Né le 11 novembre 1905 à La Châtre-Langlin (Indre), condamné à mort par un tribunal allemand, fusillé le 10 avril 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; plombier ; militant communiste ; résistant.

André Chabenet, fils de Louis et Clémentine Bouet, marié, père de deux filles âgées de cinq et dix ans, demeurait dans un pavillon dont il était propriétaire 6 rue du Progrès à Nanterre (Seine, Hauts-de-Seine). Il avait travaillé comme cantonnier à la ville de Nanterre jusqu’à la déclaration de guerre. Il avait été mobilisé du 3 septembre 1939 au 30 juillet 1940. À son retour, il travailla en qualité de plombier à l’entreprise Damond, à Paris (XIXe arr.).
La dissolution du Parti communiste par décret du 26 septembre 1939, ne l’empêcha pas de continuer à militer. Il faisait partie d’un groupe qui diffusait des tracts à Nanterre. Il était partie prenante d’un important centre clandestin de propagande communiste qui rayonnait plus particulièrement dans la banlieue Ouest de Paris et dans certaines localités de Seine-et-Oise. Ce centre clandestin constituait le quatrième secteur de l’appareil illégal et était dirigé par Félix Pozzi, responsable à la propagande.
Les écrits étaient signés du comité de chômeurs, du comité populaire ou encore à l’en tête du journal local L’Éveil de Nanterre édité par la section communiste, jusqu’à la fin août 1939. Un habitant de Nanterre se présenta, à la mi-août 1941, au poste de police de la ville, puis le 30 août au commissariat de Puteaux. Il se plaignait de la présence de tracts dans sa boîte aux lettres. L’attitude de cet informateur parut suspecte ; il fut arrêté et livra le nom d’Hébert. Le commissaire chargea immédiatement la Brigade spéciale d’intervention du commissariat de mener l’enquête. La presque totalité des militants fut repérée et quinze arrestations s’échelonnèrent entre le 2 et le 16 septembre 1941. André Chabenet fut arrêté le 9, par trois policiers, sur son lieu de travail pour activité communiste et infraction au décret Daladier du 26 septembre 1939. Il fut détenu trois jours dans les locaux du commissariat. Puis il fut livré aux autorités allemandes et incarcéré à la prison de la Santé.
Le procès eut lieu le 24 mars 1942, devant le tribunal du Gross Paris qui siégeait rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.) où le commissaire de Puteaux témoigna à charge. Quinze condamnations à mort furent prononcées, dont celles d’André Chabenet, Lucienne Hébert et Florentine Berson pour « intelligence avec l’ennemi ». Le 10 avril 1942 dans l’après-midi, il fut passé par les armes au Mont-Valérien avec onze de ses camarades. L’abbé allemand Stock dit dans son Journal de guerre, « La plupart des communistes moururent en criant : "Vive le Parti communiste ! etc." »Voir Félix Pozzi.
Son inhumation eut lieu dans la division 39, ligne 2, tombe 42 du cimetière d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne).
Après la Libération, le 12 mars 1945 un juge d’instruction inculpa le délateur de Célestin Hébert « d’atteinte à la sûreté extérieure de l’État ». L’homme, Clément, était marié à une Allemande des Sudètes (Tchécoslovaquie). Le couple habitait le pavillon voisin du frère de Célestin Hébert. Clément, membre du Mouvement social révolutionnaire (MSR), parti collaborationniste d’Eugène Deloncle, assistait aussi aux réunions du Parti populaire français de Doriot. Il était farouchement anticommuniste. Après l’exécution de Célestin Hébert et de ses compagnons, il vendit précipitamment son pavillon et déménagea. Il fut retrouvé par la police dans la Sarthe, arrêté, jugé, puis fut condamné le 19 octobre 1945 à vingt ans de travaux forcés et vingt ans d’interdiction de séjour.
Le conseil municipal de Nanterre décida en octobre 1944 d’honorer la mémoire d’André Chabenet en donnant son nom à une rue. Son nom figure sur le monument aux morts de Nanterre, dans le parc des Anciennes Mairies. Le ministère des Anciens Combattants lui attribua la mention « Mort pour la France » le 6 février 1950, avis régularisé par l’Office national des anciens combattants en date du 20 janvier 2012.
Sources

SOURCES : Arch. PPo., BA 1928, BA 1934, BA 2117, BA 2355, KB 10, KB 42, KB 44, KB 85, PCF carton 18, 77W 33, 77W 1046. – DAVCC, Caen, Boîte 5 (Notes Delphine Leneveu et Thomas Pouty). – Site Internet Mémoire des Hommes. – Claude Léonard, Le dictionnaire historique des rues de Nanterre, Société d’histoire de Nanterre, 2005.

Daniel Grason

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