LUCCARINI (ou LUCARINI) Cesare [dit Marcel]
Né le 24 février 1922 à Castiglione-di-Pepoli, province de Bologne (Italie), fusillé le 21 février 1944 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; ouvrier cimentier ; résistant FTP-MOI, un des condamnés du procès dit de l’Affiche rouge.
Le 12 novembre 1943 vers 13 heures, il participa en protection à l’attaque d’un transporteur de fonds allemand rue Lafayette (IXe arr.). L’opération échoua. Robert Witchitz et Rino Della-Negra furent arrêtés en pleine action. Lui-même et Antonio Salvadori furent arrêtés dans les heures qui suivirent. Georges Cloarec, Spartaco Fontanot furent arrêtés le lendemain et Georges Rouxel le 14.
Trois inspecteurs de la BS2 arrêtèrent le 12 novembre Cesare Luccarini à son hôtel. Les faux papiers qu’il portait sur lui furent saisis ; ni tracts ni armes ne furent trouvés. Emmené dans les locaux des Brigades spéciales à la préfecture de police, il fut battu à plusieurs reprises. À l’issue des interrogatoires, les policiers connaissaient l’essentiel de son activité. Cesare Luccarini fut l’un des vingt-quatre accusés qui comparurent le 18 février 1944 devant le tribunal du Gross Paris qui siégeait rue Boissy-d’Anglas. La presse collaborationniste dont Le Matin s’en fit l’écho : « Le tribunal militaire allemand juge 24 terroristes ayant commis 37 attentats et 14 déraillements. Un Arménien, Missak Manouchian dirigeait cette tourbe internationale qui assassinait et détruisait pour 2.300 francs par mois. »
Cesare Luccarini fut passé par les armes le 21 février 1944 à 15 h 29 au Mont-Valérien avec les vingt-deux autres condamnés à mort. L’abbé Franz Stock écrivit dans son journal : « Luccarini Cesare aussi confessé et communié ».
Son inhumation eut lieu dans le carré des corps restitués aux familles dans le cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne).
Avant de mourir, dans une lettre adressée à un de ses cousins, il écrivit : « Surtout fait courage à mon père car moi je serai ``Mort pour la France’’. » Le nom de Cesare Luccarini figure sur une stèle à Pont-à-Vendin, ainsi que sur les plaques commémoratives dédiées au groupe Manouchian au 19 rue au Maire à Paris (IIIe arr.), à Marseille, près de la gare d’Évry-Petit-Bourg (Essonne) où furent arrêtés Missak Manouchian et Joseph Epstein (colonel Gilles) et au Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis).
SOURCES : Arch. PPo., 77W 2122, BA 1749, BA 1752. – DAVCC, Caen, Liste S 1744 098/44 (Notes Thomas Pouty). – Le Matin, 19, 20, 21, 22 février 1944. – Boris Holban, Testament, Calmann-Lévy, 1989. – Stéphane Courtois, Denis Peschanski, Adam Rayski, Le sang de l’étranger, les immigrés de la MOI dans la Résistance, Fayard, 1994. – Antonio Bechelloni, « Antifascistes italiens en France pendant la guerre : parcours aléatoires et identités réversibles », Revue d’histoire moderne et contemporaine, avril-juin 1999, p. 280-295 ; « Antifascist Resistance in France from the ``Phony War’’ to the Liberation : Identity and Destinies in Question », in Donna R. Gabaccia and Fraser M. Ottanelli (sous la dir.), Italian workers of the World, Labor Migration and the Formation of Multiethnic States, Urbana and Chicago, University of Illinois Press, 2001, p. 214-231. – Gaston Laroche, Colonel FTP Boris Matline, On les nommait des étrangers (Les immigrés dans la Résistance), Paris, Les Éditeurs Français Réunis, 1965. – Pia Carena Leonetti, Les Italiens du maquis, Éd. Mondiales, 1968. – Site Internet Mémoire des Hommes. – Mémorial GenWeb. – Franz Stock, Journal de guerre. Écrits inédits de l’aumônier du Mont Valérien, Cerf, 2017, p. 191-192.— Notes Antonio Bechelloni.
Jean-Pierre Besse, Daniel Grason