Né le 7 octobre 1907 à Ostrawa (Pologne), fusillé par condamnation le 1er octobre 1943 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; tailleur domicilié à Joinville-le-Pont (Seine, Val-de-Marne) ; volontaire en Espagne républicaine ; résistant FTP-MOI de Paris, chef du deuxième détachement juif (1942-1943).

Fils de Srul et de Judes, née Kavouch, juif d’origine polonais, Mayer List milita comme ses quatre frères dans les organisations ouvrières. Toute sa famille émigra en Argentine pour trouver du travail. Son frère aîné, Jacob, fut tué en 1931, au cours d’un affrontement avec la police lors d’une grève qu’il dirigeait. Mayer List adhéra au Parti communiste argentin. Recherché par la police, il se réfugia en Uruguay, puis revint en Argentine où, arrêté, il fit la grève de la faim. Expulsé vers la Pologne à l’été 1936, il s’évada lors de l’escale de Vigo (Espagne) et rejoignit les Brigades internationales après que les autorités françaises lui eurent refusé l’asile.
Il entra en France clandestinement au printemps 1939. Interpellé par les gendarmes, sans papiers et épuisé, il ne fut pas arrêté à cause de son état de santé : il était tuberculeux. Il réussit à gagner Paris avant la déclaration de guerre. Il était domicilié 36 rue Chapsal à Joinville-le-Pont.
À l’automne 1941, malgré son état de santé, il rejoignit le 2e détachement de l’Organisation spéciale-MOI qui devint en 1942 les FTP-MOI. Il fit partie du triangle de direction avec Léon Pakin et Samuel Weissberg. À la suite de l’arrestation de Léon Pakin, en juin 1942, il lui succéda à la tête du deuxième détachement.
Selon un bilan établit par Boris Holban, entre le 8 juillet 1942 et le 31 mai 1943, le 2e détachement FTP-MOI mena cinquante-huit actions contre les troupes d’occupation : incendies de camions, dépôts de bombes à retardement devant des hôtels occupés par des Allemands, grenadage de restaurants, de détachements de soldats...
Des inspecteurs de la Brigade spéciale no 2 (BS2) filèrent méthodiquement les résistants de la MOI pendant plusieurs semaines. Mayer List fut repéré pour la première fois le 28 avril 1943 à 10 heures rue de Tolbiac à Paris (XIIIe arr.) en compagnie d’Éphraïm Lipcer ; le même jour, à 11 heures, il était vu 30 rue du Bourg-l’Abbé (IIIe arr.) avec Boruch Lerner, responsable du dépôt d’armes, puis vers 13 h 55 avec André Engros. Le lendemain 29 avril, il fut à nouveau repéré avec Joseph Dawidowicz , commissaire politique du 2e détachement. Le 17 mai vers 15 heures, il était vu en compagnie d’Anna Stockhamer à la station de métro Château-de-Vincennes (XIIe arr.).
Il fut arrêté le 2 juillet 1943 vers 10 h 30 par des inspecteurs de la BS2 alors qu’il se présentait au domicile de Régine Castellane (Ruchla Widerker) 39 avenue Pauline à Joinville-le-Pont. Fouillé, il fut trouvé porteur d’une fausse carte d’identité française au nom d’Oscar Maguin, né à Teruel (Espagne), d’un certificat de travail et d’une feuille de démobilisation au même nom. Les perquisitions des domiciles rue Chapsal et avenue Pauline furent infructueuses.
Emmené dans les locaux des Brigades spéciales à la préfecture de police, il fut torturé par des policiers de la BS2 mais nia sa participation aux actions armées. Lors de confrontations avec Boruch Lerner et Hirsch Loberbaum, Mayer List déclara : « Je ne connais aucun de ces individus, je n’ai rien à répondre. » Livré aux Allemands, il comparut le 20 septembre 1943 avec quatre compagnons devant le tribunal du Gross Paris qui siégeait rue Boisssy-d’Anglas (VIIIe arr.). Mayer List, André Engros, Boruch Lerner et Nonnique Tuchklaper furent condamnés à mort pour « menées terroristes et activité de franc-tireur », Hirsch Loberbaum fut condamné aux travaux forcés à perpétuité pour sa complicité avec les FTP-MOI.
Mayer List, André Engros, Boruch Lerner et Nonnique Tuchklaper furent passés par les armes le 1er octobre 1943 au Mont-Valérien. Hirsch Loberbaum fut déporté le 18 octobre 1943 vers l’Allemagne où il fut incarcéré successivement dans cinq prisons ; il fut libéré par les troupes américaines le 17 octobre 1945.
Mayer List fut inhumé au cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) le 1er octobre 1943 division 40, ligne 47, n°49, puis transféré le 17 juin 1950 au cimetière du Père-Lachaise à Paris (XXe arr .).
La mention Mort pour la France lui fut attribuée le 12 juillet 2007.
Sa mémoire est honorée sur la cloche du Mémorial de la France combattante au Mont-Valérien et sur le monument aux morts de Joinville-le-Pont où il apparaît sous le nom de Meyer List.
La compagnie de Juifs polonais qui se constitua à la Libération au sein du Bataillon MOI 51/22 prit le nom de Markus.
Voir Mont-Valérien, Suresnes (Hauts-de-Seine)
Sources

SOURCES : Arch. PPo., BA 1748, BA 1752, BA 2298, PCF carton 14, rapports hebdomadaires de la préfecture de police sur l’activité communiste. — DAVCC, Caen, Boîte 5, B VIII dossier 4 (Notes Thomas Pouty). – Annette Wieviorka, Ils étaient juifs, résistants, communistes, Denoël, 1986. — S. Courtois, D. Peschanski, A. Rayski, Le sang de l’étranger, les immigrés de la MOI dans la Résistance, Fayard, 1994. — Boris Holban, Testament, Calmann-Lévy, 1989. — David Diamant, Les Juifs dans la Résistance française 1940-1944, Éd. Le Pavillon, 1971. — Site Internet Mémoire des Hommes. — Note M. Grojnowski. — MémorialGenWeb. — Répertoire des fusillés inhumés au cimetière parisien d’Ivry.

Jean-Pierre Besse, Daniel Grason

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