Né le 21 juillet 1895 à Jonquières-Saint-Vincent (Gard), fusillé le 20 novembre 1943 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; ajusteur mécanicien ; communiste ; résistant.

Émile Agier était le fils de Léon, cafetier et de Léonie, née Ancelin, sans profession. Il combattit durant la Grande Guerre de 1914-1918. Il épousa, le 14 février 1920, Caroline Convert, comptable à Paris, et une fille Raymonde naquit la même année. En 1935, la famille habita 68 rue de la Sablière à Asnières (Seine, Hauts-de-Seine). Il travailla comme mécanicien chez Hotchkiss à Levallois-Perret. Syndiqué à la CGT, Fédération de la Métallurgie, il collectait les cotisations des syndiqués de son équipe.
En 1940 il exerça sa profession aux Établissements Bronzavia à Courbevoie. Communiste, il assumait la responsabilité de secrétaire de la cellule dont faisaient partie Léon Desport et François Coty. Il était en relation militante avec Victor Blanchard, ajusteur chez Chausson à Asnières ; celui-ci lui transmettait des tracts édités par le Parti communiste que les trois militants diffusaient. L’usine qui employait mille cinq cents ouvriers – beaucoup de main-d’œuvre professionnelle, ajusteurs, fraiseurs et tourneurs – fabriquait des pièces en bronze pour l’aviation. Une distribution massive de tracts eut lieu le 13 février 1942 entre 11 h 15 et 13 heures dans les cinq rues qui menaient des ateliers à la cantine de l’entreprise. Il s’agissait du Bronze Avia, « Organe de défense des Ouvriers de l’Usine » édité par le Comité populaire, ledit comité comptant une dizaine de membres. Ce bulletin ronéoté était une réponse à celui du Comité social de la direction distribué quelques jours auparavant. Le Bronze Avia publia une charte revendicative : augmentation des salaires, attribution de tickets de force, 500 g de pain par jour, un litre de vin, viande au restaurant d’entreprise, chauffage des ateliers, reconnaissance des délégués du personnel. Le service de mouchardage de la direction était dénoncé, ainsi que les insultes à l’égard des ouvriers : « Vous n’êtes pas obligé de travailler pour les Allemands, si ça ne vous plaît pas, allez-vous en ». La direction était accusée de soutenir « l’Ordre nouveau ». Un appel à s’organiser fut lancé aux ouvriers.
Le commissaire principal informa son supérieur et la direction des Renseignements généraux des désidératas de la direction de l’entreprise « Elle serait désireuse qu’un inspecteur des Renseignements généraux soit embauché aux usines pour faciliter des surveillances spéciales. Dès maintenant, je fais assurer une surveillance active par mon service en civil ».
À l’automne 1942, deux cent vingt ouvriers, sur les mille cinq cent que comptait l’entreprise, furent désignés pour aller travailler en Allemagne. Le lundi 12 octobre, trois cents d’entre eux débrayèrent cinq minutes entre 15 heures et 15 h 10 pour protester. La direction mena une enquête, communiqua dix jours plus tard quatre noms au commissaire. Il y eut deux arrestations, les deux autres ayant quitté leur domicile. Pierre Brossard dit Philibert, responsable des cadres du Parti communiste, fut arrêté le 1er mars 1943 par des inspecteurs de la BS1. La perquisition de son domicile fut fructueuse, puisqu’entre deux cent cinquante et trois cents fiches ou notices biographiques de militants communistes furent saisies, dont celle de Pierre Schlup. Il fut appréhendé le 22 mars 1943 par la BS2 antiterroriste. Entre les deux dates, vingt et un jours s’étaient écoulés ; fut-il filé pendant cette période ? Emmené dans les locaux des BS à la préfecture de police, il fut sévèrement frappé à coups de nerfs de bœuf. Sa chute entraîna celles d’une quarantaine de membres des groupes FTP. Brossard donna notamment le signalement de Gilbert Aliémart et son lieu de travail, Bronzavia, où il fut arrêté le 25 mars.
Le lendemain à 10 heures, trois inspecteurs de la BS2 interpellèrent Émile Agier à son poste de travail. La perquisition à son domicile fut sans résultat. Il fut emmené pour interrogatoire dans les locaux des Brigades spéciales à la préfecture de police. Il nia savoir que les FTP organisaient des attentats : « Je croyais seulement qu’elle avait pour but d’entraver le recrutement des ouvriers pour l’Allemagne et de freiner la production. » Il reconnut Victor Blanchard, un militant communiste de Chausson à Asnières à qui il avait présenté Gilbert Aliémart. Le 30 mars, il était écroué à Fresnes (Seine, Val-de-Marne). Condamné à mort le 4 novembre par le tribunal militaire du Gross Paris qui siégeait rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.), il fut accusé d’« activité de franc-tireur, terrorisme, actes de sabotages dans l’usine Bronzavia, détérioration de matériel militaire », et fut passé par les armes le 20 novembre 1943 au Mont-Valérien.
Il fut réinhumé à Asnières (Hauts-de-Seine.)
Sa femme Caroline, appelée parfois Cécile (son troisième prénom), fut entendue le 22 mai 1945 devant la Commission d’épuration de la police, elle déclara « ne pas connaître » les policiers qui arrêtèrent son mari. Elle indiqua que la perquisition fut « régulière » et que rien ne fut dérobé. Elle conclut « qu’à sa connaissance son mari n’a pas été l’objet de sévices pendant son séjour à la Brigade spéciale ». Après la Libération son nom fut gravé sur une stèle au cimetière communal d’Asnières.
Le 23 septembre 1946, la municipalité d’Asnières lui rendit hommage, et la rue Valérien devint la rue Émile-Agier. Il fut homologué combattant des Forces françaises de l’intérieur (FFI).
Sources

SOURCES : Arch. PPo., BA 1798, BA 2117, BA 2299, GA B1, KB 6, KB 29, PCF cartons 6, 14 et 21 rapports hebdomadaires de l’activité communiste. – DAVCC, Caen (Notes Delphine Leneveu, Thomas Pouty). – Bureau Résistance GR 16 P 3776. – Arch. mun. Asnières, recensement de 1936. – Site Internet Mémoire des Hommes. – État civil.

Daniel Grason, Jean-Pierre Ravery

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