le 19 septembre 1942. Raymond Duhamel fut condamné à trois ans de réclusion ; le 19 octobre 1942, il prit la destination de la prison de Karlsruhe, puis celle de Sonnenburg, près de Francfort-sur-Oder (Allemagne) ; il mourut le 27 juillet 1944. Les trois autres furent condamnés à mort, Henri Savignac pour « aide à l’ennemi et détention d’armes », Claude Lornage pour « détention d’armes », Charles Bergeyre pour « aide à l’ennemi ». Ils ont été fusillés le 29 septembre 1942 au stand de tir du XVe arrondissement.
Henri Savignac fut inhumé dans le carré des corps restitués aux familles du cimetière d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne). Le 28 mars 1972, le ministère des Anciens Combattants et Victimes de guerre lui accorda la mention « Mort pour la France ».
Son nom est gravé sur la plaque du ministère de la Défense à Paris XVème
Sources

SOURCES : Arch. PPo, BA 2116, BA 2117, BA 2299, KB 1, KB 95, PCF carton 13. – DAVCC, Caen, Boîte 5 B VIII (Notes Thomas Pouty). – L’Humanité du 22 au 7 décembre 1938. – FMD, Livre-Mémorial, op. cit. – Mémorial GenWeb.

Iconographie
PHOTOGRAPHIE : Arch. PPo. GB 188 cliché du 12 août 1942.

Daniel Grason

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