Né le 1er décembre 1908 à Montreuil (Seine, Seine-Saint-Denis), fusillé comme otage le 21 septembre 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; vernisseur ; militant communiste de Montreuil ; résistant.

Domicilié à Montreuil, René Melin était vernisseur et militait au syndicat général CGT du bois. Il adhéra au Parti communiste (PC) en 1937 et militait aussi dans plusieurs organisations proches de ce parti : le Secours populaire, le mouvement Paix et Liberté, les Amis de l’URSS et le Comité de défense de l’Humanité.
Dès décembre 1939, il participa à la reconstitution clandestine du Parti communiste et fut arrêté le 16 avril 1940. Pierre Hasselweiler, Delphin Vicq, Jean-Baptiste Lebel, Pauline Dupont et Jean Beraud furent arrêtés en même temps que lui. Il fut libéré de la prison de la Santé au moment de l’exode.
Il fut condamné le 30 janvier 1941 par le tribunal militaire de Périgueux à cinq ans de prison et 1 000 francs d’amende mais il était en fuite. Un mandat d’arrêt fut lancé le 27 mars 1941 par le juge d’instruction et il fut semble-t-il condamné le 26 avril 1941 à trois ans de prison et 200 francs d’amende mais pas par un tribunal militaire cette fois. Il habitait, depuis mars 1941, 15 rue des Vignoles à Paris (XXe arr.).
Il travailla pour les troupes d’Occupation à l’aérodrome de Dreux d’octobre 1941 à janvier 1942. Peu après, il reprit contact avec le PC. Il avait pour pseudonyme Raymond Matt et des papiers au nom de Paul Mercier. Il fut arrêté le 5 août 1942 boulevard de Ménilmontant, dans le cadre de l’affaire Ambroise, et interné à Romainville. Il a été fusillé comme otage en septembre 1942, en représailles à l’attentat du cinéma Rex à Paris de septembre 1942.
Le 12 juillet 1945 Lucie Melin née Muller témoigna devant la commission rogatoire qui examinait l’activité de l’inspecteur C. Elle déclara : « Mon mari a été arrêté le 5 août 1942, d’après une lettre de lui et écrite du Dépôt, boulevard de Ménilmontant, pour activité patriotique clandestine. »
« J’ignore les circonstances exactes de cette arrestation. Je n’ai jamais revu mon mari, depuis le jour où les policiers l’ont arrêté, je vivais séparé de mon mari depuis environ deux ans, séparation motivée par ses activités en faveur de la propagande clandestine du parti communiste, j’étais au courant de ses sentiments patriotiques, et mon époux avait exigé cette séparation. »
« J’ai reçu de lui trois lettres, envoyées du dépôt, mais il ne m’a jamais dit avoir été frappé, cependant, il a dû l’être car dans une correspondance adressée à son frère, il déclarait : J’ai perdu la mémoire tellement ils m’en ont mis. »
« D’ailleurs mon époux a tenté de se suicider, pendant son passage au dépôt, en s’ouvrant la carotide avec son assiette. À partir ce moment, il fut mis au secret puis passé aux allemands rue des Saussaies, et j’ai appris au bout de trois mois de ce silence, qu’il avait été fusillé à Suresnes, le 21 septembre 1942. »
« Je signale que mon mari, qui chaque jour s’attendait à être arrêté m’avait informé qu’il avait caché pour moi une somme d’argent à son domicile illégal 15 rue des Vignoles à Paris 20e, cette somme avait été dissimulée dans une boîte à jetons d’un ancien compteur à gaz, le lendemain de son arrestation, mon beau-frère s’est rendu à ce domicile, et n’a pas trouvé aucune somme d’argent. À ce moment la perquisition avait été faite, car un désordre complet régnait dans la pièce, je suppose donc que [ce sont] les policiers qui s’en sont emparés. »
Elle porta « plainte contre les policiers » qui arrêtèrent son mari et « contre ceux qui se sont rendus coupables du vol de la somme d’argent. »
Son épouse Lucie, vernisseuse, « veuve de fusillé », fut élue conseillère municipale de Montreuil en 1945 sous l’étiquette UFF et réélue en octobre 1947. Elle était alors domiciliée au 140 rue du Moulin-à-vent.
René Melin fut inhumé au cimetière de Montreuil-sous-Bois, dans le carré des victimes de la guerre 1939-1945. Son nom a été gravé sur la plaque rendant hommage aux communistes de Montreuil au 10 rue Victor-Hugo. Sur la plaque commémorative de la Bourse du Travail à Paris « À la Mémoire des dirigeants de Syndicats tombés dans les combats contre le nazisme pour la libération de la France – Lorsqu’on ne tuera plus ils seront bien vengés et ce sera justice – Paul Eluard. » Ainsi que sur la Cloche au Mont-Valérien dédiée « Aux résistants et aux otages fusillés au Mont-Valérien par les troupes nazies 1941-1944, et à tous ceux qui n’ont pas été identifiés » œuvre de l’artiste plasticien Pascal Convert.
Son épouse Lucie, vernisseuse, « veuve de fusillé », fut élue conseillère municipale de Montreuil en 1945 sous l’étiquette UFF et réélue en octobre 1947. Elle était alors domiciliée au 140 rue du Moulin-à-vent.
Sources

SOURCES : Arch. PPo. GB 36, GB 37, 77 W 5357-301497. – Archives de la justice militaire au Blanc, registre du tribunal militaire de Périgueux. – DAVCC, Caen (Notes Thomas Pouty). – Bureau Résistance (pas de dossier). – Site internet GenWeb. — Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 409526 (nc).

Jean-Pierre Besse, Daniel Grason

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