Né le 3 mars 1910 à Asnières (Seine, Hauts-de-Seine), fusillé comme otage le 2 octobre 1943 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; ouvrier tourneur décolleteur ; militant communiste ; résistant.

Louis Melotte, fils de Jules, électricien, et de Zélie, demeurait chez sa mère, 56 boulevard Voltaire, à Asnières. Son père était mort. Il effectua son service militaire en 1930. Il travailla dans des entreprises de la banlieue ouest de Paris où étaient les grandes concentrations industrielles de production d’automobiles, de camionnettes, de véhicules militaires et d’avions. Il fut quelques semaines chez Chenard et Walcker à Gennevilliers en janvier-février 1936. Une coupure eut lieu dans une longue période aux Éts Laffly du 8 avril 1935 au 23 novembre 1938. Le syndicat CGT de la métallurgie appela à la grève le 23 novembre 1938 contre les décrets lois Reynaud-Daladier. Cette grève fut un échec, celle du 30 novembre également, le patronat frappa très fort, des milliers de grévistes furent licenciés. Louis Melotte fut du nombre, il ne cachait pas sa sympathie pour les partis de gauche, mais il n’était pas adhérent. Il trouva néanmoins un emploi, jusqu’au début septembre 1939, à La Licorne, à Courbevoie.
Le 5 septembre 1939, Louis Melotte fut mobilisé dans un service auxiliaire jusqu’au 3 août 1940. Coureur cycliste amateur, il se mit à son compte comme coursier, utilisant sa bicyclette. Quand une opportunité se présentait dans la métallurgie, il acceptait un poste d’employé ou de manœuvre, chez Timken dans le XVIIe arrondissement de Paris, dans le VIIIe à la société Viasphalte. Ces périodes alternaient avec parfois une inscription au chômage. L’occupation allemande ne le laissa pas insensible et il s’engagea dans la Résistance.
À la mi-juin 1941, la police de Saint-Pierre-des-Corps (Indre-et-Loire), effectua une perquisition au domicile d’un militant. Des tracts et des journaux du Parti communiste clandestins furent saisis, ainsi qu’un papier avec les adresses de Louis Melotte et de Raymond Lamouche, habitant dans le XIXe arrondissement de Paris. Les recherches des policiers des Renseignements généraux concernant celui-ci furent infructueuses. Louis Melotte, repéré, fit l’objet de filatures. Aucun élément ne permet d’affirmer si l’enquête et les filatures débutèrent dès juin 1941.
Alors qu’il se présentait le 14 mai 1942, au 2 passage Saint-Sébastien, à Paris (XIe arr.), il fut arrêté par des inspecteurs de la Brigade spéciale no 2. Lors de la fouille au corps, ils trouvèrent sur lui un stencil – « Boches assassins » – ainsi qu’un carnet d’adresses sur lequel figurait la liste des tracts à distribuer. Dans le local furent saisis : deux ronéos (Gestetner et Everest), quatre cents kilos de tracts en attente de distribution, un massicot et un corps de bombe. Louis Melotte était chargé du tirage des tracts, et appointé mille huit cents francs par mois par le Parti communiste. Emmené à la préfecture de police dans les locaux des Brigades spéciales, il y resta dix jours, au cours desquels il fut maltraité et battu lors des interrogatoires.
D’autres arrestations suivirent : Paul Jay, quand il se présenta quarante-huit heures plus tard à un rendez-vous fixé avec Louis Melotte, au métro Filles-du-Calvaire, André Fauré dit Lambert quand il vint le 18 mai au 2 passage Saint-Sébastien pour prendre du matériel. André Fauré, pour son « activité communo-terroriste » fit face au peloton d’exécution le 21 octobre 1942, au Mont-Valérien.
Détenu au fort de Romainville pendant seize mois, Louis Melotte fut passé par les armes au Mont-Valérien. Il faisait partie des cinquante otages fusillés dont trente-six communistes et quatorze membres du réseau Alliance, ceci en représailles à l’attentat commis le 28 septembre, rue Pétrarque, contre le responsable allemand du Service de la main-d’œuvre en France, Julius Ritter. Les auteurs de cet attentat, les communistes FTP-MOI Marcel Rajman et Celestino Alfonso, furent ultérieurement arrêtés et fusillés le 21 février 1944 au Mont-Valérien.
Louis Melotte et Paul Jay furent incinérés au cimetière du Père-Lachaise.
Il fut inhumé après la Libération dans le carré des fusillés au cimetière d’Asnières. Le conseil municipal donna le 9 juillet 1945 le nom de Louis Melotte à la rue de Gennevilliers, son nom figure sur le monument aux morts de la commune.
Sources

SOURCES : Arch. PPo, BA 2116, BA 2117, KB 18, 77W 24. – DAVCC, Caen, B VIII dossier 6 (Notes Thomas Pouty et Jean-Pierre Besse). – Arch. mun. Asnières. – Serge Klarsfeld, Le livre des otages, op. cit. – Site Internet Mémoire des Hommes. – Mémorial GenWeb. – État civil, Asnières.

Daniel Grason

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