Né le 29 juillet 1911 à Claye-Souilly (Seine-et-Marne), fusillé le 3 novembre 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; tourneur sur métaux ; communiste ; résistant FTPF.

Gilbert Bacot.
Gilbert Bacot.
Photo professionnelle chez Gonme et Rhône (Boucheny, Guyot, Gnome et Rhône 39-45. Parcours de 67 salariés, op. cit.)
Plaque commémorative du 10 rue Victor Hugo à Montreuil (photo de Renaud P-A, mai 2022).
Gilbert Bacot fils d’Adrien, employé d’usine à gaz et d’Alphonsine Pecquet dite Laurentia, se maria le 27 décembre 1930 à la mairie de Montreuil (Seine, Seine-Saint-Denis) avec Lucie Colin, née le 23 octobre 1908 à Paris (XIIe arr.). Le couple habita à Montreuil-sous-Bois (Seine, Seine-Saint-Denis), puis au 59 bis rue Olivier-Métra, XXe arr., un fils Gilbert naquit le 6 juillet 1932, à Paris (XIe arr.). Gilbert Bacot adhéra au parti communiste et à la CGT en 1936.
En 1932-1933, Gilbert Bacot travailla comme tourneur aux Établissements Henri Haas au 12, rue Douy- Delcupe à Montreuil-sous-Bois puis, en 1934-1935, dans l’entreprise Saunier Duval au 12 rue Voltaire à Montreuil-sous-Bois, entreprises qu’il quitta en raison du manque de travail.
Il était embauché le 16 août 1935, toujours comme tourneur, à l’Air Liquide 57, avenue Carnot à Champigny-sur-Marne (Seine, Val-de-Marne) avant d’entrer le 20 février 1939 à la Société des Moteurs Gnome & Rhône (SMGR). Il habitait alors 20 rue Voltaire à Montreuil-sous-Bois. Il fut porté sorti de l’entreprise le 6 juin 1940 avec la mention « rappelé » complétée par la précision « mesure disciplinaire. »
Il aurait été interné administrativement à Fort-Barraux (Isère), une très courte période d’où il s’évada en octobre. Le couple Bacot quitta Montreuil-sous-Bois et habita 59 bis rue Olivier-Métra à Paris (XXe arr.). En avril 1942 il devint responsable politique des usines d’une partie de la région ouest de la région parisienne : Bas-Meudon, Boulogne-Billancourt et des usines Bloch (Dassault), Talbot et Blériot. Des localités de Saint-Cloud et Suresnes, des cellules des usines LMT et Farman à Boulogne. De la banlieue Est de Paris, Gilbert Bacot était sous la responsabilité d’Édouard Vallerand (pseudonyme Jules Lecler). Il travaillait en 1942 chez André Lecler, militant communiste, façonnier installé à Puteaux (Seine, Hauts-de-Seine) au 4 rue Fortin. Lecler était un militant communiste aguerri de l’appareil clandestin, son atelier effectuait des commandes pour l’armée allemande.
Á la mi-juin Szyfra Lipszyc informa Gilbert Bacot d’une opération dans la région de Pithiviers (Loiret). Il s’agissait de mettre le feu à des meules de blé et de paille destinées à l’armée allemande. Les engins incendiaires conçus par Dora Markowska devaient s’enflammer dix à douze heures après avoir été déposés, ce délai devait permettre au couple de reprendre le train sans souci en gare de Pithiviers. Le 28 juin 1942 Szyfra Lipszyc et Gilbert Bacot prenaient le train gare d’Austerlitz avec des vivres pour deux jours. Onze engins incendiaires furent déposés par Szyfra Lipszyc, Bacot en jeta un. Elle exprima son regret à son compagnon de ne pas avoir eu davantage d’engins à déposer. Selon ses déclarations Gilbert Bacot indiqua lui indiqua qu’il ne désirait pas renouveler ce type d’opérations. Tous les deux furent interpellés le 30 juin par la gendarmerie en gare de Pithiviers.
Interpellée le 30 juin, Lucie Bacot affirma « J’ignore tout de l’activité que peut avoir mon mari, à ma connaissance il ne s’est jamais livré à une propagande quelconque en faveur du Parti communiste ». Elle précisa « Il y a un mois nous avons décidé d’un commun accord mon mari et moi de vivre séparés. Il travaillait à cette époque à Puteaux et nous trouvions que le trajet le fatiguait beaucoup. »
«  Je suis allée deux ou trois fois chez monsieur Lecler avec lequel mon mari travaille. Je m’y suis rendue pour la dernière fois hier 29 juin, en effet, j’étais inquiète de ne pas avoir vu mon mari Qui devait venir me voir chaque dimanche  ». Lucie Bacot n’avait aucun engagement politique.
Gilbert Bacot a été interrogé par des inspecteurs de la BS2 et des hommes du Sonderkommando IV de la Geheime Feldpolizei (GFP), police de sûreté qui siégeait à l’hôtel Bradford. Il déclara alors qu’il travaillait à l’usine d’aviation Bloch à Saint-Cloud (Seine, Hauts-de-Seine), il fut abordé fin mars ou début avril 1942 à un arrêt d’autobus par une femme déclarant s’appeler « Dupont » (Szyfra Lipszyc). Elle lui aurait demandée si son entreprise embauchait, La conversation aurait rapidement pris un tour politique, elle le rencontra à plusieurs reprises lors de rendez-vous à Paris. Lipszyc n’avait pas abordé Bacot par hasard. Des rencontres eurent lieu tous les quinze jours, elle se faisait appeler « Jeannette ». Elle lui demanda s’il y avait des possibilités de saboter la production, elle lui demanda de fabriquer des pièces, il refusa. Les entretiens étaient destinés à sonder sa détermination. Il accepta d’exercer sa profession de tourneur chez André Lecler où il était rémunéré 600 à 700 francs par semaine. Les interrogatoires de Gilbert Bacot se déroulèrent dans les locaux de la BS2 à la Préfecture de police, puis dans le quartier allemand de la prison de la Santé par les Allemands du Sonderkommando.Il fut très probablement frappé par les policiers de la BS2 et les hommes de la GFP.
Le 14 octobre 1942, le Tribunal militaire allemand siégea dans la prison de la Santé. Il prononça six condamnations à mort dont celles de Robert Beck, André Lecler, Bénédikt Librod et Gilbert Bacot, cinq condamnations aux travaux forcés à perpétuité. La presse collaborationniste Le Matin, Aujourd’hui et Le Petit Parisien, se fit l’écho des verdicts le 8 décembre 1942, un seul nom était jeté en pâture à l’opinion publique, celui de Szyfra Lipszyc, Juive et Polonaise.
Le 3 novembre 1942, Gilbert Bacot était fusillé au Mont Valérien, enterré au cimetière d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne). Après la Libération, il fut inhumé dans le carré des victimes de la guerre 1939-1945 de Montreuil (Seine, Seine-Saint-Denis), son nom figura sur le monument aux morts, et sur une plaque commémorative posée au 10 rue Victor-Hugo dans la même ville : « Honneur aux communistes de Montreuil tombés pour une France libre, forte et heureuse ». Il eut la mention « Mort pour la France » , Gilbert Bacot a été homologué Interné, résistant et FFI.
Après la Libération Lucie Bacot fut convoquée pour témoigner devant la commission d’épuration de la police, elle ne se présenta pas. Le fils de Gilbert Bacot prénommé également Gilbert habita Montreuil, à partir de 1959, il travailla au garage municipal de 1966 à 1992.
Sources

SOURCES : Arch. PPo. 77W 385, 1W 2190, GB 103 BS2, KB 23, GB 171 (photo). – DAVCC, Caen (Notes Delphine Leneveu et Thomas Pouty). – Le Matin, Aujourd’hui, Le Petit Parisien, 8 décembre 1942. – Bureau Résistance GR 16 P 26339. – Arch. Mun. Montreuil. – Site Internet Mémoire des hommes. – Site Internet GenWeb. – Boucheny, Guyot, Gnome et Rhône 39-45. Parcours de 67 salariés, AHS-CGT-SNECMA, 2018.. — État civil.

Iconographie
PHOTOGRAPHIE : Arch. PPo. GB 171 cliché du 11 juillet 1942.

Daniel Grason

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