Né le 19 décembre 1919 à Reims (Marne), fusillé comme otage le 13 janvier 1942 à Châlons-sur-Marne (Châlons-en-Champagne, Marne) ; ouvrier-caviste ; syndicaliste ; résistant ; membre du Front national de lutte pour la libération et l’indépendance de la France.

Georges Dardenne
Georges Dardenne
SOURCE : ANACR
Le mur des fusillés, caserne Tirlet à Châlons
Le mur des fusillés, caserne Tirlet à Châlons
Sur la plaque commémorative</br>de la Butte des fusillés à L'Épine
Sur la plaque commémorative
de la Butte des fusillés à L’Épine
Dans le cimetière de l'avenue de Laon à Reims
Dans le cimetière de l’avenue de Laon à Reims
6, rue Favart d'Herbigny à Reims
6, rue Favart d’Herbigny à Reims
Dans le quartier des Épinettes à Reims
Dans le quartier des Épinettes à Reims
Maison régionale des syndicats à Reims
Maison régionale des syndicats à Reims
Sur le monument</br>aux martyrs de la Résistance de Reims
Sur le monument
aux martyrs de la Résistance de Reims
SOURCE : 
Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson
Georges Dardenne était le fils de Gustave Dardenne, surveillant, et d’Eugénie Gilbert, journalière. Célibataire, il était domicilié à Reims (Marne), où il exerçait la profession de caviste chez Hiedsieck-Monopole.

Il rejoignit le Front national de lutte pour la libération et l’indépendance de la France, et participa à des distributions de tracts dans les caves de la maison de champagne Heidsieck-Monopole.
En septembre 1941, deux de ses camarades cavistes furent arrêtés par la police française, Marcel Chatton à Reims et André Crépin à Troyes. Le 6 novembre 1941, Georges Dardenne fut arrêté à son tour en même temps que son camarade Édouard Quentin. Ils avaient été dénoncés par André Denis, membre de la Ligue française, parti collaborationniste, qui les accusait d’avoir distribué sur leur lieu de travail des tracts se faisant l’écho d’un appel lancé par le général de Gaulle sur les ondes de la BBC fin octobre et appelant à un arrêt de travail de 5 minutes sur le tas le 11 novembre. André Denis, accompagné du chef départemental de la Ligue française, André Philibert, s’était rendu auprès de la Police allemande, qui les avait renvoyés au commissariat central de Reims où Denis avait réitéré ses accusations. Alertée par Philibert venu dénoncer l’inertie de la Police française sur cette affaire, la Police allemande se fit livrer Marcel Chatton, André Crépin, Georges Dardenne et Édouard Quentin qui furent déférés le 17 décembre 1941 devant le tribunal militaire allemand FK 608 de Châlons-sur-Marne.
Lors du procès, Denis affirma sous serment qu’il avait vu Georges Dardenne et Édouard Quentin placer des tracts sur des chariots-élévateurs, alors que le directeur de chez Heidsieck assura devant le tribunal n’avoir jamais vu de tracts communistes dans son entreprise.
Georges Dardenne et Édouard Quentin ont été condamnés aux travaux forcés à perpétuité par le tribunal militaire de la FK 608, et finalement fusillés comme otages avec un autre Rémois, Marcel Mélin, le 13 janvier 1942 à la caserne Tirlet de Châlons-sur-Marne, à la suite d’un attentat commis le 28 décembre 1941 à Dijon (Côte-d’Or) contre un officier allemand, le lieutenant Winiker, qui a été blessé par balle.

Un jugement déclaratif de décès rendu par le tribunal de première instance de Châlons le 13 mars 1942 et transcrit le 19 mars 1942 sous le numéro 275 à l’état civil de cette ville, déclare Georges Dardenne « décédé le 13 janvier 1942 à 11 heures 35 à Châlons-sur-Marne ».

Le corps de Georges Dardenne a été inhumé dans le cimetière de l’Est à Châlons. Le 11 octobre 1944, Gustave Dardenne écrivit au préfet de la Marne Jules Heller, préfet provisoire désigné à la Libération, pour obtenir l’autorisation de transférer le corps de son fils à Reims. Dans sa réponse datée du 25 octobre 1944, le préfet lui répondit que « les instructions ministérielles en vigueur interdisaient formellement les transferts de corps quelle que soit la catégorie des Victimes de la Guerre : Militaires, Civils victimes des bombardements, membres de la résistance, Fusillés, etc. ». Il ajoutait qu’« étant donné les circonstances souvent atroces ayant entouré la mort des Fusillés », il lui était « paru quasi impossible de refuser la restitution du corps de leur parent aux familles qui, dès la libération », lui en avaient « adressé la demande en prenant les frais à leur charge ». Il précisait aussi que le Comité châlonnais des œuvres sociales des organisations de résistance (COSOR) avait décidé d’allouer une somme de 1 000 francs aux familles de fusillés pour l’exhumation de leur mort. Le corps de Georges Dardenne fut exhumé le 21 novembre 1944 et transféré le lendemain à Reims dans le cimetière de l’avenue de Laon.

Georges Dardenne a été reconnu « Mort pour la France » en 1946 et le titre d’Interné-résistant lui a été décerné.

Marcel Chatton avait été condamné à mort et fusillé le 23 décembre 1941 dans la cour de la caserne Tirlet de Châlons-sur-Marne. André Crépin, père de sept jeunes enfants, fut acquitté, remis aux autorités françaises, interné et finalement déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz (Pologne), d’où il n’est pas rentré.

Au cours de son procès devant la Haute Cour de justice en 1949, l’ancien préfet de la Marne René Bousquet a déclaré être allé déposer des gerbes de fleurs tricolores sur les tombes de Dardenne, Quentin et Mélin, ce qui lui aurait valu d’être convoqué par les autorités allemandes et menacé d’arrestation immédiate.

Le 27 avril 1945 le dénonciateur, André Denis, a été condamné à la peine de mort par la cour de justice de la Marne, peine immédiatement commuée en travaux forcés à perpétuité, puis en 1949 en vingt ans de travaux forcés. Il bénéficia ensuite de plusieurs remises de peine, et a été finalement amnistié en 1959.

À Reims, une plaque commémorative a été apposée en 1947 par la municipalité au domicile de Georges Dardenne, 6 rue Favart-d’Herbigny, et une allée du quartier des Épinettes porte son nom depuis 1973. Son nom est inscrit sur la plaque apposée à la Bourse du Travail, aujourd’hui Maison régionale des syndicats, et sur le monument aux martyrs de la Résistance et de la Déportation.
À L’Épine, il figure sur la plaque commémorative érigée sur le site de la Butte des fusillés.
Sources

SOURCES : AVCC, Caen, AC 21 P 330593 .– SHD, Vincennes, GR 16 P 157 581. – Arch. Nat., 3 W 88 et 89. – Arch. Dép. Marne, M 7463, exécutions par les Allemands 1941-1944 ; MM 2081, MM 3091, M 4774, 7 U 56 no 209 et 7 U 62 no 20. – Arch. FN/FTPF/ANACR-51. – Maurice Pelthier (maître), Les tribunaux allemands à Reims et à Châlons-sur-Marne, monographie dactylographiée, sans date. – L’Union, 12 février 1946. – Pierre Gillet, " Châlons sous la botte. Souvenirs de la Résistance à Châlons-sur-Marne et dans l’arrondissement (1940-1945) ", Cahiers châlonnais, no 3, Châlons-sur-Marne, 1983, réédité en 1998. – Jean-Pierre Husson, La Marne et les Marnais à l’épreuve de la Seconde Guerre mondiale, Presses universitaires de Reims, 2 tomes, 2e édition, 1998. – Gael Eisman, Hôtel Majestic : ordre et sécurité en France occupée (1940-1944), Tallandier, 2010. – Jean-Pierre et Jocelyne Husson, La Résistance dans la Marne, dvd-rom, AERI-Département de la Fondation de la Résistance et CRDP de Champagne-Ardenne, Reims, 2013. – État civil, Reims (acte de naissance) ; Châlons-en-Champagne (jugement déclaratif de décès).

Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson

Version imprimable